AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 1236 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux ans après la crise financière qui a secoué le monde et engendré une ligne de fracture abyssale partout en Europe, les Britanniques sont profondément divisés par un fossé culturel et social. Le racisme et la xénophobie sont de plus en plus virulents, les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, la classe moyenne se sent victime et a le sentiment qu'on ne l'écoute pas. Quant aux antagonismes de partis, la plupart des Anglais n'en veulent plus, et certains sont tentés par le nationalisme que défendent les populistes.

Sans aucun doute Jonathan Coe essaie de comprendre son pays. Ainsi, alors qu'en ce moment les pour et les contre Brexit s'y affrontent, sous l'angle de Benjamin, Doug, Sophie et les autres, il nous invite à découvrir dans la dernière décennie les racines de la dérive britannique (qui est aussi celle d'autres pays européens). Éclairante et un brin mélancolique, une analyse pertinente, drôle et pleine de recul de la crise anglaise que seul un Britannique lucide et ouvert au monde, tel Jonathan Coe, pouvait offrir à ceux qui s'interrogent sur celle que des Français du XVIIe siècle ont nommé la Perfide Albion...
Commenter  J’apprécie          1186
Le cru 2019 de Jonathan Coe s'inscrit dans l'actualité encore brûlante puisque le brexit ne cesse de faire couler l'encre, jour après jour, pour savoir comment extirper cette balle dans le pied que les anglais se sont tirée presque malgré eux.

Bien entendu, il s'agit d'un roman et l'on retrouve des personnages déjà croisés dans Bienvenue au club, il y a quelques années. Et c'est un vrai plaisir de les voir débattre, nouer des alliances, se séparer pour mieux se retrouver au fil d'un quotidien ordinaire. Ils sont assez nombreux, autour de Benjamin, l'ermite au bord de la rivière, sa famille, ses amis, ses relations sociales. Et tout se joue autour de l'écriture de son roman, oeuvre entamée des années plus tôt et alimentée sans tri sélectif au point de se retrouver avec un pavé illisible. Ce qu'en fera son éditeur est à mourir de rire.

Grand moment aussi que l'ouverture des Jeux Olympiques, Il n'y a que Jonathan Coe pour retranscrire cette ambiance particulière, où pour quelques minutes tous les anglais se sont retrouvés soudés devant le même spectacle.

Pas de prise de position pour les Leave ou les Remain, mais une savante analyse de la situation et de sa complexité. Les politiques ne sont pas épargnés : un peu d'ironie n'a jamais tué personne.

L'humour est en effet là, parfois amer, jamais méchant, mais imprégné de ce qui fait le charme de cette spécialité britannique.


