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EAN : 9782021402391
176 pages
Seuil (01/09/2018)
3.38/5   109 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Une femme, écrivain, face aux assauts de la vieillesse. Chaque jour qui passe la rapproche de l’ombre, et elle constate, avec calme et lucidité, la déliquescence de ses facultés mentales. Autour d’elle se pressent les enfants, qui s’inquiètent pour elle, l’admonestent de quitter l’Australie pour les rejoindre. Elle s’y refuse pourtant, préférant affronter l'inéluctable dans la liberté et l'indépendance de la solitude, s'interrogeant j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Chez Cotzee, inutile de s'attendre à la chaleur humaine, le rayon de soleil qui réchauffe est absent. Dans ces sept histoires qui suivent, écrites entre 2003 et 2017, il y va de même. Les rapports entre les hommes, entre les hommes et les animaux sont sombres, glacés, voir sinistres.

Dés le premier épisode "Le Chien", nous sommes en milieu hostile. Il est question de la peur, où en se référant à Saint-Augustin qui "dit que la meilleure preuve que nous sommes des créatures déchues tient au fait que nous ne pouvons pas contrôler les mouvements de notre propre corps.", Coetzee semble nous dire, autant accepter le hasard et nos conditions d'être humain, il n'y a pas à proprement parler de choix.

S'en suit une histoire d'adultère amoral, intitulé simplement "Histoire ".
"Une femme mariée peut-elle cesser, suite à une décision mûrie, d'être mariée pendant un laps de temps, d'être elle-même, puis de redevenir ensuite une femme mariée ? Qu'est-ce que cela signifie, être une femme mariée ?", référence à Robert Musil , et sans doute à son livre "L'homme sans qualités ", que l'amant donne à lire à
la femme adultère. Recherche d'une réponse qui n'existe pas, si ça nous convient autant le vivre, sans remords, sans scrupules ?

À partir de la troisième histoire entre en scène Elisabeth Costello, un personnage déjà présent dans les précédents livres de Coetzee. Une écrivaine vieillissante, l'alter ego décalé de Coetzee. Elle a 65 ans et cherche à retrouver une dernière fois, une seconde jeunesse. Sa bru impitoyable, se référant à une nouvelle de Tchekov, annonce le verdict, "elle risque d'être déçue ", terrible.
La suite c'est toujours elle, Une femme résignée à la vieillesse et qui l'accepte sans trop de mélo, sans doute la vision lucide que l'auteur a de lui-même. Et cette terrible pensée pour son fils qui lui propose de venir vivre avec eux....
« Un garçon sombre, fils de parents sombres. Comment pourrait-elle rêver de trouver refuge chez lui, avec sa femme désapprobatrice aux lèvres serrées !
Au moins, songe-t-elle, ils ne me traitent pas en idiote. Mes enfants me font au moins cet honneur. ».

Coetzee continue à enfoncer la vérité concernant la vieillesse et à travers Castello revient sur un thème cher à lui, l'antispécisme, avec un vibrant plaidoyer en faveur d'une redéfinition de notre rapport au monde animal. « L'abattoir de verre » qui donne le titre à la traduction française en est la plus marquante, avec une critique virulente de la pensée de Heidegger sur les animaux. Selon lui, leur appréhension du monde est limitée ou dépouillée. "Les sens des tiques sont en alerte, mais seulement face à certains stimuli, par exemple l'odeur qui flotte dans l'air ou la vibration dans le sol qui trahit l'approche d'une créature à sang chaud". Costello retourne l'argument au philosophe, déclinant que ce que recherchait Heidegger à travers ses maîtresse est identique aux pulsions des tiques, "ce moment où la conscience se concentre en une palpitation , une intensité univoque avant qu'elle ne s'éteigne ?".
Ici l'important c'est l'état d'esprit de Costello ( Coetzee), pour qui ces questions d'ordre moral, importent très profondément, et pensant qu'elle fait partie d'une minorité, elle craint qu'avec sa mort elles disparaissent. Je pense donc que le titre de la v.o. « Moral tales » , serait ici plus explicite vu le fond de ces récits.

