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Critique de Antyryia



Depuis la parution en 2011 de Sous haute tension, nous étions sans nouvelles de Myron Bolitar, l'agent sportif et personnage le plus récurrent de la bibliographie d'Harlan Coben.
Enfin non, ça n'est pas tout à fait vrai puisqu'il a ensuite joué les rôles secondaires dans une trilogie davantage adressée aux adolescents. L'acteur principal était alors son neveu Mickey.
Après cinq romans indépendants, Myron fait donc son grand retour dans ce onzième volume, qui s'adresse avant tout aux nostalgiques.
Est-ce que ce sera le dernier ? En tout cas Harlan Coben va en profiter pour conclure quelques trames encore en suspens pour ses personnages.
Qu'il s'agisse de Myron ou de son richissime et psychopathe ami Windsor Horne Lockwood III. Win pour les intimes.
"Je n'ai pas de scrupules à régler leur compte à ceux que je considère comme des nuisibles."

Comme toujours avec les livres d'une série, celui-ci peut être lu indépendamment, pour autant j'ai la sensation que ce roman en particulier s'adresse aux fans avant tout.

A noter le rendu toujours aussi impeccable de la traduction de Roxane Azimi, attitrée aux romans de l'Américain depuis Ne le dis à personne. Même si au niveau du titre, l'original Home ( pour le fait de se sentir à la maison ), était plus parlant que ce Sans défense.
"Quel que soit le terme employé, tout cela pouvait se résumer en deux mots.
Chez soi."

Exceptionnellement, c'est Win qui va cette fois faire appel à son meilleur ami pour l'aider à résoudre une double disparition ayant eu lieu dix ans plus tôt.
Deux enfants de six ans avaient alors été enlevés par trois hommes cagoulés.
Et parmi ces enfants, le fils cadet de la cousine de Win : Rhys.

Notre dandy préféré va être alerté par un courriel anonyme de la présence des deux enfants à Londres. En se rendant sur place, il reconnaîtra Patrick, la seconde victime, désormais âgée de seize ans. Il semble attendre au lieu indiqué : Une ruelle particulièrement glauque. Mais il est seul. Quand trois malabars menaçants s'approcheront de lui, Win interviendra radicalement à l'aide de son coupe-chou et devra donc se faire discret.
L'adolescent s'est quant à lui enfui.

Avec l'aide de Myron, ils remonteront alors la piste d'un réseau de prostitution infantile et finiront par rendre Patrick à ses parents : Nancy et Hunter Moore.
Mais Rhys manque toujours à l'appel.
"Ton gamin sait ce qui est arrivé au mien. Il doit tout nous dire."
Patrick restera prostré et muet, traumatisé.
"Ils ne sont plus ce que vous les croyez être. Ni tels que leurs familles les ont gardé dans leur souvenir."
D'ailleurs, est-ce réellement Patrick ? Sa mère en est convaincue, mais tellement de détails semblent ne pas cadrer !
Alors Win et Myron, chacun de leur côté, vont à nouveau essayer de reconstituer ce qui s'est réellement passé dix ans plus tôt, et remonter le fil jusqu'à aujourd'hui.
"On connaît le début, répondit Win. Et on connaît la fin."
Il n'y a que de cette façon qu'ils auront une chance de retrouver Rhys pour le rendre à sa famille.

Ils ne seront pas les seuls à enquêter. le roman est bourré de clins d'oeil comme pour récompenser les lecteurs les plus fidèles. Et l'auteur a tenu a donner au moins un petit rôle à tous les personnages récurrents de sa série policière, sans que l'intrigue ne le légitime forcément.
Ainsi, l'agence sportive de Myron a beau ne plus exister, il fera tout de même appel à son ancienne associée Esperanza Diaz ainsi qu'à Big Cyndi, les deux ex-stars du catch féminin.
Pour approcher Patrick et essayer d'en savoir plus sur les dix dernières années écoulées, Myron demandera de l'aide à un autre adolescent de seize ans : son neveu Mickey. Qui ne viendra pas seul : Ema la gothique et Spoon l'intello seront eux aussi de la partie. Des personnages qui vous seront familiers si vous avez lu A découvert ou A toute épreuve. Sinon vous vous demanderez bien ce qu'ils viennent faire là.
Les parents de Myron feront également leur coutumière apparition.
Ainsi que sa fiancée Terese, avec laquelle il file désormais le parfait amour.
Ce qui s'avère à double tranchant. Parce que si le plaisir de retrouver tous ces personnages attachants est bel et bien là, rappeler leur histoire à chacun ( oui, on sait que Myron a vu son rêve de faire carrière dans le basket professionnel brisé en même temps que son genou ! ) et essayer de leur accorder à tous un moment plus personnel empiète forcément sur l'enquête.
Au final, nous avons deux tiers de suspense avec cette affaire de disparition à résoudre ... et un tiers de remplissage.

Enquête qui demeure par ailleurs fort intéressante. On se demande comment tous les éléments découverts par les uns et les autres au fur et à mesure vont bien pouvoir s'emboîter tant ils se contredisent parfois.
J'ai particulièrement apprécié également de pouvoir m'immiscer au sein de ces deux familles qui n'ont pas su ce qu'il était advenu de leur enfant.
"Ces dix dernières années, on a vécu au purgatoire."
Et qui aujourd'hui voient leurs relations se détériorer avec un nouvel équilibre de forces. Des parents surprotègent l'enfant enfin retrouvé alors que les autres souhaitent savoir à tout prix ce qu'il est advenu du leur.
"Une mère n'abandonne jamais son enfant. Je peux vivre avec la souffrance. Je ne peux pas vivre avec l'abandon."
Une intrigue qui tiendra finalement dans un mouchoir de poche, mais dont j'ai beaucoup apprécié le dénouement.

Quant au style, c'est du Coben à cent pour cent. Un cocktail d'humour, d'action et d'émotion. Enormément de dialogues vifs et percutants qui font souvent mouche.
Cette fois, quelques chapitres donnent la parole à Win et son rôle n'a jamais été aussi important que dans ce roman-ci. Et c'est le sourire aux lèvres qu'on apprécie son autodérision, toujours en total décalage avec la gravité de la situation.
Comme toujours, Coben aime affubler les vilains de surnoms ridicules et vous ferez ici connaissance de Gros Gandhi, de Chemise melon, ou encore de Collier de chien. Ca ne vole pas toujours très haut au niveau des réflexions métaphysiques ( "La vie n'est pas tout en noir et blanc." ) mais c'est une écriture toujours aussi plaisante et rythmée.

J'ai toujours préféré les one-shoot de l'Américain, et ce roman conforte mon impression. Autant je conseillerais Double Piège, l'une de ses dernières publications à paraître en octobre ( Sans défense est encore, comme chaque année, une exclusivité France Loisirs ), autant celui-ci me paraît davantage alimentaire. J'ai comme l'impression que quand Harlan Coben est moins inspiré ou accaparé par d'autres projets ( je pense aux séries The five, Juste un regard ou Une chance de trop ), il ressort Myron Bolitar pour pouvoir publier son livre annuel, le travail sur les personnages étant déjà effectué.

Sans défense n'en demeure pas moins un roman que j'ai dévoré avec énormément de plaisir, mais je ne peux pas le conseiller si vous n'êtes pas amateur de ses écrits habituellement, ou même si vous n'êtes pas familier de cet univers. D'autant plus que nous sommes ici dans un tome de conclusion ou du moins un volume où une page va être tournée pour certains de nos protagonistes.
En revanche, si vous adorez le duo de choc formé par Myron et Win ... N'hésitez pas.
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