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EAN : 9782360810130
77 pages
Editions Cornélius (19/05/2011)
3.72/5   82 notes
Résumé :
Avec ce livre construit autour de saynètes parues chaque semaine dans le New York Times, Daniel Clowes donne naissance à un nouvel anti-héros : Marshall, célibataire introspectif et grisonnant, s’apitoie sur son sort et sur celui de l’humanité toute entière qui part à vau-l’eau. Il attend Nathalie, avec qui un couple d’amis bienveillants lui ont arrangé un rendez-vous et dont il est presque certain qu’elle ne viendra pas. Les minutes passent, Marshall est de plus en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Il en faut du talent pour parvenir à captiver un lecteur à partir d'une histoire toute simple, sans rien d'exceptionnel, une histoire banale peuplée de personnages ordinaires. Et ce talent si rare, Daniel Clowes l'a. Racontée par un autre cette rencontre banale entre un homme et une femme gentiment névrosés n'aurait eu aucun intérêt et aurait fait sombrer le lecteur dans un profond ennui. Mais Clowes parvient à en tirer une histoire émouvante qui parlera, d'une façon ou d'une autre, à un moment ou à un autre, à chacun de nous. Marshall et Natalie sont tour à tour pathétiques, agaçants, touchants... Il y a quelque chose d'universel, d'intemporel dans cette banale rencontre porteuse de tant de possibles et d'espoirs. le dessin coloré propre à Clowes apporte un joli décalage avec le ton mélancolique du récit.

"Mister Wonderful" n'est pas aussi abouti que le vertigineux "Patience" mais c'est encore une oeuvre touchante et intéressante qu'offre Clowes avec cette tranche de vie douce-amère.
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Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, indépendante de toute autre, écrite, dessinée, encrée, mise en couleurs et lettrée par Daniel Clowes, initialement parue en 2011. Ce créateur est également l'auteur de Comme un gant de velours pris dans la fonte, Ghost world, David Boring, Ice Haven, Wilson. La présente histoire a fait l'objet d'une prépublication dans le New York Time Magazine, en 2007/2008. Clowes a rajouté quelques planches par rapport à cette parution en feuilleton.

Dans un café, dans une banlieue anonyme, Marshall (un quadragénaire) attend son rendez-vous. Ce dernier a été arrangé par un couple d'amis (Yuki & Tim). Alors que s'ouvre la première scène, elle a 9 minutes de retard. Il contemple une femme attablée non loin de lui, seule également et semblant attendre également. Il la trouve séduisante, tout en se disant que si elle est encore seule, c'est qu'elle doit avoir un défaut d'une nature ou d'une autre (physique ou psychologique). Convaincu que cette femme est trop belle pour être Natalie (celle qu'il attend), il continue de promener son regard sur les autres clientes, et remarque une femme d'une cinquantaine d'années qu'il trouve beaucoup trop marquée par l'âge. Natalie finit par arriver, avec près d'une heure de retard. Natalie et Marshall font connaissance et décide d'aller manger ensemble. le récit se termine au cours de la matinée suivante. Tout du long, le lecteur a accès aux pensées intérieures de Marshall qui se surimposent parfois aux dialogues, masquant ce qui est dit par les personnages.

Il s'agit d'une histoire d'environ 70 pages dont l'intrigue se résume à la rencontre entre Natalie et Marshall, leurs discussions, une soirée et une décision de se revoir en suspens. L'intérêt se trouve donc dans la vie intérieure de Marshall, la façon dont il aborde cette rencontre, ce qu'il souhaite en retirer, ses angoisses, ses névroses, son manque de confiance en lui, etc. Daniel Clowes le décrit comme un raté. le lecteur comprend à demi-mots que Marshall ne dispose pas de beaucoup d'argent, voire qu'il est au chômage. Il a été marié pendant plusieurs années, mais sa femme l'a cocufié avec plusieurs de ses meilleurs copains, à tel point qu'il n'a plus d'ami. Tout cela l'a conduit à une forme d'isolement tel qu'il commence à éprouver des difficultés à s'exprimer dans des situations de la vie de tous les jours, telles que récupérer son linge chez le teinturier. Il porte des lunettes à verre épais, et en plus il a un début de calvitie naissante (discrète mais bien réelle). Ce rendez-vous constitue une forme de dernière chance pour tisser des liens affectifs avec une autre personne (et plus si affinités).

