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Jamila Ouahmane Chauvin (Traducteur)Serge Chauvin (Traducteur)
EAN : 9782070785049
256 pages
Gallimard (08/01/2009)
3.92/5   1483 notes
Résumé :
Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen.
S'appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd'hui, l'histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l'enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (241) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 1483 notes
Gill apprend brutalement la mort de sa tante Rosamond. Elle décide de se rendre seule dans le Shropshire afin d'organiser les obsèques, son mari Stephen ne pouvant se libérer. C'est le médecin traitant de la vieille dame qui l'a retrouvée raide morte dans son fauteuil. C'est en compagnie de sa famille, son mari, son frère David, son papa Thomas et ses deux filles Catharine et Elizabeth qu'elle assiste à l'enterrement. A la fin de la cérémonie, Gill est surprise d'entendre le médecin lui dire que l'électrophone, branché sur un magnétophone, était encore en marche lorsqu'elle est entrée dans la maison. Toute la petite famille rentre alors dans l'Oxfordshire. Pour l'occasion, les deux filles décident de passer le week-end chez leurs parents. Ils discutent alors de la clause du testament: Rosamond, n'ayant jamais eu d'enfant et sa compagne Ruth étant décédée depuis quelques années, elle a partagé ses biens en trois parts égales: 1/3 respectivement pour Gill, David et Imogen. Cette dernière, une cousine très éloignée, n'a pourtant laissé que très peu de souvenirs à Gill puisqu'elle ne l'a vue qu'une seule fois, lors des 50 ans de sa tante. Elle ne comprend pas son geste, la petite fille, aveugle, n'avait que 7 ou 8 ans. Aussitôt, aidée de ses filles, elle se met en tête de retrouver la petite fille et décide de retourner chez sa tante pour trier ses affaires. Arrivée dans cette maison si froide, elle découvre quatre cassettes enregistrées que Rosamond a laissées à l'intention d'Imogen mais elle ne peut pas les écouter tant qu'elle n'a pas retrouvé cette dernière. Malgré des recherches et des annonces passées dans les journaux, aucune trace d'Imogen. Aussi quelques mois plus tard, alors qu'elle se rend à Londres chez ses filles, elles décident d'écouter les bandes. de sa voix fébrile et fantomatique, Rosamond fait dérouler le fil de sa vie. Pour ce faire, elle a choisi de décrire 20 photos pour expliquer à Imogen sa vie et, de ce fait, la sienne...

L'on suit avec passion et grand intérêt le destin de trois générations de femmes, des années 1930 aux années 1980. Trois femmes dans la tourmente, trois femmes emplies de rage mais aussi d'envie de vivre plus que tout, engoncées dans leur rôle de mère. Jonathan Coe traite ici d'un thème particulièrement original, à savoir notre destin serait-il relié aux générations précédentes ? Ne sommes-nous pas finalement liés entre nous et notre vie serait-elle orientée ? L'auteur, présentant ainsi 20 photos, réussit à merveille à décrire le destin de chacune, la trame pouvant être assez risquée. Mais l'on tourne les pages de cet album de photos avec délectation. D'une écriture fine, intime et mélancolique, il nous livre un mélodrame empli de poésie, poignant et tout en délicatesse.
Et que dire de ce titre aussi lyrique et touchant...

La pluie, avant qu'elle tombe, caresse le soleil...
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Je viens tout juste de terminer la lecture de "La pluie avant qu'elle tombe". Peut-être devrais-je laisser passer un peu de temps avant de me lancer dans sa critique. Peut-être pas. Après tout, j'ai comme l'impression d'être à la place de Gill, qui vient d'écouter les cassettes que sa tante Rosamond a enregistrées avant de mourir. Elle y raconte une longue histoire familiale, où les femmes ont hérité de la difficulté d'aimer, où la violence côtoie l'amour. En moi, des sentiments mêlés, qui me donnent à réfléchir sur l'incidence que notre vie peut avoir sur celle de nos enfants. Sur la difficulté d'être heureux. Quel drôle d'héritage! A bien y réfléchir, un bien lourd héritage!
Le récit est d'autant plus prenant qu'il fait de nous, malgré nous, les confidents d'une série de révélations. Vingt photos, prises dans l'ordre chronologique, servent de tremplin à l'histoire racontée. Une progression parfaitement orchestrée, au terme de laquelle tout se dénoue.
Un excellent roman sur bien des points donc, qui m'invite à découvrir sans tarder d'autres oeuvres de Jonathan Coe.
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Jonathan Coe surprend par la subtilité de ce roman. Il y parle comme personne des aléas de la vie, de ce que l'on subit, de ce que l'on construit, des regrets, des failles.
Il décortique toujours avec le même brio les petits bonheurs et les travers de nos semblables. Toujours attentif aux instants fragiles, l'auteur recueille les moments à la manière d'un chercheur d'or.

Foisonnant, ce roman forme une spirale qui emporte de nombreux personnages dont les liens nous sont révélés progressivement.
Finalement il n'y a pas de hasard ni de coïncidences dans la vie, seulement des fils invisibles qui finissent par tout relier.

