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Critique de Ileauxtresors


Quel plaisir de retrouver toute la bande de Bienvenue au club, quelle curiosité de découvrir ce qu'ils sont devenus vingt ans après ! Les 1970s de leur adolescence sont bien loin : les voilà en pleine mid-life crisis, tandis que l'Angleterre s'engage dans la « troisième voie » sous la houlette de Tony Blair. Il ne reste pas grand-chose des idéaux et de l'insouciance qui irriguaient le précédent tome. Mais les vestiges des sentiments anciens subsistent. Lorsque Claire rentre de plusieurs années en Italie, il suffit de peu pour les raviver…

Journaliste, écrivain, traductrice de retour de l'étranger, homme politique, chaque personnage est à sa manière le témoin de l'époque. Les grands groupes privés font un hold-up sur des secteurs publics entiers. Leurs PDG s'en mettent plein les poches tout en multipliant les plans sociaux. le cercle exclusif des élites « tendance » se referme, ouvrant une brèche où s'engouffre le British National Party. Mais abreuvé d'émission idiotes et de slogans vides de sens, le pays semble apathique.

Face à cette « superficialité obscène » de la vie culturelle et politique, la frustration des personnages bouillonne littéralement. le bonheur passe-t-il par l'humilité, la stabilité ? Les ambitions impliquent-elles nécessairement des compromissions ? Chacun semble chercher ses propres réponses, mais tous se tournent vers le passé. J'ai trouvé cette nostalgie un peu pesante, surtout dans le cas de l'inconsolable Benjamin. Les souvenirs ressassés m'ont parfois donné l'impression de relire Bienvenue au club mais là où j'avais apprécié l'équilibre entre humour et vitriol, ici la mélancolie prend le pas.

Cela dit, j'aime toujours comment Jonathan Coe joue avec les registres, mêlant roman, lettres, emails, SMS, compte-rendu de réunion, articles de presse, extraits de discours parlementaires et même une fiction dans la fiction. de sa plume féroce, l'auteur décape le vernis des apparences, des carrières fulgurantes et de la vie de famille (l'un des personnages ne s'occupe pas de sa fille, mais accepte de signer une chronique hebdomadaire sur « les joies de la paternité »). Il réussit l'émulsion d'histoire et de littérature, d'intime et de politique que son personnage Benjamin aimerait tant atteindre, révélant la profondeur des répercussions individuelles de ce qui pourrait sembler des péripéties mineures des grands conflits historiques.

Et cerise sur le pudding, ce roman boucle la boucle – ou referme le cercle si on veut – en apportant des réponses à toutes les questions que le premier tome avait laissées ouvertes !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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