Ce tome fait suite à Captain America Vol. 2: Captain Of Nothing (épisodes 7 à 12) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 13 à 18, initialement parus en 2019/2020, écrits par
Ta-Nehisi Coates.
Jason Masters a dessiné et encré les épisodes 13, 15 et 17 à 9, avec l'aide de Sean Isaaks pour le 13 et de
Bob Quinn et de
Lucas Werneck pour le 19.
Niko Walter a dessiné et encré l'épisode 14, et
Bob Quinn le 16. La mise en couleurs des 6 épisodes a été réalisée par
Matt Milla. Les couvertures ont été réalisées par
Alex Ross. Ce tome contient également les couvertures alternatives réalisées par Ema Lupacchino, Patch Zircher (*2),
Adam Hughes, Juggeun Yoon (*2),
Iban Coello,
Adam Kubert.
Hera-2 (Peggy Carter) est en train de lire les écrits du Baron von Strucker sur le coup porté aux États-Unis, lorsque Hydra s'est empa
ré du pouvoir pendant Secret Empire, en particulier en ridiculisant les principes de liberté, de démocratie et d'auto-gouvernance. Elle reçoit un texto de Gaea-1 (Sharon Carter). Elles doivent interrompre leur conversation car Steve Rogers arrive dans le vaisseau du Wakanda, et se présente devant Sharon Carter. Il rumine des pensées assez sombres : il est capitaine de rien et pourchassé par les forces de l'ord
re de son pays. Il a l'impression d'être en train de jouer une partie de dames, alors que tout le monde autour de lui joue une partie d'échecs. La conversation s'engage entre lui, Sharon Carter, Ava Ayala (White Tiger) et Toni Ho. Elle porte sur l'image catastrophique de Steve Rogers et sur l'objectif de la reconstruire sur la base d'une volonté de rédemption. Pour cela, il faut qu'il exécute des missions visibles et positives. Ava Ayala attire son attention sur un reportage : des travailleurs clandestins sont pourchassés aux abords de la frontière. Rogers n'est pas entièrement d'accord avec le principe d'aider ces travailleurs clandestins, car ça va à l'encont
re de la loi. Mais il comprend qu'il s'agit de venir en aide à des individus persécutés.
Captain America et White Tiger s'introduisent de nuit dans le camp abritant les baraquements où les immigrés clandestins ont été parqués. Ils entendent le bruit de plusieurs hélicoptères annonçant l'arrivée d'homme armés et cagoulés qui viennent descend
re des clandestins. Tout en avançant, Rogers s'interroge de savoir si son combat contre Hitler pendant la seconde guerre mondiale était si manichéen que ça, Il pense qu'avant d'être un soldat, il a été un artiste, ce qui le rend particulièrement sensible aux symboles. Il se dit que les lois ne peuvent racheter personne. Alors qu'il lance son bouclier contre les soldats de Watchdog, il sait qu'il se bat pour défend
re des personnes qui veulent être libres. Alors qu'il réussit à repousser les agresseurs avec l'aide de White Tiger, il ressent bien que le monde devient fou autour de lui, qu'il essaye de comprendre ce qui se passe aujourd'hui, alors qu'il n'est qu'un vieil homme dans un corps jeune. le commando Watchdog réussit à s'enfuir en emmenant avec lui plusieurs clandestins en tant qu'otages. White Tiger l'informe que Sharon Carter a réussi à trouver des informations sur les Watchdogs, et qu'il doit la rejoindre pendant qu'elle prend en charge les clandestins encore présents sur le site. Pendant ce temps-là, Nick Fury junior s'introduit dans un repère secret, avec une équipe de 3 agents, mais il se heurte à une jeune femme encapuchonnée qui les neutralise avec facilité.
Avec ce troisième tome, le temps est venu pour Steve Rogers d'essayer de reprendre l'avantage. Les 2 tomes précédents lui ont fait prendre conscience qu'il n'est plus en phase avec l'Amérique telle qu'elle existe : ses valeurs personnelles ne sont plus celles de son pays. Il se trouve en décalage et estime qu'il n'est plus capitaine de l'Amérique, mais capitaine de rien du tout, ce que lui a fait remarquer un de ses ennemis. Pour autant, il reste le même, avec les mêmes convictions, la même passion pour la vérité, la
justice et la liberté. Mais visiblement, il ne sait plus comment s'y prendre. Il est toujours aidé par un groupe de femmes qui se font appeler les filles de la Liberté auquel appartient Sharon Carter, Ava Ayala, Toni Ho et quelques autres. le lecteur sourit en constatant que
Ta-Nehisi Coates fait en sorte que Captain America (un homme blanc) ait besoin de l'aide de plusieurs femmes pour pouvoir aller de l'avant. D'une certaine manière, il montre que Steve Rogers n'est pas en mesu
re de remonter la pente sans elles. Il le place dans une situation où seule une équipe peut renverser la vapeur par un travail collectif, et en plus une équipe composée de femmes. Il en rajoute encore une couche avec les révélations du dernier épisode, semblant jouer sur le principe que derrière chaque homme qui réussit il y a au moins une femme dans l'ombre, une approche complémentai
re de celle qu'il met en oeuv
re dans la série Black Panther, avec presqu'uniquement des personnages de couleur.
