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sur 1235 notes
Une chronique de l'Angleterre contemporaine à travers la vie d'une fratrie et de ses amis, pendant toute la période qui mène au Brexit, qui montre avec humour et sans machiavélisme les états d'âme des britanniques et le jeu des politiciens, qui mène à un résultat que personne n'envisageait.
L'auteure est pro Europe mais cela n'enlève rien à la qualité du roman qui sait rendre attachant tout ses personnages avec leur faiblesse et leurs failles.
A lire.
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Comme les vaccins aujourd'hui (août 2021), le Brexit a fracturé les familles anglaises. Jonathan Coe remonte aux origines de ce traumatisme (ce fut le cas pour lui, il n'en fait pas mystère d'ailleurs) et livre le troisième tome d'une série-saga entamée il y a longtemps. Toutefois point n'est besoin de les avoir forcément lu, j'en témoigne, (même si je me suis précipité pour lire les deux précédents, une fois celui-i refermé) pour accrocher à ce livre unique, qui fait de la politique le coeur de son sujet, mais reste toujours drôle, émouvant. Les personnages ont une belle épaisseur et l'on ne peut qu'admirer la légèreté avec laquelle Coe aborde un tel sujet. Virtuosité, simplicité, humour...Une bien belle conception de la littérature.
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« La grande Bretagne avait voté. Elle avait signifié à David Cameron de prendre ses cliques et ses claques. Elle avait exprimé clairement son opinion sur l'Union européenne. Et, ce choix crucial fait, elle ne voulait plus y penser et préférait retourner à ses occupations quotidiennes en laissant la mise en oeuvre à ceux qui étaient traditionnellement chargés de cette besogne: la classe dirigeante."


Le Coeur de l'Angleterre ausculte en une chronique douce amère une décennie de l'histoire du pays à travers des destins individuels, ceux de la famille Trotter. le roman s'ouvre en avril 2010 pour se refermer sur le mois de septembre 2018. Benjamin s'est retiré dans un vieux moulin au bord d'une jolie rivière de l'Angleterre profonde et tente d'écrire l'unique roman de sa vie. Lois, aux prises avec ses démons, cohabite avec un mari pour lequel elle n'a plus de sentiment et leur fille Sophie, universitaire, n'aspire qu'à trouver une relation équilibrée qui peut-être la mènera sur le chemin du bonheur. Autour d'eux gravitent des personnages secondaires: le journaliste Doug qui chronique les évènements politiques, Charlie sous emprise affective, peu doué pour le bonheur. Jonathan Coe nous décrit l'évolution de ces personnages au fil des années avec une bienveillance souvent teintée d'humour. S'il les regarde parfois avec ironie, c'est pour mieux nous montrer les processus de délitement à l'oeuvre au coeur de cette Angleterre profonde. C'est ainsi qu'il nous décrit la montée progressive du populisme et ses dérives qui conduiront à l'issue que l'on connaît, à savoir le Brexit. le regard que l'écrivain porte sur les hommes politiques tels que David Cameron et Boris Johnson est féroce et sans concession.Il montre avec intelligence comment la question du Brexit impacte les vies, les rapports sociaux mais aussi affectifs. le spectre du terrorisme également n'est pas loin. Quant au politiquement correct, il est sérieusement écorné à travers les problèmes sidérants rencontrés par Sophie à l'université.

En définitive, Jonathan Coe porte un regard à la fois critique et nostalgique sur une Angleterre avec laquelle on le sent brouillé mais qu'il aime profondément.


