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Critique de Sachenka


JM Coetzee nous propose une histoire bien étrange, avec son roman En attendant les barbares. On ne sait pas trop où ni quand elle se déroule et ce n'est pas vraiment important. le narrateur est le magistrat d'une ville frontalière repliée sur elle-même. Au-delà des murailles, dans le désert montagneux, aride et froid, se cachent des barbares. On ne sait pas beaucoup de choses sur eux, sinon que tout ce territoire leur appartenait autrefois, il y a très longtemps. On les craint mais on ne sait pas trop pourquoi. Sans doute parce que l'Empire en a décidé ainsi, il faut un ennemi commun alors on invente cette menace. Pourtant, les rares barbares qu'on a vus vivaient misérablement dans des huttes près du lac et de la rivière. Quoiqu'il en soit, le lecteur assiste surtout au malaise croissant dans la petite communauté puis à l'arrivée réjouissante d'une compagnie armée envoyée en renfort. Mais le narrateur, lui, voit cette arrivée d'un mauvais oeil…

Beaucoup comparent En attendant les barbares avec le désert des Tartares, de Dino Buzzati. Oui, il y a des ressemblances. Parr exemple, cette forteresse, ce bastion de la civilisation aux frontières de nulle part. Mais, alors que le héros de Buzzati perd la raison en croyant accomplir son devoir absurde de tenir tête à un ennemi invisible (peut-être même disparu ?), celui de Coetzee doit faire la guerre aux siens. C'est que l'Empire redoute ces barbares qui sont à ses portes. D'ailleurs, la nouvelle compagnie armée tout droit de la capitale disperse quelques groupuscules de ces barbares, en fait quelques uns prisonniers et les torture. le magistrat s'y oppose, les prend en pitié, surtout leur vient en aide. D'ailleurs, il recueille l'une d'entre eux chez lui. Ce geste lui vaut l'animosité des soldats et l'incompréhension des civils, qui se détachent de lui. Pourquoi les aime-t-il ? Est-il en ligue avec eux ? » La peur, toujours la peur gouverne les esprits, alors on s'acharne davantage sur les barbares, on les provoque.

Coetzee nous propose une réflexion sur la condition humaine. Au nom de la civilisation, plusieurs protagonistes commettent les pires atrocités. C'est beaucoup dire. Mais, finalement, la compagnie armée est défaite et éparpillée, les rares soldats à revenir laissent tomber les armes. Les civils sont maintenant sans défense. Et le magistrat est maintenant trop vieux et isolé pour y faire quoi que ce soit. Il ne reste plus qu'à attendre les barbares. Alors que leur avancée menace la ville, les passions se déchainent, on s'entre-déchire. Les civils qui le peuvent s'enfuient, pour les autres, c'est la déchéance. On se rend compte à quel point la civilisation est fragile… C'est tout un retournement : les barbares, les indigènes reprennent leurs droits sur leurs terres ancestrales. Beaucoup y voient une allégorie, on peut en effet comparer cette situation avec le régime ségrégationnsite qui sévissait en Afrique du Sud, assurant la suprémacie des Afrikaans sur les Noirs. On peut dire que, avec En attendant les barbares, l'auteur avait vu juste car l'Apartheid fut abolie onze ans plus tard…
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