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Critique de hexagone


Sommes-nous tous des Barbares ?

Aux portes d'un désert que l'on suppose vaste et hostile, se trouve une ville, un avant poste, le dernier avant l'immensité.
Le magistrat de cette ville, gérant les affaires courantes en bon père de famille est confronté à l'arrivé du Colonel Joll et de son armée.
Car un danger plane, les Barbares devraient attaquer.
Les Barbares ce sont les autres, les différents, les nomades hostiles et dangereux, ceux que l'on a rejeté aux confins des montagnes. Etrangers sur leur propre terre.
S'installe un climat oppressant malgré une collaboration de principe entre les deux hommes.
Puis vient le temps des rapts, des tortures, de l'abandon de l'humanité. Cette humanité que certains ont décidé de ne pas voir dans le regard de l'autre. D'ailleurs Joll porte des lunettes de soleil noires, est ce pour ce préserver de l'éclat scintillant de la vérité ?
La scène où les captifs sont présentés dans la cour avec les mains transpercées d'un fil de fer puis passé dans les joues, les obligeant à garder les mains collées au visage est particulièrement atroce et évoque l'impuissance, la parole confisquée, l'homme placé au rang d'animal.
Le livre est imprégné d'un climat de tension palpable et corrosif, les rapports entre les deux hommes symbolisent deux visions du monde. D'un côté l'incompréhension et l'administration de consignes hiérarchique ( l'armée) de l'autre l'interrogation au travers des yeux de l'administrateur civil.
Un livre dont il est difficile de rendre compte, Coetzee évoque la raison d'état et la force de l'administration, son aveuglement. Seul un homme s'oppose à cette force destructrice un homme seul, le magistrat de la ville,essayant de comprendre l'incompréhensible.
Difficile de ne pas penser à la guerre en Irak.
C'est l'une des forces du livre, grâce à la métaphore illustrée par cette bourgade, Coetzee évoque aussi bien l'apartheid, que la colonisation, les conquêtes amérindiennes. Couronné par le talent de l'auteur que je ne connaissais pas auparavant.
Un livre court mais dense, un trou noir littéraire. Combien sont-ils ces livres qui ont la capacité d'absorber la réalité, de la transfigurer et dans faire un pamphlet intemporel ( le livre fut écrit en 1980 mais garde toute sa fraîcheur) .
Un grand livre que ce court roman dont l'auteur a absorbé la réalité d'une humanité désolante pour en faire un chef d'oeuvre.
Adepte du page-turner passez votre chemin, c'est court mais dense, il faut reprendre sont souffle entre les chapitres, savoir se séparer de cette histoire pour ne pas finir absorbé.
Je suis le premier à dire que je connaissais pas cet écrivain auparavant, comment se fait-il qu'il ne soit pas davantage connu en France ?
A la lecture, difficile de ne pas prenser " Au désert des Tartares ", certains passages de désolation me font penser à" La route", d'autres à " Sept cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée ".
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