AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Disgrâce aborde des thèmes qui, généralement, ne m'attirent pas. D'abord, il y a ce professeur d'université David Lurie qui, pour meubler sa solitude après deux divorces, emploi les services d'une prostituée. Puis, tout d'un coup, il ressent une passion violente à l'endroit d'une de ses étudiantes, Mélanie. Elle a beau être majeure, c'est mal d'un point de vue éthique. Ses états d'âmes, ses démêlés avec le comité de discipline, tout le bataclan, pas intéressé ! Ces romans et personnages qui montrent de pareils côtés sombres ne m'ont jamais attiré. C'est bien le nom de J.M. Coetzee qui m'a poussé à choisir ce livre à la bibliothèque et à en continuer la lecture après avoir découvert de quoi il s'agissait. Mais bon, tout le monde a droit au plaisir, même âgé. (Et peut-être encore plus !) Ceci dit, pour un cinquagénaire qui est supposé ressentir plein de plaisir et de passion, je l'ai trouvé distant. Dans tous les cas, jamais je ne me suis associé à lui ni même été capable de me mettre dans sa peau. Je ne sais toujours pas si c'est à cause de moi (de mes goûts ou dégoûts) ou du style de l'auteur.

Éventuellement, le professeur David Lurie démissionne de son poste et quitte LeCap pour rejoindre sa fille dans une ferme isolée. Lucy s'occupe d'un chenil, prend soin des animaux, cultive la terre, etc. Lui, il pourra écrire un livre. Mais les malheurs les rattrapent : une bande de Noirs les attaquent et les cambriolent (et on soupçonne qu'ils violent sa fille). Lucy a une drôle de réaction, que je comprends et, en même temps, que je ne comprends pas. C'est contradictoire, je sais, mais je n'y peux rien. Elle ne veut rien entendre, ni trouver les coupables ni s'en aller, alors que son voisin Petrus devient de plus en plus suspect… C'est probablement cet événement qui pousse Lurie vers la rédemption. Ça et leur cohabitation difficile.

Rendu à ce point de ma lecture, je ne savais plus très bien à quoi m'en tenir. Quel est le sujet principal de ce bouquin ? Remarquez, on peut très bien cumuler… J. M. Coetzee revient à son intrigue première, ramène David Lurie au Cap. Il cherche un sens à donner aux événements, peut-être le pardon du père de Mélanie. C'est assez ironique que sa fille se soit fait agresser après qu'il ait abusé d'une étudiante (sans vouloir placer sur le même pied une relation consentente avec un viol). Des sujets très délicats…

Je ne veux pas dévoiler les derniers éléments de l'intrigue. Ils m'ont donné froid dans le dos. La situation en Afrique du Sud me dépasse (je ne suis pas trop l'actualité de ce pays) mais les relations tendues entre les Blancs et les Noirs décrites dans ce roman sont troublantes et désespérantes. Même dans cette ère post-Apartheid. Parce que, sous couvert de retour aux sources et d'abus de femmes, Coetzee revient encore et toujours à ça : l'occupation du territoire et du désir de vengence qui en découle. Ouf ! Disgrâce ne fut pas une lecture plaisante, mais tout de même enrichissante, marquante et probablement nécessaire.
Commenter  J’apprécie          442



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}