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Que choisiriez-vous si vous deviez résumer votre vie en vingt photos ?
Vingt images à partir desquelles vous pourriez tout raconter et révéler à la personne qui vous écoute des pans entiers de votre vie qu'elle ignore.
Le choix serait difficile, non ?
Voilà pourtant ce qu'a fait Rosamond.
Toute une vie à partir d'une poignée de clichés.
Une vie intense et pleine. Des joies, des douleurs, des surprises, des rencontres, des épisodes graves ou légers, heureux ou malheureux.

Jonathan Coe nous offre un roman formidablement bien construit.
Par la voix de Rosamond il raconte la vie de trois générations de femmes qui ont en commun des lieux et des événements tragiques, comme si elles étaient liées par un fil invisible.
Il aborde de nombreux thèmes tel l'amour ou plutôt le désamour maternel, et pose la question de la liberté : sommes-nous totalement libres de nos vies, ou sommes-nous influencés (consciemment ou inconsciemment) par ceux qui nous ont précédés ?
Peut-on être heureux dans sa vie, atteindre le bonheur ? Sur ce sujet, l'écrivain britannique se montre assez fataliste : "Il n'y a rien à dire, je crois, d'un bonheur qui ne comporte aucun défaut, aucune ombre, aucune tache — si ce n'est la certitude qu'il aura une fin."
La longue confession de Rosamond pourra-t-elle libérer celles qui restent, au moins en partie, du poids des générations précédentes ?
Le fil sera-t-il coupé ou seulement un peu distendu ?

La pluie, avant qu'elle tombe : quel beau titre ! Son origine est donnée en début d'ouvrage mais vous n'en comprendrez la signification que plus tard.
Ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler, je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Venez à votre tour écouter Rosamond, venez feuilleter son album de famille, elle vous invite dans son intimité.

J'ai beaucoup aimé ce livre.
Je me suis attachée à ces personnages féminins à qui Jonathan Coe a si bien su donner vie.
La pluie, avant qu'elle tombe est un beau roman, fin et sensible. Un grand plaisir de lecture.
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Après ses excellents romans politico-satiriques, Jonathan Coe change de registre. Avec cette saga familiale, il met en scène trois générations de femmes de la fin des années 1930 aux années 1980 mêlant romantisme, symbolisme et violence.



Une vieille tante qui décède, un héritage de cassettes enregistrées (qui sont en fait des commentaires de vingt photos), une petite fille blonde, aveugle. Quel est le secret de sa destinée? L'histoire de trois générations de filles, de femmes, défilent sur ces cassettes où l'on retrouve la voix fatiguée de tante Rosamond. Elle raconte l'histoire, leur histoire et peu à peu dévoile les liens qui les unissent, les désunissent.



Nous devenons les intimes de Rosamond, nous reconnaissons sa voix, nous suivons sa vie. Toujours nous sommes dans l'impatience d'entendre défiler les bandes magnétiques, et de feuilleter l'album de famille. Peut être sommes- nous les yeux d'Imogen ?



Un roman rempli d'émotions intenses, de mystères et de souvenirs, portés par une musique inlassablement écoutée (les «Chants d'Auvergne» de Canteloube, à découvrir, voir lien).



La Pluie, avant qu'elle tombe pose les questions du déterminisme familial, de l'existence du hasard, des coïncidences et de leur impact sur les individus. Sans pathos, ni mièvrerie.



Jonathan Coe nous entraîne dans cette histoire grâce à un procédé narratif original, une architecture rigoureuse. le roman est sombre, grave et poignant… mais je suis restée sur ma faim dans les dernières pages.

Quoi qu'il en soit, le livre est très bien écrit et se lit d'une traite grâce au style fluide, efficace et oral du monologue de Rosamond. J'y ai trouvé de beaux moments mais tout comme Luocine "J'ai beaucoup hésité à mettre quatre étoiles ou seulement trois." 





Voici le "Bailero", ce morceau des "Chants d'Auvergne" devenu "un symbole" ou "plutôt un fétiche… oui, un fétiche sacré" pour Rosamond, qu'elle veut faire entendre à Imogen lorsqu'elle aura fini de décrire les photos et qui va l' accompagner jusqu'à son dernier souffle…