Derrière ces histoires minimalistes qui traitent des faits apparemment ordinaires, se profilent nos multiples identités complexes, "Combien suis-je ?". Coetzee touche des points sensibles de l'existence, avec son pessimisme de toujours, pourtant il dit, à un moment, à travers Costello, "La vie comme un ensemble de problèmes à résoudre, la vie comme un ensemble de choix à faire : quelle façon bizarre de voir les choses !”.
Une prose fluide, claire qui se lit avec plaisir. Coetzee est aussi un de ces auteurs qui me défient intellectuellement, et malgré le côté sombre de ses livres, que j'apprécie énormément. Un grand auteur, dont je voudrais rappeler qu'il reçut le Prix Nobel de Littérature en 2003.

"Où en serait l'art de la fiction s'il n'y avait aucun double sens ? Que serait la vie même s'il n'y avait que des têtes et des queues, sans rien au milieu ?"
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Commencer un recueil de nouvelles pour moi, c'est souvent suivre le même schéma. A la première nouvelle, apprécier simplement l'écriture, la façon d'aborder le sujet, se laisser porter par la simplicité qu'amène la brièveté... profiter. Dès la deuxième nouvelle, se poser la question du pourquoi l'auteur a décidé d'associer les deux, y a-t-il un fil conducteur, un message, quelque chose qu'il cherche à m dire... cogiter.

Ce qui est bien avec Coetzee ici, c'est qu'il me laisse parfaitement faire ces deux temps, puisque la première nouvelle est vraiment assez simple et parle d'un évènement brut du quotidien, mais avec une fin qui nous pousse à nous interroger en profondeur sur les rapports humains. Que le lien avec la deuxième nouvelle est pas évident du tout... mais comme à chaque fois entre deux choses, il y a toujours les moyens de faire un lien (si, si, essayer, c'est très facile, il y a toujours un lien entre deux choses)... Et qu'à partir de la troisième jusqu'à la dernière, le lien devient évident entre toutes ces dernières nouvelles, et qu'il n'y a plus qu'à les rattacher à ces deux premières, un peu à part, plus courtes.

Coetzee nous parle principalement de deux sujets dans ce recueil : notre rapport aux animaux et comment nous décidons de nous comporter avec eux et notre rapport à la vieillesse.... et comment nous décidons de nous comporter avec nos vieux. La dernière nouvelle est l'abattoir de verre qui donne le titre à l'ouvrage et ce n'est pas anodin. Elle part d'un premier postulat qui est que si on était confronté quotidiennement et directement à la façon dont on traite les animaux, les opinions sur le sujet évolueraient... basique (?). Et vous me voyez venir avec mes gros sabots... et si on était confrontés quotidiennement et directement à la façon dont on traite la vieillesse dans nos sociétés...

Le parallèle n'est pas du tout clairement énoncé par l'auteur mais il m'a semblé assez évident en tant que lecteur... surtout parce que dans mon processus de lecteur de recueil de nouvelles, l'analyse du titre est également importante, que ce soit un titre créé de toute pièces pour regrouper l'ensemble ou le choix d'une nouvelle pour devenir la nouvelle titre.

Au delà de ce processus de réflexion autour de la thématique et de la façon dont le recueil la fait ressortir, Coetzee nous offre sa façon très tranquille et simple d'analyser les rapports humains, sans violence ou brusquerie, et de nous amener à nous interroger du coup tout aussi tranquillement sur nos propres engagements. Il n'impose aucune position en faisant le choix de ne jamais diaboliser les personnages qu'il nous présente et en laissant s'exprimer leur vérité. C'est sans doute par son amour du vivant (puisqu'il serait ici mal venu d'évoquer son "humanité) qu'il parvient à nous amener à mieux réfléchir.... bien mieux en tout cas que les nombreux anathèmes médiatiques et opération coup de poing dont on nous abreuve en nous sommant de nous positionner au risque d'être immédiatement jugé et mis au ban de la société.
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Troisième rencontre avec Coetzee, encore une fois dans un nouveau registre, et une occasion de plus de constater que c'est un auteur qui explore aussi largement la nature humaine qu'il creuse profondément les sillons qu'il choisit.