» Ils étaient là, joue contre joue, collés l'un à l'autre, leur étreinte si longue que le pêcheur assis à quelques mètres aurait pu sans peine les prendre pour mari et femme redécouvrant la fougue de leur jeunesse plutôt que pour ce qu'ils étaient, un couple d'amants en train de se dire adieu. »
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Un roman que j𠆚i dévoré ces derniers jours maintenant que le Brexit est derrière nous ! J𠆚vais déjà lu cet auteur auparavant et je ne suis pas déçu par ce nouvel opus ! Des scènes du quotidien si réalistes, la politique anglaise en arrière-plan, je suis tombé sous le charme. A quand la suite ?
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En nous entraînant au coeur de l'Angleterre à travers un roman, Jonathan Coe esquisse les clivages et les manipulations qui ont conduit au Brexit. Plusieurs fois, j'ai eu la surprise de me découvrir happée par ce livre, perdant toute notion du temps et des pages qui défilaient. Comme toujours lorsque l'un des personnages est écrivain, je me demande à quel point l'auteur se retrouve en Benjamin.
(Critères de notation. Style : 0,5 - Intrigue : 0,5 - Personnages : 1 - Contextualisation : 1 - Fin : 1)
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Début de lecture un peu laborieux pour moi ; je n'avais aucune empathie pour les personnages et je ne comprenais pas bien où l'auteur voulait m'emmener. Puis, peu à peu les pièces du puzzle se mettent en place, chaque personnage trouve sa place dans cette descente au coeur de l'Angleterre des années 2010 jusqu'à la date fatidique de Juin 2016 où le pays a voté majoritairement pour le Brexit. Peu à peu, tout s'éclaire, chaque personnage a sa place et l'on comprend que J. Coe nous invite à ausculter la société anglaise malade du libéralisme ; il nous démontre l'inconséquence des politiques tellement sûrs de bien connaître "leur" peuple que personne n'avait prévu l'issue du scrutin. Roman passionnant et tellement d'actualité.
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Jonathan Coe est l'une des grandes plumes contemporaines du Royaume Uni. Lauréat de nombreux prix, il a connu un succès international grâce à son quatrième livre : le Testament à l'anglaise.

« Tout est politique », voilà un aphorisme qui va comme un gant à son dernier roman le coeur de l'Angleterre, paru en septembre dernier. Roman du Brexit, il raconte à travers une chronique douce-amère le quotidien de Benjamin Trotter et de ses proches de 2010 à nos jours chez nos amis d'Outre-Manche.

Les amateurs de Jonathan Coe (dont je fais partie) connaissent déjà bien une partie des personnages du livre. Ils étaient les héros de deux récits parus il y a une quinzaine d'années (Bienvenue au Club et le Cercle fermé). Ils racontaient la jeunesse de Benjamin et les années Thatcher, puis sa vie d'adulte sous Tony Blair. L'idée de ces deux volumes consistaient à mêler la grande à la petite histoire, l'intime d'une existence aux grands mouvements de l'Histoire du pays. Voilà donc notre auteur qui reprend ce procédé et ses héros pour ausculter de 2010 à nos jours ce qu'ils sont devenus la cinquantaine entamée dans une Angleterre en pleine crise existentielle. Si le diptyque s'est transformé en triptyque, je précise néanmoins que ce dernier volume peut se lire sans connaître les autres. Comme dans les précédents tomes, les politiques en prennent pour leur grade, au premier rang desquels David Cameron – minable calculateur politique jouant à l'apprenti sorcier. Mais la plume de Coe n'épargne personne. Ni Theresa May, ni Boris Johnson, ni Jeremy Corbyn.

Mais au-delà du regard terrible posé sur la classe politique du pays, son cynisme et sa veulerie, c'est au malaise qui attaque ses habitants que Coe s'intéresse le plus. Il décrit une classe moyenne perdue dans un monde qui change trop vite. Elle n'a plus de repères, elle se sent reléguée, attaquée. Elle a peur de l'étranger, de la crise, du terrorisme, des migrants… Coe montre merveilleusement comment ces angoisses se heurtent au politiquement correct et à la bien-pensance des élites mondialisées. L'auteur décrit alors l'amertume de n'être jamais écouté, jamais entendu et le retour sur soi que cela engendre. le malaise social prend une telle ampleur qu'il s'immisce dans le quotidien. Il fait se séparer des couples, entache les aspirations à l'intégration, crée de la division au sein du voisinage le plus proche, au sein de la famille même. Il est comme une tumeur qui grossit et infecte toutes les relations humaines. le Brexit n'en est finalement que son incarnation politique, comme peut l'être Salvini en Italie, le Front National en France, Trump aux Etats-Unis….