Grand plaisir donc de parcourir ces pages, et le roman ne dénote pas parmi les autres. Les fans apprécieront et les nouveaux venus auront un aperçu fidèle du talent de l'auteur.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          980
Depuis ma découverte de "Testament à l'anglaise" en 1998, j'ai toujours plaisir à retrouver Jonathan Coe au détour de l'un de ses romans, et je le tiens pour l'un des auteurs actuels les plus brillants.
Dans cette chronique de l'Angleterre des années 2010 à 2018, on suit l'existence de différents personnages qui gravitent autour de Benjamin (déjà croisé dans "Bienvenue au club" et "Le cercle fermé", mais il n'est pas nécessaire de les avoir lus pour apprécier cet opus), 50 ans au début de l'histoire, auteur d'un roman de 5 000 pages qu'il a mis 35 ans à écrire. Ces personnages (journaliste, clown, universitaire, retraité, lycéenne...) sont tous confrontés aux profondes questions sociétales qui divisent leur pays : fin de l'Etat-providence, sentiment de perte identitaire, rejet des élites, montée de l'intolérance, Brexit. Chacun d'entre eux essaie d'appréhender au mieux ce monde où les repères disparaissent les uns après les autres, et d'affronter son propre désarroi.
Malgré la gravité des thèmes abordés, le roman n'est pas déprimant car Jonathan Coe ne se départ jamais de son humour (certains passages et dialogues sont hilarants), ni de sa douceur et de son humanité. Il propose (comme toujours) des pistes de réflexion argumentées, et j'ai aimé retrouver sa dénonciation subtile et feutrée (so british !), mais avant tout imparable, du libéralisme et du populisme qui ravagent son pays. J'ai également été touchée par le dernier moment de concorde de tous ces personnages, autour de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de 2012. Au fond, il émane de cette chronique une tendresse mélancolique pour cette Angleterre qui ne mérite pas ce qui lui arrive.
Cependant, ce roman m'a aussi laissé un goût amer, tant la situation qu'il décrit fait penser à celle que traverse notre pays (où les JO se tiendront dans 2 ans, parallélisme supplémentaire !), et je me demande quel auteur écrira dans quelques années "Le coeur de la France".
Mais dans l'attente, je vous invite à rejoindre Benjamin, ses amis, ses amours, ses ennuis, pour apprécier la grande qualité littéraire de ce livre et mesurer l'immense talent de Jonathan Coe.
Alors, keep calm and enjoy the book !
Commenter  J’apprécie          539
2010-2018, une tranche de vie anglaise. Benjamin et Loïs viennent d'assister à l'incinération de leur mère. Il leur faut maintenant s'organiser pour aider leur père à vivre. Benjamin vit seul dans sa nostalgie, au bord d'une rivière, ré-écrivant en permanence un roman qu'il ne parvient pas achever. Loïs vit un compagnonnage distant avec Christopher, son mari. En rentrant des obsèques, Sophie leur fille commet un excès de vitesse, infraction qui lui permettra de rencontrer Ian. Doug, chroniqueur politique et meilleur ami de Benjamin, subit l'adolescence difficile de sa fille Coriandre tout en essayant de comprendre où les politiques veulent conduire son pays. Un pays où monte progressivement le rejet de l'Europe, attisé par les calculs politiciens, jusqu'au brexit. Des tranches de vies au sein d'une Angleterre bouleversée par des mutations dont elle n'est pas toujours consciente...

Jonathan Coe nous fait partager presque dix années de la vie d'une famille et de leurs amis, proches ou qui le deviendront : on s'aime, on s'affronte, on se quitte, on se retrouve... Dix années marquées par la montée de la xénophobie et le rejet de l'Europe : les étrangers deviennent responsables de tous les maux. Jusqu'au traumatisme du brexit.

Au fil des pages on vit le flegme de la campagne, la frénésie des villes, le cynisme des politiques, la peur des lendemains, l'amour, la mort, l'amitié.

Pas beaucoup d'action dans ce texte ; l'auteur s'efforce de nous faire partager le quotidien de quelques anglais plutôt pas trop défavorisés, mais qui n'en ont pas totalement conscience.

C'est écrit d'une plume alerte, avec une bonne dose d'humour et de dérision (d'auto-dérision ?). Les pages se laissent avaler tranquillement. On aurait presque envie de s'installer dans un fauteuil, d'allumer une pipe et la cheminée, d'avaler une gorgée de bière ou de whisky de temps en temps et de tourner les pages en se laissant bercer par le crépitement de la pluie sur les carreaux. C'est ça la magie de Coe : il ne nous raconte pas l'histoire, il nous la fait vivre !
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
Commenter  J’apprécie          452
Il faut être sacrément doué pour concilier fiction et inquiétudes politiques encore « chaudes ». Et Jonathan Coe y parvient indéniablement dans ce nouveau roman centré autour du Brexit. Il faut dire que le sujet est d'importance et que de nombreux autres romanciers s'y sont attelés, avec des bonheurs divers.

Avec toute la générosité qu'on lui connaît, il bataille pour démontrer toute l'absurdité de certaines positions politiques, qui n'ont souvent rien à voir avec la défense des intérêts de la nation dans son entier mais plutôt avec des manoeuvres politiciennes à court terme.