L'abattoir de verre est l'une des séquences qui composent ce court roman, toutes tournant de manière plus ou moins explicite autour du personnage d'une femme intelligente, lucide, viscéralement attachée à sa liberté, intransigeante vis à vis d'elle-même, que l'on devine avoir été belle et célèbre grâce à sa plume. de séquence en séquence, d'âge en âge, de constat sur elle-même en capitulations sur ses compromis, on la voit chercher à rester debout face à la haine, face à ses propres manquements maternels, face aux conventions, face enfin à la mort qui vient. Une mort dont elle interroge, en dépit de sa pensée qui se fragmente sous les assauts de la vieillesse, notre capacité à la regarder en face, à travers la métaphore de l'abattoir de verre à installer au coeur des villes.

L'univers de Coetzee est austère, sombre, d'une grande exigence, qui force le lecteur à la réflexion sans lui laisser de porte de sortie : autant de raisons de croiser sa plume.



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Le hasard ayant orchestré cette deuxième rencontre avec l'oeuvre de JM Coetzee, et ne gardant pas un souvenir particulier de la première, je n'avais pas d'attentes particulières concernant cet ouvrage. L'a priori était positif toutefois, car son titre, empreint d'une poésie fragile et paradoxale, m'a attirée de suite. le hasard a-t-il donc bien fait les choses, ou la rencontre sera-t-elle sans lendemain ?

L'ouverture ce de livre a ressemblé à un faux départ une fois que je me suis rendue compte qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles, n'étant pas une grande adepte de ce format. Mais j'ai été emportée rapidement par ces sept récits qui m'ont donné l'impression d'être des portraits de femmes à un moment crucial de leur vie, avant de comprendre dès la troisième nouvelle qu'il s'agissait en réalité de la même personne. Cette troisième nouvelle est intitulée fort intelligemment « Vanité », car elle va donner le ton du recueil : ce mot est à prendre dans son sens le plus usuel, puisque le récit met en scène une Elizabeth Costello qui se fait belle une dernière fois dans sa vie, désireuse d'être vue comme une femme à part entière ; mais il est aussi à envisager dans son sens artistique, les vanités étant un type de tableau « memento mori », rappelant que la mort rôde impitoyablement.

