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Critique de florigny


Jean-François Coatmeur n'est pas un perdreau de l'année, ni même de l'année dernière. Jacques Baudou dit de lui “qu'il possède un don précieux qui semble de nos jours un secret presque perdu : une science incomparable de la construction des intrigues qui en fait un des grands maîtres horlogers du mystère, et l'un des rares auteurs susceptibles de soutenir la comparaison avec les anglo-saxons. de surcroît, cette maîtrise de l'intrigue est associée à une écriture élégante au service d'un univers romanesque”. Ces qualités, on les retrouve toutes dans La bavure qui a obtenu le prix mystère de la critique en 1980. Jacques Baudou m'évite de dire bien plus maladroitement que lui tout le bien que je pense de cet auteur.


Albert Laugel est un mec bien, calme, équilibré, honnête, travailleur, il possède le sens de l'honneur, il connaît le prix de la parole donnée. Il est divorcé de Liz mais a gardé avec elle des liens amicaux : “qu'est-ce qu'il ressentait pour elle encore ? Ce n'était pas de l'amour, bien sûr, ni même à ce stade le désir : il pouvait la détailler à loisir sans que son corps en fût troublé. le désir s'était assoupi depuis longtemps, bien avant la cassure officielle. Non, c'était plus subtil, un fond tenace de sympathie, nourri de cinq années de cohabitation, de petits bonheurs et de soucis partagés – cette réserve de souvenirs, qui était leur commun patrimoine et dans laquelle ils picoraient quand ils se retrouvaient avec une mélancolie douce”. Leur patrimoine commun, c'est aussi Sébastien, leur fils, dont Albert s'occupe avec beaucoup d'amour lorsque la garde partagée lui confie.


Le drame : Liz et Sébastien assassinés, Albert suspecté. Cet homme décide alors, en mémoire de son fils, de trouver le ou les assassins. Aucun spoiler de ma part, la 4ème de couverture est plus bavarde que moi. Nous sommes à proximité de Quimper, et c'est le moment de rappeler que si Jean-François Coatmeur est français, il est surtout breton. Dans tout le roman transpire son affection pour sa région.


Ca fait déjà beaucoup de raisons de lire ce roman, mais ce n'est pas tout, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. Albert Laugel se trouve rapidement plongé dans un panier de crabes, quasi-normal en Bretagne : maire, sénateur, qui désignent leurs électeurs sous l'élégant vocable de populace ; policiers, notables qui croient qu'à un certain niveau social, on est partout chez soi et que l'on peut commettre les pires crimes sans jamais être inquiété au nom de la solidarité de classe. Même une petite ville tranquille comme Quimper a sa face cachée, un réseau souterrain d'intérêts énormes, complémentaires. Qu'on vienne à s'y cogner, et un peu partout des alarmes tintent, les fils se tendent jusqu'au moment où ces bourgeois ont tous peur de la foule en folie, bête grondante et imprévisible, dont il importe de reprendre le contrôle à tout prix. Quoi qu'il en coûte comme dirait l'autre !


L'épilogue est conforme aux valeurs d'Albert. Je termine en soulignant le vocabulaire riche de Jean-François Coatmeur qui nous rappelle sans pédanterie que le français ne comporte pas que 200 mots. J'ai été heureuse d'aller farfouiller sur le ouèbe pour découvrir les innombrables versions d'Amazing Grace qui accompagne l'histoire. Je confesse que ma préférée est celle qu'Arlo Guthrie a créée au festival de Woodstock. Non, je mens comme un politique, il en existe de bien meilleures, mais Woodstock reste Woodstock et puis j'aime bien le biniou aussi.

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