L'enjeu pour Clowes est d'arriver à dépeindre Marshall comme un individu quelconque, sans attrait, mais pas sans personnalité. L'accès à ses pensées intérieures permet d'éviter la banalité générique, de découvrir toute l'étendue de ses appréhensions et leurs natures. Marshall n'a plus d'illusion sur l'amour romantique, il a conscience que la personne qu'il va rencontrer aura elle aussi un vécu, vraisemblablement pas heureux en amour, que malgré sa détresse affective, il n'y a pas de raison qu'elle s'attache à lui... ou au contraire que Natalie le voit comme une bouée de secours à laquelle s'agripper coûte que coûte. le récit est donc aux antipodes du conte de fée, mais il ne verse pas dans le glauque non plus. Marshall et Natalie n'ont rien de désespéré au point d'en devenir suicidaire. L'un comme l'autre s'investissent pour entamer une relation affective, sans être très doués ni l'un ni l'autre (sinon ils n'en seraient pas là).

Pour illustrer ce premier contact entre 2 individus légèrement névrosés (mais pas plus que beaucoup d'humains), maladroits et ayant du mal à conduire une conversation banale, Daniel Clowes utilise un style plutôt réaliste, assez simplifié. Cela donne des cases immédiatement lisibles, des visages simplement esquissés, sans que cela ne nuise à leur expressivité. Les décors n'ont rien de photoréaliste, mais Clowes prend grand soin de les dessiner dans presque chaque case, et d'y insérer assez de détails pour qu'ils soient singuliers, et non génériques ou passepartout. Par exemple les voitures ressemblent plus à de vagues esquisses qu'à un modèle reconnaissable. Cela n'empêche Clowes de donner des tenues vestimentaires réalistes à ses personnages, et d'inclure des éléments de décors rendant chaque coin de rue, chaque pièce à vivre particulier grâce à quelques détails. S'il est peu probable que le lecteur tombe en admiration devant une case ou une page, les dessins portent leur part de narration, sans tirer le récit vers le bas.