Ce qui m'a le plus frappé c'est de me rendre compte à quel point les similarités avec ce que nous vivons en France sont nombreuses, alors que je pensais la situation de la Grande-Bretagne difficilement comparable. Jonathan Coe, par exemple, insiste sur ce sentiment de colère sourde qui envahit son pays. Et aussi sur la mise en pièce des quelques sécurités qui restaient de l'immédiat après-guerre… Cela m'a rappelé bien des choses…

Je suppose qu'on peut lui reprocher d'être parfois trop démonstratif, un peu trop long aussi dans la description de certaines manoeuvres politiques, mais j'ai aimé retrouver les Trotter et leur entourage. La narration est tout du long bien menée, les surprises nombreuses. Comme toujours chez cet auteur on est dans l'empathie et ça fait du bien de croire qu'un monde moins violent, moins cynique aussi, est possible.
Commenter  J’apprécie          445
Voilà un auteur que je n'ai jamais lu, mais tant de critiques positives ont attiré mon attention sur Babelio, (notamment celles d' ami.e.s babeliotes) qu'il fallait bien que j'aille y voir d'un peu de plus près.
Ce qui m'attirait en premier lieu, c'étaient ses romans qui ont pour arrière-plan l'évolution de la société britannique et ses changements et ses errements politiques. Coe est, semble-t-il, considéré comme un fin analyste, sans concession, de ces cinquante, ou plus, dernières années de la «très noble et très vieille Angleterre », selon la formule souchonnesque.

Ici, ce sont les années 2010 à 2018, vécues par la famille Trotter, une famille de la moyenne bourgeoisie de la « Middle England » (le titre anglais du livre), et dont l'ancrage est Birmingham.

Au fil d'un scénario somme toute assez classique d'une vie familiale, avec ses amours, ses ruptures, ses deuils, ses conflits entre générations, son happy-end, l'auteur nous livre une description passionnante de la société anglaise, durant les années 2010 à 2018.
On se dit parfois, en lisant tel ou tel passage, que ça nous échappe un peu, que ça doit parler plus aux sujets de sa Majesté qu'à nous français; par exemple, l'atmosphère des JO de 2012, les descriptions de Birmingham ou de Londres, les références aux artistes.

Mais hélas, aussi, que le parallèle avec notre pays, avec les travers de notre société française, fait mal. Haine des immigrants, des élites, racisme, populisme, manipulations des foules par des populistes soutenus par de riches financiers, et puis, désindustrialisation, paupérisation des classes moyennes, décalage entre les « bobos » des villes et les déclassés des campagnes, entre les élites politiques et la population, etc..tout y est à peu près transposable à ce qui se passe et enfle d'année en année dans notre pays.

On n'est cependant pas du tout dans un roman « à thèse », le lecteur y partage les joies et les peines de la famille Trotter. du grand père Colin à la petite-fille Sophie, en passant par son fils Benjamin et sa soeur (et mère de Sophie) Lois, tous les personnages sont attachants. On s'attache plus particulièrement aux personnages principaux qui animent l'intrigue romanesque, Benjamin et Sophie.
L'un timide, réservé et plutôt solitaire, écrivain à ses heures perdues, qui trouve sur le tard une petite notoriété littéraire, l'autre solaire, directe, et volontaire, dont la foi dans sa mission universitaire va être bien déçue. de plus, une bonne partie de la famille se décide à venir vivre en France après le Brexit, donc, forcément, ils nous sont sympathiques.

Mention spéciale pour les pages qui décrivent le climat enflammé au sein de la population et des familles durant les périodes pré- et post-Brexit. Les racines de ce basculement, les mécanismes à l'oeuvre y sont, mine de rien, mis au jour sans concession.

En conclusion, un roman plaisant, d'un observateur perspicace de la société britannique, …et de l'âme humaine.
Ça donne envie de lire les autres romans de la même veine, dont Testament à l'anglaise.
Commenter  J’apprécie          435
Jonathan Coe raconte avec ironie l'Angleterre des années 2010 et les principaux événements qui ont l'ont conduite au désastreux Brexit. Comment en sommes-nous arrivés là ? C'est la question que se pose l'auteur.