Avant tout, cette série constitue une aventu
re de superhéros au cours de laquelle Captain America accomplit plusieurs missions, en utilisant ses capacités de supersoldat, ainsi que ses lancers de bouclier. le scénariste a concocté essentiellement 2 missions : protéger des clandestins persécutés et démanteler le réseau qui les pourchasse, puis enquêter sur le meurt
re d'un policier et sur la résurgence de Scourge. le lecteur habitué de Captain America identifie deux références aux histoires
Mark Gruenwald qui a écrit la série de 1985 à 1995 : le groupuscule Watchdog et Scourge le tueur de supercriminels, sans oublier
John Walker. de ce point de vue, Coates continue d'écrire une histoi
re de superhéros au premier degré, les observations sur la société restant en arrière-plan, continuant d'éviter une forme d'écritu
re de type pamphlet. le récit repose à la fois sur des affrontements physiques pour que le superhéros puisse faire triompher la
justice, et à la fois sur des enquêtes légèrement teintées d'espionnage avec la présence de Nick Fury junior, et l'utilisation de gadgets technologiques d'anticipation.
Alors que les deux premiers tomes présentaient une bonne unité graphique (le 1 dessiné par
Leinil Francis Yu et le 2 par
Adam Kubert), le lecteur remarque qu'il a fallu la participation de 3 dessinateurs et 2 assistants pour ces 6 épisodes-ci.
Jason Masters avait illust
ré deux aventures de James Bond écrites par
Warren Ellis :
James Bond Volume 1: VARGR et James Bond Volume 2: Eidolon, avec des dessins précis et cliniques apportant une froideur faisant bien ressortir la professionnalité de l'espion au permis de tuer. le lecteur retrouve bien cette sensation clinique dans ces pages, mais sans l'élégance de Vargr et d'Eidolon. L'encrage des visages des personnages est un peu sec, les rendant pas très agréables à regarder, sans que l'expressivité de leur état d'esprit ne s'en trouve renforcée. Masters choisit une direction d'acteur de type naturaliste, ce qui se marie bien avec les séquences de type enquête ou espionnage, les encrant dans un monde réaliste et plausible. En fonction des séquences, il sait investir du temps pour représenter certains décors dans le détail : la disposition des baraquements des clandestins dans une vue du ciel, la somptueuse demeure familiale des Carter où se sont installés Rogers et ses alliées, le parc et le banc sur lequel s'assoient Rogers et Bernie Rosenthal, le modeste pavillon du couple Diaz. Dans un peu plus de la moitié des pages, il sait faire un usage maîtrisé des trucs et astuces pour s'affranchir de représenter les arrière-plans comme il est de coutume dans les comics de superhéros en particulier pendant les séquences d'affrontement physique.
De temps à autre, le lecteur remarque que la finition change un peu d'apparence dans les épisodes 13 et 19, quand les assistants prennent le relais de
Jason Masters. le lecteur peut également comparer les pages de Masters à celles des 2 autres dessinateurs.
Niko Walter privilégie des lignes très fines pour détourer les formes dans l'épisode 14, et le lecteur en vient vite à regretter Masters, du fait de postures peu naturelles pour les personnages et d'une narration visuelle manquant de fluidité et de naturel.
Bob Quinn dessine dans un registre beaucoup plus traditionnel de comics de superhéros, avec des contours légèrement arrondis pour les rendre plus agréables à l'oeil, des affrontements physiques rendus plus dynamiques par des cadrages penchés et des traits de vitesse, et des expressions de visage un peu exagérées. La narration visuelle en devient beaucoup plus agréable à l'oeil, mais elle tire le récit dans un registre moins sérieux qui n'est plus en phase avec le scénario. En revanche, le lecteur retrouve avec grand plaisir les couvertures d'
Alex Ross, toujours aussi habile à rehausser le caractère légendai
re de Steve Rogers, un héros restant digne d'admiration quelle que soit la situation.
Le lecteur avait été séduit par les aventures rapides et bien menées de Captain America dans les deux premiers tomes, avec des dessins de bonne facture, et des thèmes discrets en arrière-plan, mais bien présents. Cet équilibre léger est rompu avec ce tome : les aventures perdent un peu en rythme, les thèmes sont soit trop discrets pour être présents, soit trop appuyés. La narration visuelle souff
re d'un artiste n'ayant pas eu assez de temps pour peaufiner ses planches (
Jason Masters), d'assistants n'arrivant pas à reproduire son style de manière convaincante, et de deux autres artistes pas complètement en phase avec la natu
re du scénario. le tout se lit sans déplaisir, mais sans l'entrain des tomes 1 & 2.