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EAN : 9782868532329
171 pages
Le Temps qu'il fait (19/05/1998)
5/5   1 notes
Résumé :
-Le Grand Ordinaire-

-Le Grand Ordinaire- est une fabrique de sens, l'envie de rendre plausible d'infinies variations où j'aime me laisser vivre. Le titre m' en est venu spontanément, en référence au nom d'un vin. Le grand Ordinaire, un bourgogne marginal rouge ou blanc, à boire sans complication. (...) Un vin de table légèrement supérieur en arômes à ces breuvages factices que je ne supporte plus.
Cela déclencha spontanément l'envie d'écrire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je débute cette modeste chronique par un extrait qui explicite l'étrangeté, l'insolite du titre choisi par Patrick Cloux !....
« -Le Grand Ordinaire- est une fabrique de sens, l'envie de rendre plausible d'infinies variations où j'aime me laisser vivre. le titre m' en est venu spontanément, en référence au nom d'un vin. le grand Ordinaire, un bourgogne marginal rouge ou blanc, à boire sans complication. (...) Un vin de table légèrement supérieur en arômes à ces breuvages factices que je ne supporte plus.
Cela déclencha spontanément l'envie d'écrire une longue chronique d'attachement au quotidien si décrié, le lieu même de notre échec à tous, l'endroit de nos plus sûres pannes de vie. (...) C'est l'immédiat qui souvent dans sa candeur me fait écrire, lève une inhibition gelée. » (p. 41)

Une pépite dénichée dans mon « antre livresque » habituelle, la Librairie Tschann , bd. du Montparnasse, de Patrick Cloux, dont j'ai déjà lu avec grand enthousiasme des flâneries littéraires [cf. « Dans l'amitié du merveilleux »] et un hommage joyeux à des libraires passionnés et passionnants, situés aux quatre coins de la France [cf. « Mon libraire, sa vie, son oeuvre »]

Un texte différent… mais qui met toujours à une place de choix l'amour de la littérature, de l'écrit et de certains écrivains , éloignés des tapages médiatiques… Dans cet ouvrage, j'ai savouré le plaisir de découvrir trois noms : Jacques Borel , Naomi Lazard…et Haldas

« Fermés, je me dis que c'est ainsi qu'ils devraient rester désormais, les livres, tous les livres, presque tous, et toutes ces fois où c'est la tentation inverse qui l'emporte. L'admiration, la passion des autres : là aussi , la longue entrave, jamais oubliée, la naissance si longtemps remise. Mortel, ça peut être mortel, je le sais ; je l'ai vécue, cette insatiable curiosité, cette ouverture à la voix des autres, périlleuse, quand on est si peu sûr de sa propre voix, cette réceptivité. Et rien n'y peut : ivre jusqu'à la fin d'accueillir, de découvrir ! [ Jacques Borel, un voyage ordinaire] (p.28)

« L'écrit est source d'une réelle assomption.
A la suite d'un incendie, il y a quelques années, j'ai perdu une partie de ma bibliothèque. le sentiment physique qui m'en reste fut celui sur le coup d'un grand silence qui en moi s'enfonçait. Tant de paroles, annotées, soulignées au crayon, des éditions introuvables aujourd'hui. Rien de compensable en termes financiers, mais terriblement, comme à la mort de quelqu'un qu'on aime, l'absence d'une personne d'élection, très cultivée, ayant une vie pleine d'une mémoire unique, au-delà de celle où nous pataugeons. le sens du livre est logé dans ce vide. (p.136) »
Un écrit que je lis de manière inhabituelle, au hasard, par extraits, avançant, revenant en arrière, relisant tel ou tel passage. A picorer, à savourer, sans retenue !!...