Car c'est de décrépitude, de fin de vie, du désir que l'on peut garder de celle-ci et de son évolution alors que l'on aborde sa dernière tranche que ce recueil traite. C'est sombre, certes, mais c'est surtout très intellectuel, Coetzee excellant dans les aphorismes bien sentis, et dans la dissection de sujets moraux comme l'antispécisme, ou encore la question des personnes âgées et le manque de choix qui s'offre à eux sur la gestion de leurs dernières années : « Il y a un sujet sur lequel les vieux sont meilleurs que les jeunes, à savoir mourir. Il appartient aux vieux (quel mot bizarre !) de bien mourir, de montrer à ceux qui suivent à quoi ressemble une belle mort ». Un recueil de nouvelles brillant comme un diamant noir.
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Roman ? Recueil de nouvelles ?
On suit une femme, Elizabeth, écrivaine australienne. Sa fille Helen et son fils John. Cette femme est le lien des 7 récits. Sa jeunesse, sa vieillesse. Ses questionnements.
Des petites touches décrivent la vie de cette femme. J'ai aimé le récit sur son aventure avec un amant (heureuse dans son mariage elle a néanmoins un amant pour se sentir admirée). Les dernières histoires concernent le temps de la vieillesse. La peur de ses enfants face à l'âge venant. C'est très philosophique. Pas toujours évident. du coup je me suis éloignée de l'héroïne.
Le livre commence avec un chien et finit avec les animaux, leur âme, leur ressenti....
Un texte pas toujours accessible, une héroïne qui m'a paru lointaine. Je reste dubitative.....
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critiques presse (3)
Bibliobs
18 octobre 2018
Le prix Nobel 2003 publie "l'Abattoir de verre". Où l'on retrouve à la fois son héroïne fétiche, Elizabeth Costello, et son style parfait.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
10 septembre 2018
Elizabeth Costello, double littéraire du Prix Nobel sud-africain J.M. Coetzee, est l’héroïne de L’Abattoir de verre, saisissant portrait fragmenté d’une écrivaine au seuil de sa vie, qui médite sur l’ambivalence des humains et l’empreinte de toute œuvre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
06 septembre 2018
Avec « L’Abattoir de verre », le Prix Nobel sud-africain propose sept nouvelles autour de l’existence humaine et animale. Un instant de grâce, écrit Camille Laurens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
« La vérité vraie, c’est que tu es en train de mourir. La vérité vraie, c’est que tu es déjà sans défense, que demain tu seras encore plus démunie, et ainsi de suite, jusqu’au jour où il n’y aura plus d’aide du tout. La vérité vraie, c’est que tu n’es plus en mesure de négocier. (…) Tu ne peux pas dire Non au tic-tac de la pendule. Tu ne peux pas dire Non à la mort. »
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La caméra, la nuit dernière, suivait sur le tapis roulant un petit poussin en particulier. ’Alors voilà à quoi ressemble la vie ! ‘’Se disait-il.’’ Troublant mais pas trop exigeant jusqu’à présent.’’ Deux mains le soulevaient, écartaient le duvet entre ses cuisses, le replaçaient sur le tapis roulant. ‘’Que de tests ! se disait-il ; j’ai l’impression que j’ai réussi celui-là’. Le tapis continuait de rouler. Courageusement, il se laissait porter, affrontant l’avenir et tout ce que signifie l’avenir.
Je ne peux me défaire de cette image, John. Ces milliards de poussins nés dans ce monde magnifique, à qui nous accordons la grâce d’un jour de vie avant de les réduire en pâte parce qu’ils sont du mauvais sexe. Parce qu’ils ne cadrent pas avec le business plan.
Pour l’essentiel, je ne sais plus à quoi je crois. Mes croyances semblent avoir été recouvertes par le brouillard et la confusion……………………..
C’est pour eux que j’écris. Leur vie fut tellement brève, si facile à oublier. Je suis l’unique être de l’univers qui se souvienne encore d’eux, si nous mettons Dieu à part.
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« (…) Après mon départ, il n’y aura que du vide. Comme s’ils n’avaient jamais existé. C’est pourquoi j’ai écrit sur eux, et pourquoi je voulais que tu lises les papiers. Pour que je te transmette, à toi, leur souvenir. C’est tout ».
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Quand ce sera terminé, dans trois mois, trois ans, n'importe quand, elle redeviendra une femme mariée, mariée vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec, ancré en elle, le souvenir de savoir ce que cela fait d'être allongée sur un lit un jour d'été, dévorée par le regard d'un homme qui, même s'il ne peut pas vous peindre, portera pour le reste de sa vie, gravée dans son cœur, l'image de la beauté nue.
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L’Amérique n’est pas le Grand Satan. Ces types à la Maison-Blanche ne sont qu’une virgule dans l’Histoire. Ils partiront en temps voulu, et tout redeviendra comme avant.
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Tout comme le printemps est la saison qui regarde l'avenir, l'automne est la saison qui regarde vers l'arrière. Les désirs conçus par un cerveau automnal sont des désirs d'automne, nostalgiques, entassés dans la mémoire. Ils n'ont plus la chaleur de l'été ; même lorsqu'ils sont intenses, leur intensité est complexe, plurivalente, tournée vers le passé plus que vers l'avenir. 
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Même si sa mère contredit tout ce qu'il avance, il n'a pas le sentiment qu'elle lui soit hostile. Elle continue d'être sa mère, c'est-à-dire la femme qui l'a porté en elle, l'a veillé ensuite avec affection mais de façon abstraite, l'a protégé jusqu'à ce qu'il trouve son chemin dans la vie, puis l'a plus ou moins oublié. (p. 87)
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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