Le lecteur est donc aux cotés de Marshall, bénéficiant de ses réflexions intimes, partageant ses doutes, ses atermoiements, le constat de ses maladresses, son manque de confiance en lui, ses questionnements sur la personne qu'il a en face de lui. Daniel Clowes écrit et décrit tout cela avec un ton adulte, sans mépriser son personnage, sans grande considération non plus. L'empathie fonctionne bien vis-à-vis de ce monsieur pathétique, sans être ridicule. Mais au fil des pages, le lecteur se rend compte que le cynisme de Marshall reste superficiel, que la réflexion sur la nature des relations entre homme et femme ne va pas au-delà des appréhensions de Marshall, assez banales. le personnage incarne toute l'indécision, l'apathie d'un perdant qui n'a rien de magnifique ni de tragique. Daniel Clowes décrit des névroses très basiques, sans réflexion existentielle révélatrice de par leur mise en scène, ou leur point de vue.
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"Cette fille était un miracle" constate Marshall, divorcé dépressif, looser en échec perpétuel, misanthrope complexé, qui après avoir attendu six longues années de douloureuse abstinence plus une longue heure d'angoisse dans un bar, rencontre enfin une miraculée à problèmes qui deviendra la femme de sa vie après une soirée épique de gaffes,mensonges,agressivité,ivresse,fatigue,excuses et protection rapprochée!
On ne peut qu'admirer le scénario merveilleusement orchestré par le bédéiste américain Daniel Clowes dont le personnage d'intellectuel névrosé (de Marshall) évoque le Woody Allen de Stuart Hample dans Angoisse et légèreté: Woody Allen en comics.Mais si l'on retrouve dans Mister Wonderfull le trait de crayon expressif et précis de Stuart Hample, les trips et les bulles ironiques sont absentes.
On pense plutôt à l'humour noir d'Adrian Tomine (dans Scènes d'un mariage imminent) avec ses personnages caricaturaux :ici c'est le double de Marshall (diabolique conscience lui insufflant de gros mensonges pour embellir son image de perdant) mais l'amour est plus névrosé. "Dis donc,c'est pas samedi soir qu'on fait l'amour?" demande le copain Tim à sa compagne (qui ont tous deux programmé le rendez-vous amoureux).
L'amour se programme-t-il semble interroger Daniel Clowes? Faut-il se montrer vrai dés le premier instant? le couple est-il l'association bancale de deux vies de galères respectives qui s'accordent enfin sur un même tempo?
Mister Wonderfull qui est tout sauf wonderfull, est attachant car il est vrai.
Daniel Clowes auteur américain et dessinateur de BD contemporain a publié, entre autres, Ghost World qui a été adapté au cinéma.Il varie les genres du fantastique à la science fiction en passant par l'intimiste. On est ici dans une rencontre amoureuse avec ambiance fifties. Il rajoute quelques gros plans (en double page) à ses planches (ex: Marshal perdu sur un fond noir juste éclairé de figures géométriques colorées pour intensifier le registre émotionnel et opposer actes et pensées) ce qui démontre sa fine analyse de cette rencontre à la finalité improbable sauf si.......on y met du sien....et pas qu'un peu!!!!
Très sympa ce Mister Wonderfull protecteur des causes désespérées!
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Les couleurs acides et le dessin raide créent déjà un décalage dans le récit. Daniel Clowes semble affectionner ce genre de hiatus. C'est l'histoire d'un rendez-vous amoureux, un rendez-vous arrangé par des amis pour une homme et une femme un peu paumés, losers pathétiques, abandonnés par la vie, le bonheur, tout sauf “wonderful”. On suit les pensées de l'homme, les didascalies viennent chevaucher les dialogues qu'on ne peut lire, c'est une suite de ratées, de dérapages, de maladresses, plutôt tristes que drôles, c'est une histoire sensible et touchante sur l'imperfection, une défense des médiocres racontée dans une tranche de vie. Les bandes dessinées de Daniel Clowes ont le pouvoir de mettre mal à l'aise et d'émerveiller à la fois, on n'est pas dans le confort, c'est la lutte face aux regrets qui nous submergent, ça nous parle de ce qu'on a pas forcément envie d'entendre, mais c'est juste et fort.
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J'ai failli mettre un 2 étoiles mais je pousse à 2,5 pour rester correct. On suit les aventures amoureuses d'un raté qui essaie de concrétiser une rencontre dans un café. Un de ses rares amis l'a inscrit sur un site de rencontre. C'est toujours une aventure qui a des côtés négatifs mais parfois positifs.

Il tombe sur la bonne et souhaite concrétiser sa relation mais de manière tellement maladroite que cela le rend encore plus humain. Pour autant, il y aura des passages assez difficiles à comprendre car cela manque de fluidité. Il semble que le héros parle à son double tout le long de cette oeuvre ce qui peut paraître parfois comme assez agaçant.

Il est également question d'un homme qui n'accepte pas les codes de la société actuelle ce qui le rend assez unique en son genre. On peut aimer ou pas. A vrai dire, je n'aime pas les réflexions du style "c'était mieux avant". Je préfère une certaine modernité. Il n'est pas si wonderful que cela le mister.