Patrick Cloux , dans ce livre, m'évoque beaucoup l'univers et le style de Christian Bobin. Comme ce dernier, l'auteur-libraire , par ses mots, le vocabulaire choisi, transforme le quotidien, l'infiniment modeste ou anodin, en miracle, en poésie…nous poursuivons son « amitié du merveilleux »…qui ne peut que nous enchanter !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation

Pour la part d'enfance qui nous condamne
Pour ce jeu du sel et du vin maintenant rejoints
sous la table
Pour l'amitié frileuse et lasse et ses éclisses
sous la peau
Pour la farine et la fleur rapprochées
sous les nattes de la tendresse
On se doit d'avancer.
pour le fanal des derniers mots
ceux qui savent et n'avouent rien
Pour les contre-feux suspendus et la misère
des à-peu-près
On se doit de parler
pour l'or vieilli en fûts de chêne que sont
l'espérance et le poème
pour l'élégie des perdants et leurs paniers
percés, troués , à vif
On devrait savoir un peu attendre.
Pour le lazaret de l'enfance où tant de
journées s'éternisent
Pour cette quarantaine ruinée où courent
trop vite nos années
On doit écrire sans être obscur, légitimer
par des mots les mêmes gestes que d'autres
apprennent à faire.
Voilà le lieu géométrique du vrai.
Une main de parole comme celle d'un griot
noirci au comptoir, tapotant deux petites cuillères de joie . (p. 56)
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Trop cultivés pour des fils d'ouvriers, mais pas assez lucides sur la duplicité nécessaire des diplômes, peu enclins à reconnaître les bonnes filières (celles qui payent et ne fatiguent pas), nous ne songions pas à notre immédiat avenir, bercés par le beau rêve de lendemains qui chantent, moins communistes certes, mais plus vrais. (...) Nous fîmes la paix sur ce compromis de quelques métiers bricolés entre le culturel et le social, périphériques et vains, mais où la parole pouvait distendre le temps, écarter du quotidien sa forte dose de rappels à l'ordre, d'autoritarisme et de hiérarchies vécues trop formellement. (p.29)
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Navel à tire-larigot

Et pourtant Navel restera un nom, un style (...) Il a sa musique , entre Istrati et Hyvernaud (...) Un maître de la mémoire ouvrière.
Navel sera lu et relu mais pour autre chose que sa qualité de témoin. On n'ira pas chez lui pour y chercher la vie d'un maçon ou d'un saisonnier ni même des vues sur 1936 ou l'Espagne. Il y a pour cela bien d'autres documents, des films, des journaux, des chroniques, des procès...on ira dans ses livres pour le plaisir de lire, la joie seconde qui les nourrit suffisant déjà à nous les rendre agréables et sans âge. Ce sera aussi pour y retrouver la force d'un homme parti à sa propre rencontre (seul secret des vrais livres), d'un homme parti de peu, d'en deçà des mots écrits, et qui aura réussi, au-delà de toute espérance, à rendre la parole à ceux qui ne sachant s'exprimer ont dû prendre l'habitude de se taire. (p. 64)
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Une lecture renouvelée des-Papiers collés- cela ne fait peut-être pas une trouée de première importance dans le savoir, mais plutôt dans le doute. Cela chasse vite les nuages de l'assurance. (Vive le ciel bleu des dilettantes !) Savoir assez vite qu'on sera toujours à côté, toujours du dimanche, qu'on joue en amateur, presque hors-jeu, c'est un vrai cadeau. Perros vous laisse votre chance. Elle est infime, mais c'est la vôtre. Votre vérité, son dénuement. (p.52)
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Fermés, je me dis que c’est ainsi qu’ils devraient rester désormais, les livres, tous les livres, presque tous, et toutes ces fois où c’est la tentation inverse qui l’emporte. L’admiration, la passion des autres : là aussi , la longue entrave, jamais oubliée, la naissance si longtemps remise. Mortel, ça peut être mortel, je le sais ; je l’ai vécue, cette insatiable curiosité, cette ouverture à la voix des autres, périlleuse, quand on est si peu sûr de sa propre voix, cette réceptivité. Et rien n’y peut : ivre jusqu’à la fin d’accueillir, de découvrir ! [ Jacques Borel, un voyage ordinaire] (p.28)
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