Voilà un auteur que je n'ai jamais lu, mais tant de critiques positives ont attiré mon attention sur Babelio, (notamment celles d' ami.e.s babeliotes) qu'il fallait bien que j'aille y voir d'un peu de plus près.
Ce qui m'attirait en premier lieu, c'étaient ses romans qui ont pour arrière-plan l'évolution de la société britannique et ses changements et ses errements politiques. Coe est, semble-t-il, considéré comme un fin analyste, sans concession, de ces cinquante, ou plus, dernières années de la «très noble et très vieille Angleterre », selon la formule souchonnesque.
Ici, ce sont les années 2010 à 2018, vécues par la famille Trotter, une famille de la moyenne bourgeoisie de la « Middle England » (le titre anglais du livre), et dont l'ancrage est Birmingham.
Au fil d'un scénario somme toute assez classique d'une vie familiale, avec ses amours, ses ruptures, ses deuils, ses conflits entre générations, son happy-end, l'auteur nous livre une description passionnante de la société anglaise, durant les années 2010 à 2018.
On se dit parfois, en lisant tel ou tel passage, que ça nous échappe un peu, que ça doit parler plus aux sujets de sa Majesté qu'à nous français; par exemple, l'atmosphère des JO de 2012, les descriptions de Birmingham ou de Londres, les références aux artistes.
Mais hélas, aussi, que le parallèle avec notre pays, avec les travers de notre société française, fait mal. Haine des immigrants, des élites, racisme, populisme, manipulations des foules par des populistes soutenus par de riches financiers, et puis, désindustrialisation, paupérisation des classes moyennes, décalage entre les « bobos » des villes et les déclassés des campagnes, entre les élites politiques et la population, etc..tout y est à peu près transposable à ce qui se passe et enfle d'année en année dans notre pays.
On n'est cependant pas du tout dans un roman « à thèse », le lecteur y partage les joies et les peines de la famille Trotter. du grand père Colin à la petite-fille Sophie, en passant par son fils Benjamin et sa soeur (et mère de Sophie) Lois, tous les personnages sont attachants. On s'attache plus particulièrement aux personnages principaux qui animent l'intrigue romanesque, Benjamin et Sophie.
L'un timide, réservé et plutôt solitaire, écrivain à ses heures perdues, qui trouve sur le tard une petite notoriété littéraire, l'autre solaire, directe, et volontaire, dont la foi dans sa mission universitaire va être bien déçue. de plus, une bonne partie de la famille se décide à venir vivre en France après le Brexit, donc, forcément, ils nous sont sympathiques.
Mention spéciale pour les pages qui décrivent le climat enflammé au sein de la population et des familles durant les périodes pré- et post-Brexit. Les racines de ce basculement, les mécanismes à l'oeuvre y sont, mine de rien, mis au jour sans concession.
En conclusion, un roman plaisant, d'un observateur perspicace de la société britannique, …et de l'âme humaine.
Ça donne envie de lire les autres romans de la même veine, dont
Testament à l'anglaise.