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Critique de ange77


Horriblement, insidieusement, attractif.


• Quatrième de couverture :
Au coeur de la forêt de Raismes, près de Valenciennes, quatre adolescents repèrent un monastère en ruine. Ils y découvrent une crypte condamnée, où résonnent encore les pratiques d'un culte païen.

Ils ne sont pas seuls.
Tapie dans l'ombre, une menace les guette…


« Je reviendrai te chercher. »


Récemment, j'ai eu la chance de remporter ce titre en ebook lors d'un concours sur Facebook, organisé par son auteur Arnaud Codeville.
Pour la petite anecdote, c'est un peu honteuse que je me suis rendue compte par la suite que je possédais déjà les deux premiers livres de ce dernier : « La tour Sélénite » et « 1974 » (élu Plume d'Or au concours des plumes francophones 2016).

J'avais plusieurs ouvrages en progrès lorsque j'ai reçu « Parasite », pourtant la curiosité fût la plus forte car il n'a pas fallu longtemps (moins d'une demi-heure après réception) pour que j'y jette un oeil - au départ je le promets, dans le seul but de me faire une idée du style - , ce que je fais parfois, sans pour autant continuer systématiquement sur ma lancée... sinon mon pauvre cerveau ne tiendrait pas le choc :)
Je suis entrée dans cette histoire sans l'intention de la poursuivre (au départ, donc), et je me suis retrouvée bien incapable d'en sortir en réalité, subjuguée, happée littéralement dans cet univers délétère - mais, ô combien attractif, pour qui apprécie la lecture en mode frayeur.

Bref. Le fait est que je n'ai plus réussi à le lâcher !
Au détriment même de mes lectures courantes (ce qui n'est pas si courant justement !), moi qui aime tant à papillonner de l'une à l'autre ; je suis restée fidèlement, presque jalousement - mais surtout douloureusement - scotchée à Parasite, et ce jusqu'à la fin. Une des plus terribles qu'il m'ait été donné de lire... En effet, si l'histoire m'a passablement chahutée, l'épilogue est venu crucifier mon âme déjà particulièrement mise à mal, m'achevant pour le compte.

« (...) rien n'aurait pu les préparer à ça. »

Arnaud Codeville installe véritablement et pleinement son sujet et ses personnages, sans buter sur l'écueil du déjà-lu, bien que les poncifs de la catégorie « terreur / épouvante » dans laquelle le récit se voit classé sont présents d'entrée de jeu. Ça pourrait peut-être en rebuter plus d'un, dit comme ça, mais ça serait réduire à bien peu le talent du romancier, qui n'a franchement pas à pâlir devant les grands noms du genre.

C'est que l'écrivain a la plume addictive, vive et fluide à la fois.

Sombre conteur des Ténèbres, il ne ménage ni ses efforts ni ses effets (ni ses lecteurs ^^).
Ses descriptions sont léchées, dans un tel souci du détail, qu'on ressent sans mal - façon de parler - sueurs froides, frissons et contorsions stomacales...
Cauchemars à prévoir !
Ça fout le trouillomètre à zéro ; la chair de poule nous hérisse le poil et on a plus que l'envie, somme toute naïve, que cela se termine bien... tout en pressentant pertinemment qu'il n'en sera pas ainsi... évidemment.

« Un prêtre pour une possession, rien de plus logique, finalement… »

On nous impose rapidement un décorum assez typique des films d'horreur des années 80-90 plutôt réussi, nous livrant même quelques passages que l'on pourrait presque qualifier de « classiques », dans le meilleur sens du terme.
Les aficionados songeront peut-être à l'atmosphère de films cultes tel « l'Exorciste », pour des raisons évidentes que l'on découvre relativement vite. Savamment mâtiné de quelques relents du non moins cultissime « Ça » de Stephen King, vu qu'ici aussi, l'histoire se déroule en deux temps : celui où le héros encore adolescent va, aux détours d'une vadrouille entre amis, réveiller une sombre force méphitique dans l'antre d'un monastère abandonné, et celui où, une décennie plus tard, cette horrible chose va se rappeler à son « bon » souvenir, alors même que notre homme traverse une passe difficile suite au récent décès de sa femme.

« Il savait qu'elle était là. Quelque part avec lui. Pour toujours. »

> Petit aparté...
Cette façon particulière et très technique qu'a Codeville de passer invariablement, d'une époque à l'autre - avec la régularité d'un métronome : tous les deux chapitres, ou à peu près, il me semble - , faisant parfaitement coïncider les premières phrases avec celles qui clôturaient la scène précédente, telle la suite attendue alors qu'en fait, on revient dix ans avant (ou après, selon), est assez déstabilisante au début. C'est une architecture de texte réellement intéressante et originale, bien que déjà rencontrée, mais à laquelle il est néanmoins plus facile d'adhérer en lisant le livre d'une seule traite, si possible.
Cependant, même en prenant tout son temps, le style nous magnétise tant que le récit s'écoule finalement sans lourdeur ni fausse note. Mais pas sans sombrer dans les affres de l'effroi... Vous voilà prévenus…

« Soyez arrogants mes chers docteurs de croire que le mal n'existe pas…
Il est peut-être déjà en vous… »


Parasite m'a convaincue de l'étoffe de son auteur, de sa propension quasi naturelle à faire naître de sourdes angoisses au plus profond de nous-mêmes (mes tripes s'en souviendront longtemps), et la virtuosité de sa plume m'a simplement conquise.
Qu'ajouter de plus, sinon que ses autres bouquins sont aussitôt remontés de plusieurs places dans ma PAL et que je ne tarderai pas à m'y plonger ?
Bien sûr, je ne peux que conseiller aux amateurs du genre qui ne le connaissent pas encore de s'intéresser vivement à Arnaud Codeville (*) ; vous ne le regretterez sûrement pas !


« On raconte que les enfants se remettent de tout, se persuada Ben. Qu'en est-il des adultes ? »
…Des adultes, je ne sais pas, mais moi en tant que lectrice, je ne me suis pas encore remise de mon immersion dans Parasite. Et vous, vous remettrez-vous ?


(*)
http://www.arnaudcodeville.fr/
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