Dans cette Angleterre des années 2010, les événements politiques se succèdent : fracture sociale de plus en plus visible, immigration, chauvinisme, racisme et xénophobie, émeutes de 2011 à Londres (sans gilets jaunes, certes) qui secouent et appauvrissent le pays, référendum approuvant la sortie de l'Angleterre de l'Union européenne mais également les Jeux Olympiques de Londres de 2012. Dans ce contexte difficile d'un pays en crise, Jonathan Coe dresse un portrait réaliste d'une Angleterre tourmentée, expose les différents points de vue en jeu, et rapporte comment sont perçus ces événements par la société britannique. Il ne se contente pas de relater les événements politiques mais les introduit subtilement dans l'histoire des personnages et relie habilement destins individuels et collectifs. « Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment mes personnages romanesques peuvent être affectés par l'histoire et la politique. »

Jonathan Coe romance avec une grande habileté l'histoire récente de son pays et tente de comprendre l'origine de la fracture qui divise celui-ci. Il distille progressivement les événements et les états d'âme des protagonistes pour arriver au séisme du 23 juin 2016 et au chaos du Brexit. Quelle sera la suite ?
Commenter  J’apprécie          430
J'ai entamé ce livre avec une petite pointe d'appréhension, le sujet n'allait-il pas être rébarbatif ? C'était par oubli du talent de l'auteur . Et c'est même passionnant de se retrouver au coeur d'un sujet aussi brûlant et toujours actuel que le Brexit :

L'art de cet écrivain est de nous présenter les grands événements survenus en Angleterre entre 2010 et 2018 à travers quelques personnages attachants dans lesquels on pourrait facilement se retrouver .

Et pas besoin d'avoir lu les deux ouvrages précédents: Bienvenue au Club et le cercle fermé pour comprendre rapidement ce qui les identifie .

Le personnage de Doug, journaliste politique par l'intermédiaire de rencontres informelles avec un homme jeune plein d'ambition et proche du Premier Ministre permet à Jonathan Coe d'exprimer les faits ,en particulier sur le Brexit ( et par moments on croit rêver ) . Les discussions en famille ou entre amis nous plongent également dans les débats d'idées qui n'ont rien à envier aux nôtres .

Ce n'est jamais plat car ces hommes et ces femmes ont de la consistance , on assiste à leurs joies et leurs peines, au début d'une carrière ou à leur interrogation sur leur avenir . Ce sont des gens que l'on croise dans la rue ou que l'on côtoie parmi ses amis ou sa famille, ceux qu'on aime bien ou qu'on a du mal à supporter : un quotidien qui est tout sauf banal, qui fait réagir , qui nous fait rire ( mention spéciale pour la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de 2012 ) ou s'apitoyer ... La vie en vrai en somme !
Commenter  J’apprécie          383
J'ai beaucoup aimé cet ambitieux roman de Jonathan Coe, qui constitue une passionnante fresque, sur l'évolution du Royaume Uni, durant la décennie, qui vient de s'achever.
Jonathan Coe aborde tous les sujets, y compris ceux qui fâchent : les fractures sociales, le Brexit...
Quoique parfois amusant, ce portrait d'un Royaume Uni profondément fracturé et déchiré, laisse pourtant une tonalité douce amère, représentant sans doute le sentiment de Coe, concernant l'évolution des terres britanniques.
L'écriture de Jonathan Coe, m'a plue ; belle, fine, raffinée, élégante, elle est surtout parfaitement complète, avec cette histoire, qui oscille, entre joie et tristesse.
Une très belle méditation, sur le Royaume Uni contemporain !
Commenter  J’apprécie          340
L'auteur nous dresse ici le portrait de l'Angleterre des années 2010, vu à travers le prisme de divers personnages de la classe moyenne dont un écrivain, une universitaire, un journaliste, un homme politique, les jeunes générations et les « anciens » et tant d'autres.
Tous subissent ou participent aux bouleversements que connut alors ce pays que souvent ils ne reconnaissent plus, un pays en proie à la désindustrialisation, au racisme, au règne de la finance toute puissante, et qui finalement en 2016 fit le choix du Brexit, véritable traumatisme.
Voilà un roman mené avec beaucoup d'habileté, de fluidité, teinté de nostalgie et d'un humour parfois empreint de gravité. J'ai cependant noté un épisode hilarant : les retrouvailles érotiques de l'écrivain avec un amour d'antan, trente sept ans plus tard, se terminant en fiasco dans une penderie ! Une scène d'anthologie.
Commenter  J’apprécie          312




Lecteurs (2409) Voir plus



Quiz Voir plus

La pluie, avant qu'elle tombe

A quel âge est morte Rosamond?

71
72
73
74

15 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan CoeCréer un quiz sur ce livre

{* *}