Reste de belles planches qui parviennent à nous faire sentir une certaine expressivité. Cependant, cela reste de la ligne claire dans la plus pure tradition.
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critiques presse (4)
BoDoi
30 août 2011
Ce recueil de strips feuilletonesques est tour à tour énervant, drôle, touchant, déstabilisant.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LeMonde
28 juin 2011
Orfèvre en innovations, l'auteur américain jongle, ici, avec les possibilités offertes par les phylactères.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
22 juin 2011
C'est le génie du dessinateur américain de mettre en scène cette brève histoire en trouvant des solutions inédites pour, littéralement, superposer aux dialogues les méandres de la taraudante introspection de son antihéros.
Lire la critique sur le site : Telerama
Du9
14 juin 2011
Puisant dans cet aspect formel et les genres qui l’ont irrigué, Clowes fait un livre de bande dessinée, dans ce qu’elle incarne et peut explorer. [...] Clowes explore ce potentiel, et peut ainsi, par exemple, nuancer à loisir les introspections de Marshall, à la fois par certains traitements graphiques, mais aussi par l’usage des imaginaires « comics » qui irriguent ses pensées digressives.
Lire la critique sur le site : Du9
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
-J'étais juste...Enfin,tu dois penser que je suis...Tu ne trouves pas que je suis complètement en vrac?
-Non. Pas du tout.
Et elle a su que j'étais sincère,car l'espace d'un instant,le silence s'est installé et elle a enfin vu en moi un homme au coeur pur et aux nobles intentions:un homme qui jusqu'à la fin de sa vie,ne demanderait qu'à la protéger des épreuves de la vie,elle et son hypothétique petit Coréen.
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- Mon Dieu, je n’arrive pas à croire qu’ils nous servent encore ces infâmes bouchées au crabe surgelées !
« C’est difficile partout, chère madame. J’ai entendu dire qu’il y avait aussi un génocide au Darfour. »
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-Crétin! Qu'est-ce que tu fais? Ne la saoule pas avec tes pleurnicheries de fillette!T'es dingue ou quoi?
-Mais...
-Qu'est-ce que tu vas lui dire? "Salut,je suis un pauvre looser qu'a pas touché une femme en six ans sauf une prostituée tarée mais là je suis prêt pour du sérieux chérie?
-Bien,je...
- Ces trucs là ne marchent pas, mec!Sois plus évasif sur les faits-fais-lui croire que tu n'es pas le petit nullard mal-aimé que tu es!
-Mais elle est différente.Je peux être honnête avec elle.
-Personne n'est différent!
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Chaque nouvelle génération me semble de plus en plus étrangère. Je ne veux pas connaître leurs modes ni leurs nouvelles prouesses technologiques. A quoi bon m’appesantir sur les symptômes de mon inutilité grandissante ? Moi qui en suis toujours à essayer de comprendre mon putain de répondeur !
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Vous avez entendu aussi bien que moi : « Je t’aime vraiment bien, Marshall » ! Pas seulement ça, mais aussi ses doigts effleurant ma main et acceptant mon étreinte instinctive, si bien que lorsque nos hôtes ont ouvert la porte, ils n’ont pas vu une invitée inattendue et son infortuné faire-valoir, mais un véritable couple dans les prémisses du premier contact physique.
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Videos de Daniel Clowes (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Clowes
Dans le 173e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente L’homme qui en a trop vu, histoire basée sur le témoignage du photoreporter Ali Arkady que met en scénario Simon Rochepeau, en dessin Isaac Wens et qui est édité chez Futuropolis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Les Beatles à Paris, un titre que nous devons au scénario de Philippe Thirault, épaulé par Vassilissa Thirault, au dessin de Christopher et c’est publié aux éditions Robinson - La sortie de l’album Les herbes sauvages que l’on doit à l’auteur Adam de Souza et qui est édité chez Gallimard - La sortie de l’album Delta blues café que l’on doit au scénario de Philippe Charlot, au dessin de Miras et que publient les éditions Grand angle - La sortie de l’album Des femmes guettant l’annonce que l’on doit à Fedwa Misk pour le scénario, Aude Massot pour le dessin et qui est édité chez Sarbacane - La sortie d’Après, le troisième et dernier tome de la série Cadres noirs, adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre par Pascal Bertho au scénario, Giuseppe Liotti au dessin et c’est édité chez Rue de Sèvres - La réédition dans la collection La bibliothèque de Daniel Clowes des éditions Delcourt de Pussey, album que l’on doit à Daniel Clowes
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