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Critique de StCyr


Au coeur du Veld, région désertique oubliée de Dieu, à sept lieues de tout voisinage, à l'époque des charrettes, des maîtres et des serviteurs, une vieille-fille traîne son spleen dans la maisonnée du père et soliloque dans la solitude des jours. Sa précédente épouse étant morte en couche sans lui avoir laissé d'enfant mâle, ce dernier, homme sanguin mais silencieux, monolithique, comble le vide des heures, des journées, des semaines, des années, dans la sempiternelle succession de rites immuables. La délaissée rumine en son délire, sans but et sans espoir, elle ressasse d'aigres vengeances recuites dans le creuset de la haine d'un sort qu'elle considère comme injuste et vil. le temps s'écoule en fantasmagories hallucinatoires, en ruminations mortifères, en observations distanciées des outrages du temps sur son corps, de ses petites imperfections, des migraines qui taraude son esprit alangui livré complaisamment à un ascétisme exclusif et autodestructeur. Son regard oscille entre neutralité scientifique de l'entomologiste devant l'agitation d'une fourmilière et auto apitoiement larmoyant. Cynisme et désespoir tisse la trame des heures uniformes. Alors, lorsque le factotum de la ferme revient avec son épouse, une jeunesse à peine sortie de l'enfance, le père ne tarde pas à lui tourner autour; et sa fille d'observer le manège...

Journal intime, chronique de l'ennui, parabole ou allégorie de l'histoire de l'Afrique du sud, peu importe. Les velléités délirantes de la narratrice, le solipsisme radical de cette dernière, l'atmosphère de huis-clos et d'expectative, le style varié de la langue de l'auteur, tour à tour lyrique, nerveux ou d'une froideur clinique : tout concourt à faire de ce roman un moment mémorable.
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