L'entreprise de Coe est ambitieuse et plutôt réussie. Mais tout cela manque de la fantaisie et de la cocasserie dont l'auteur sait pourtant faire preuve, comme dans le Testament à l'anglaise, la Maison du Sommeil ou plus récemment l'excellent La Vie très privée de Monsieur Sim. Dit autrement, aussi intéressante soit-elle, cette chronique triste et désabusée d'une Angleterre également triste et désabusée manque un peu de sel. de plus, d'un point de vue plus méta, on peut s'interroger sur la justesse du procédé. Tout est-il vraiment politique ? L'intime peut-il se faire cannibaliser à ce point par les grands débats de société qui nous entourent ? Je n'en suis pas sûr personnellement et j'ai trouvé que le trait était un peu trop forcé, même si réalisé avec une indéniable dextérité.

Quoi qu'il en soit, petite satisfaction de franchouillard face aux drames de la perfide Albion, c'est de France que vient la lumière par deux fois dans ce roman brillant, mais peut-être un peu fade et forcé.

Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Le Brexit vu de l'intérieur : on pourrait ainsi résumer le sujet de ce livre. Ce serait drastiquement réducteur mais c'est bien l'arrière-plan quasi omniprésent du roman, qui relate les événements vécus, entre 2010 et 2018, par une dizaine de personnages plus ou moins liés à Benjamin Trotter : son père, sa soeur, sa nièce, ses amis anciens étudiants comme lui d'une école huppée de Birmingham. le coeur de l'Angleterre, il est là, géographiquement parlant, mais on peut aussi entendre le mot "coeur" du titre français au sens de "siège des sentiments", voire des opinions politiques. Benjamin, tout juste la cinquantaine au début du roman, jeune retraité après avoir exercé à Londres un métier rémunérateur sinon passionnant, vient de s'installer dans un moulin au bord de la Severn, retrouvant sa région natale où il compte meubler sa solitude en achevant la rédaction de la somme entreprise depuis des années. En 2010, il n'est pas encore question de Brexit mais les "eurosceptiques" sont déjà nombreux en Angleterre, qui depuis toujours balance entre Europe et Amérique du Nord. Benjamin n'a pas d'avis tranché sur la question, contrairement à son père, à sa nièce, à son ami Douglas, journaliste, commentateur politique. Tout au long du roman, qui suit un déroulement chronologique, on assiste aux effets souvent dévastateurs, y compris à l'échelon individuel, des divergences idéologiques qui s'exacerbent entre les pro-Européens et les anti, puis les partisans du "Remain" et ceux du "Leave", ces derniers ayant théoriquement gagné la partie à l'issue du référendum sur la sortie de l'Union.
Jonathan Coe pourrait bien être condamné à écrire une suite, tout aussi passionnante, n'en doutons pas, à ce roman au vu des rebondissements à venir dans le psychodrame que vit son pays depuis trois ans...
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Le récit commence en avril 2010, Benjamin Trotter, 55 ans, s'est retiré dans un moulin, il essaye de terminer l'écriture de son roman et s'occupe de son père, récemment veuf, et farouche partisan de la sortie de l'Angleterre de l'Europe. Benjamin quant à lui s'intéresse peu à la politique. Sa nièce Sophie, brillante universitaire historienne d'art a épousé Ian, un homme aux idées politiques diamétralement opposées aux siennes. le meilleur ami de Benjamin, Doug, est un journaliste politique de gauche dont la fille Coriandre va adopter des positions extrêmes en participant à des émeutes qui ravageront le pays en 2011.

Après une grave crise financière dans cette société dominée par la finance, la coalition Nick Clegg/David Cameron arrive au pouvoir marquant la rupture du vieux système de l'alternance. Une politique d'austérité féroce aboutira aux émeutes de 2011. Les Jeux Olympiques de juillet 2012 à Londres vont provoquer un élan de ferveur patriotique au sein de la nation britannique mais les élections législatives de mai 2015 porteront au pouvoir le conservateur Cameron dont le programme prévoyait un référendum sur l'UE pour calmer la frange eurosceptique de son parti, un pari très risqué qui débouchera sur le Brexit.

