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Citations sur Le grand combat (11)

"C’est mon instinct de cow-boy qui réagit le premier, la pensée que, en dépit de ma maladresse et de mes lunettes recollées, du sang rebelle coulait dans mes veines, et cette idée m’emplit d’une fierté stupide et enfantine. Tout le monde a besoin de mythes. Et ici, dans le Far West de Baltimore où nous avions perdu la foi, où régnait la loi barbare, quelle serait notre magie? Quels seraient les mots sacrés?" (p.126-127)
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Mon père n'était pas un homme violent. Il s'était mis au bio dans les années 1970, bien avant que ce soit la mode, et cultivait un carré de légumes dans le petit jardin derrière chez nous. Je ne l'ai jamais vu s'énerver en public. Je ne l'ai jamais vu frapper personne d'autre que ses enfants.
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On s'amusait à jeter des boules de neige sur les taxis devant le 7-Eleven, on courait fans la rue, quand soudain on se retrouvait entouré de flics armés, à un faux mouvement d'être abattu. Je serais toujours à un faux mouvement près. J'aurais toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête. (156)
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"Il nous portait à bout de bras, même si nous lui avions rien demandé.Je suppose que cela le grandissait à ses propres yeux. Cependant, il ne mesurait pas les implications de son héritage. En ce temps là, nous observions notre père et nous comprenions si peu de choses. Etre conscient ne signifiait pas seulement ingurgiter des livres obscurs à la gloire des notres. C'était un sentiment intime, la conviction profonde qu'il s'était passé quelque chose de grave dans nos vies."
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"Nous étions coupés en deux : un pied en Amérique, l’autre dans un pays en guerre. On nous demandait de nous comporter en individus civilisés, alors que le monde autour de nous était au bord du carnage. Bill avait perdu toute mesure. Être armé signifiait prendre les commandes de nos existences à la dérive. Un flingue, c’était une machine à explorer le temps et une ancre : c’était lui qui dictait les événements. Être armé, c’était être son propre maître, devenir autre chose qu’un homme dont la vie et la mort pouvaient simplement être saisies et jetées au hasard" (p.48-49)
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C’était un vétéran du Vietnam et, pour Linda, il devait représenter l’exemple même du brave gars sur qui on pouvait compter. À cela près qu’il vira radical et rejoignit les rangs d’une jeunesse exaspérée par la non-violence intransigeante de ses aînés et les cahots du changement. Il devint membre du Black Panther Party et se retrouva à la tête de la section locale. Il perdit son emploi syndiqué. Il faisait des heures sup pour la révolution imminente. Pour finir, sa famille dut se tourner vers l’aide sociale.
(...)
Les Black Panthers apportèrent à sa quête virile une dimension politique. Ils vivaient en communauté, partageaient leurs chaussettes et leurs lits. Ils étaient des camarades, des frères d’armes qui avaient pour objectif le grand démantèlement, l’effondrement de la famille, la destruction d’une économie basée sur le profit et l’appât du gain. L’exclusivité n’avait pas sa place dans ce nouveau monde. Mon père s’en accommoda si bien que, bientôt, dès qu’une femme lui adressait un sourire, il semblait qu’elle pouvait commencer à compter ses jours de retard.

Aux yeux de Linda, les Black Panthers avaient transformé un vétéran digne et travailleur en un de ces assistés qui justifiaient l’existence des bons alimentaires et des logements sociaux.
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Pourtant, les grandes causes ne manquaient pas : Mandela, le Nicaragua, la lutte contre Reagan. Et nous nous entre-tuions pour des baskets cousues par des serfs, des blousons à la gloire d'équipes qui ne nous appartenaient pas, des casquettes arborant le nom d'Etats sudistes. Je sentais la chute, elle était partout. Le déferlement d'armes à feu bouleverserait l'ordre naturel. Des gamins qui avaient l'âge de regarder Les Aventures de Teddy Ruxpin tenaient entre leurs mains le pouvoir d'effacer une vie. Mais mon père avait juré de nous guider à bon port. Mes parents se liguèrent avec d'autres mères pour nous sauver. On nous envoyait dans des colonies de vacances scientifiques et on nous inscrivait à des cours de musique. On nous bombardait de livres volumineux.
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Les politiciens prennent le micro, clament que les jeunes sont devenus fous, qu'ils ont le cerveau malade, qu'ils sont de super-prédateurs. Eh bien moi je dis :
- Allez vous faire foutre, vous tous qui avez un jour sorti ce genre de conneries, vous qui parlez comme si nous ne savions pas de quoi il retournait réellement. Nous avons lu vos livres, les fiches de scores que vous tenez. Et nous avons vu l'avenir. Nous savons comment nous mourrons : de la main de cousins, double meurtre et suicide, victimes de guerres totalement abstraites pour vous, à l'hôpital, lentement étouffés par une angine de poitrine ou le cholestérol. Nous sommes tout en bas de l'échelle, et tout ce qui nous sépare de la bête sauvage, tout ce qui nous sépare du zoo, c'est le respect. Le respect qui pour vous est aussi naturel que le sucre et la merde. Nous savons qui nous sommes, nous savons que nous nous comportons comme si nous n'allions pas traîner en ce monde, ce monde qui n'a jamais voulu de nous. (189-190)
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Je ne l'avais jamais vu aussi à l'aise. Ils bavardaient avec cette décontraction qui n'était pas permise à Baltimore. La colère d'autrefois qui le protégeait et l'avait peut-être sauvé du temps de Murphy Homes l'avait déserté, et il ne restait que ce que mon père et les miens avaient toujours souhaité. Il ne restait qu'un homme.
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Je sortais la tête un peu plus haute, parce que si on le fait comme il faut, si on prétend être ce nègre-là avec assez de conviction, on finit par y croire un peu, même si on n'a fait qu'affronter son reflet dans le miroir de la chambre. Je découvris ainsi pourquoi les rappeurs avaient une si grande gueule. La Connaissance aussi avait peur de la rue. Mais le carnet de rimes était un livre de sorts : il invoquait les esprits de l'asphalte, les dieux anciens et les ancêtres éplorés, et ceux-là ne t'abandonneraient jamais. Cet été-là, je compris enfin ce que Fruitie avait voulu dire. Sous l'égide du hip-hop, on ne vivait jamais seul, on ne marchait jamais seul.
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