"Il y avait un air particulier, l'un des plus célèbres – "Bailero", ça s'appelle, une chanson d'amour magnifique, très lente, et très triste : ça commence par une attaque nette des bois, tandis que les violons jouent de longs accords merveilleux et chatoyants, et soudain la voix de la soprano surgit de façon tellement inattendue, tellement dramatique, et elle chante cette mélodie extraordinairement mélancolique… Oh, ça ne sert à rien, bien sûr de décrire la musique avec des mots, le mieux serait peut-être tout simplement que je te fasse entendre le morceau quand j'aurai fini de décrire la photo, pour que tu puisses l'écouter directement."
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critiques presse (1)
Lecturejeune
17 février 2012
Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Rosamond a orchestré sa mort en laissant à l'attention d'une jeune aveugle, Imogen, vingt photographies, qu'elle a commentées à haute voix en s'enregistrant sur cassettes. À partir de la description de ces images, la narration s'articule en vingt chapitres chronologiques. A travers le regard de Rosamond, le lecteur suit une famille sur trois générations ; dans l'Angleterre des années 40 jusqu'à nos jours. Enfant, Rosamond était profondément attachée à sa cousine Beatrix, alors adolescente, et l'a considérée jusqu'à l'âge adulte avec une adoration sans bornes. Lorsque Béatrix tombe amoureuse d'une femme et lui laisse en garde la fille qu'elle a eue d'un premier mariage, Rosamond s'attache à Théa, et lui voue un amour maternel. Au sein du couple homosexuel de Rosamond et Rebecca, qui suscite la réprobation, Théa sera choyée... Un bonheur fugitif qui s'effacera rapidement, un espoir à jamais perdu. Beatrix ne fait que reproduire le désamour de sa propre mère, et Théa fera de même avec sa fille, Imogen. À la fin du livre, le lecteur apprend la cause de la cécité de cette dernière. La boucle est bouclée. La problématique centrale du roman - peut-on échapper à la reproduction du schéma familial ? - intéressera les jeunes adultes, tout comme la question sous-jacente : l'amour peut-il aveugler à ce point les femmes qu'elles en oublient d'être mères ? Le récit familial, porté par les photos, constitue un procédé habile. Il joue sur le plaisir « enfantin » éprouvé en feuilletant un album à reconstituer les histoires de sa généalogie. Le livre, qui explore l'âme féminine, touchera plus directement les adolescentes. Si le ton de l'ouvrage reste pessimiste, la trame romanesque en porte la lecture. Cécile Robin-Lapeyre
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (136) Voir plus Ajouter une citation
Je revois Thea fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : "Eh bien moi, j'aime la pluie avant qu'elle tombe." Rebecca s'est contentée de sourire, mais moi j'ai répliqué (de façon assez pédante, je suppose) : "Tu sais, ma chérie, avant qu'elle tombe, ce n'est pas vraiment de la pluie. - Qu'est-ce que c'est alors?" Et j'ai expliqué : " C'est de l'humidité, rien de plus. De l'humidité dans les nuages." Thea a baissé les yeux et s'est de nouveau affairée à trier les galets de la plage : elle en a ramassé deux et s'est mise à les frapper l'un contre l'autre.
Elle semblait trouver plaisir à ce bruit et à ce contact. J'ai continué : "Tu comprends, ça n'existe pas, la pluie, avant qu'elle tombe, sinon ça n'est pas de la pluie."
C'était un peu ridicule de vouloir expliquer ça à une enfant, et je regrettais de m'être lancée là-dedans. Mais Thea ne semblait avoir aucun mal à saisir ce concept - bien au contraire : au bout de quelques instants, elle m'a regardée avec pitié en secouant la tête, comme si c'était éprouvant pour elle de discuter de ces matières avec quelqu'un d'aussi obtus.
" Bien sûr que ça n'existe pas, elle a dit. C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai?"
Et puis elle a couru dans l'eau avec un sourire jusqu'aux oreilles, ravie que sa logique lui ait valu une si insolente victoire. p.164
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“Eh bien moi, j’aime la pluie avant qu’elle tombe. Bien sur que ça n’existe pas. C’est bien pour ça que c’est ma préférée. Une chose n’a pas besoin d’exister pour rendre les gens heureux.”
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Et certes, partout dans le monde, il y a des enfants auxquels leurs parents infligent des choses bien pires, j’en suis consciente. Mais malgré tout, il me paraît important, il me paraît essentiel de ne pas sous-estimer ce qu’on doit ressentir quand on se sait mal-aimé par sa mère. Par sa mère, celle qui vous a donné le jour ! C’est un sentiment qui ronge toute estime de soi et détruit les fondements mêmes d’un être. Après ça, il est très difficile de devenir une personne à part entière.
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Une photo, finalement, c'est bien peu de chose. Elle ne peut capturer qu'un seul moment, sur des millions, de la vie d'une personne, ou de la vie d'une maison. Quant aux photos que j'ai sous les yeux, elles n'ont de valeur que dans la mesure où elles corroborent ma mémoire défaillante. Elles sont la preuve que les choses que je me rappelle se sont vraiment produites, qu'elles ne sont pas des souvenirs fantômes ou des chimères, des fantasmes. Mais qu'en est-il des souvenirs pour lesquels il n'y a pas de photos, pas de corroboration, pas de preuve ?
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La vie ne commence à avoir un sens qu’en admettant que parfois, souvent, toujours, deux idées absolument contradictoires peuvent être vraies en même temps.
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Videos de Jonathan Coe (35) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jonathan Coe
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00:09 Jan Carson 01:28 Jonathan Coe 01:59 Matthew Neill Null 03:45 Mariana Enriquez
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Interview : Lionel Tran, Julie Fuster, Caméra : Lionel Tran - Montage : Ryu Randoin.
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