Dans ce roman Jonathan Coe mêle des histoires individuelles et l'histoire collective de la dernière décennie en Angleterre, de 2010 à l'après Brexit. Il met ses personnages dans des situations en lien avec les problématiques du moment de l'Angleterre, comme l'homophobie, la xénophobie, le racisme, la montée du nationalisme, le déclin de l'industrie britannique, les difficultés de la classe moyenne, la montée du nationalisme, le politiquement correct qui met à mal le maintien de certaines traditions essentielles aux yeux de certains britanniques... Avec un regard très aiguisé et sans concession, un humour délicieux et une ironie mordante, il dresse un saisissant portrait de la société britannique depuis 2010 et montre de façon très cohérente l'enchaînement qui a mené les britanniques à la situation qu'on connaît.
Le tout est à la fois très romanesque et historique. Certains passages sont jouissifs, comme celui qui relate les réactions des britanniques découvrant la cérémonie d'ouverture des JO qui retraçait l'histoire de leur pays, le passage où Benjamin retrouve Jennifer, une jeune femme avec qui il a eu une liaison près de 40 ans plus tôt est jubilatoire, sans parler des dialogues croustillants entre Doug et le responsable de la communication du premier ministre lors de leurs tête à tête secrets. Avec son humour si british Jonathan Coe n'hésite pas à égratigner au passage le milieu des politiques, des écrivains et de l'édition.
Ce roman empreint d'humour et de mélancolie est une fresque historique passionnante, c'est un roman très riche sur le Brexit. Les 560 pages s'avalent avec délice et j'ai très envie de lire les ouvrages précédents de cet auteur que je n'avais jamais lu. Même s'il reprend ici les personnages de ses précédents livres il n'est absolument pas nécessaire de les avoir lus pour se régaler avec celui-ci.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Nous retrouvons la famille Trotter qui évolue en même temps que son pays au gré des aléas de la vie quotidienne et de l'histoire politique de l'Angleterre de 2010 à 2018.
Toute une décennie qui passe par la cohabitation, les émeutes de 2011, la liesse des Jeux Olympiques et bien sur le référendum qui amène au Brexit.

Lorsque nous reprenons le cours de la vie des Trotter, Benjamin vit depuis quelques mois dans un moulin, il ne travaille plus et tente de devenir écrivain. Sa conscience politique mettra beaucoup de temps à s'éveiller, ce n'est pas quelque chose qui l'intéresse, mais lorsque la question de quitter l'Europe va se poser, son intérêt va rapidement évoluer.
Pendant ce temps sa soeur Loïs vit toujours à York où elle est bibliothécaire, sans être vraiment séparée de son mari elle ne vit pas dans la même ville que lui, toujours obsédée par ses vieux démons, à savoir l'attentat dans un Pub où elle était présente à la fin des années 70 avec son amoureux de l'époque.
Sa fille Sophie est universitaire, spécialisée dans l'histoire de l'Art, elle va enfin rencontrer quelqu'un mais les divergences politiques sont parfois cruelles dans un couple.
Et puis il y a Doug le vieux copain d'école de Benjamin, un journaliste politique reconnu et qui régulièrement rencontre Nigel le responsable de la communication du 10 Downing Street, leurs échanges réguliers sont assez bien vus et plutôt amusants vu de l'extérieur.

De nombreux autres personnages apportent une vision plus précise sur la société et l'on se rend compte que les magouilles politiques et la langue de bois sont décidément les mêmes quelque soit le pays.
La vision des hommes politiques et de la politique en général est assez critique et parfois sarcastique mais comment en vouloir à nos personnages !
L'approche du référendum augmente les tensions, les discussions, et même au sein des familles et des couples les désaccords se font de plus en plus ressentir, et on voit très bien comment les politiques et les gens du "peuple" n'ont pas la même lecture des évènements ni les mêmes attentes.
Et puis il y a ceux qui cherchent à profiter de toutes situations... ceux qui n'ont aucun scrupule et ne pensent qu'à leurs propres bénéfices.

Bref un roman passionnant qui se dévore grâce à la fluidité de l'écriture, et une excellente traduction.


Lien : https://enviedepartagerlesli..
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