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Sophie Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782020638920
288 pages
Seuil (17/03/2004)
3.71/5   46 notes
Résumé :
Ce roman de J.M. Coetzee se déroule en Russie, à Saint-Pétersbourg, en 1869. Le personnage central du livre n'est autre que Dostoïevski : un écrivain, un exilé de retour dans un pays où il ne peut plus vivre, un homme seul en proie à la fois aux affres de la création et à un drame personnel.
Tout le roman joue sur le rapport subtil et angoissant entre l'écriture et la vie, entre l'invention et le réel - d'autant plus subtil dans ce cas précis que Coetzee a pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un homme reçoit un télégramme. Il doit quitter Dresde pour se rendre à Pétersbourg où son beau-fils Pavel est victime d'un accident mortel. Afin de s'imprégner des derniers instants du mort, il se rend dans les bureaux de la police car il souhaite ardemment récupérer tout objet lui ayant appartenu. Mais les choses ne sont pas si simples face au brigadier, puis auprès du conseiller Maximov. Tandis que le faussement dénommé Issaïev s'énerve, on comprend mieux son appétence des mots quand on sait qu'il est écrivain, et que l'essentiel des objets du défunt sont des lettres, des papiers et des listes. Mais des listes compromettantes pour le mort, attestant de son soutien à l'organisation clandestine d'un certain Netchaïev « La Vengeance du Peuple ». C'est fort, et quand plus tard il va rencontrer le groupe d'anarchistes, il lui faudra sonder les âmes comme il le fait dans ses livres, pour connaître le sens de cette fin de son beau-fils Pavel. S'est-il suicidé, ou bien a-t-il été suicidé/sacrifié ? Nous toucherons alors à l'âme russe et à ses démons ou plutôt aux Possédés de Dostoïevski alias Issaïev ici et pour Pavel à la Confession de Stavroguine. C'est très fort vraiment, un livre que j'ai lu lentement pour bien le déguster. Une histoire captivante qui nous donne de pénétrer dans l'univers intime des personnages, avec beaucoup de charme envers Anna Sergueïevna, de perspicacité pour l'enfant Matriona, de subtilité allant du chien hurlant à l'errance d'Ivanov, et de stratégie sur l'échiquier des terroristes à travers le tumulte, les conflits des pères et des fils.
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J'avoue que cette deuxième rencontre avec Coetzee m'a donné du mal.
D'une part, j'ai trouvé très déroutant de me retrouver, sous sa plume austère et profonde, dans l'univers de Dostoievski et même dans son personnage, ce bond osé entre les cultures et les siècles m'a déroutée.
D'autre part, aborder "Le maître de Petersbourg" sans avoir lu "Les possédés" est difficile, des clés manquent. "Les possédés" est dans ma PAL de cette année, peut-être aurait-il été pertinent d'inverser ces lectures, à moins que "Les maîtres de Petersbourg" soient au contraire une belle manière de le pré-aborder.
Et enfin, c''est douloureux de le voir mis à mal le grand Fiodor, vieillissant, affaibli, endeuillé, fragilisé par les idées nouvelles d'une jeunesse en révolte, honteux de ces propres démons.
Un livre à relire, cette fois-ci je n'étais pas prête.
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Il va m'être difficile de donner mon avis sur ce roman dont j'attendais tant, pour ce qu'il met en scène mon auteur préféré, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski, entré incognito à Saint-Pétersbourg sur les traces de celui qu'il considère comme son fils, Pavel. Il est venu en particulier pour retrouver les papiers personnels et les lettres adressées par lui au jeune homme, et nous ne tarderons pas à apprendre que leur relation n'était pas au beau fixe, que Pavel en voulait beaucoup à son beau-père, et que ce dernier se sentait coupable. Pourra-t-il se rattraper, retrouver l'âme disparue de Pavel en retraçant ses derniers moments ? Pavel lui enverra-t-il un signe de pardon ?

Au fil de déambulations assez décousues dans la ville, en des temps politiques houleux, Fiodor Mikhaïlovitch rencontre des personnages divers, à commencer par sa logeuse, Anna, et la fille de celle-ci, Matriocha. Bien que l'auteur soit marié à Dresde, il entame une liaison avec Anna, et tente également de se rapprocher de Matriocha, qui était très attachée à Pavel. Il en arrive à voir souvent un certain Maximov, fonctionnaire de police (qui ne réapparaît plus par la suite), qui joue au chat et à la souris avec lui, puis il entre dans les fréquentations de l'anarchiste nihiliste Netchaïev, chef d'un réseau terroriste. Il s'avère que tout un chacun à Pétersbourg est susceptible d'avoir tué Pavel et de manipuler Dostoïevski. Mais n'attendons pas une enquête policière, cette histoire sera plutôt métaphysique.

Dostoïevski nous est montré comme un homme vieillissant alors qu'il atteint 49 ans, un père aigri dans l'éternel conflit des pères et des fils, un écrivain hanté et sans le sou, traqué par ses débiteurs (assez abstraits en l'occurrence), prêt à rêver une nouvelle vie, mais moins à agir. Il apparaît assez vite que l'argument est de nous faire entrer dans l'inspiration d'un auteur comme il en est peu, alors qu'il élabore les thèmes qu'il développera dans Les Démons (ou Les Possédés), Netchaïev devenant peu à peu Stavroguine, mâtiné de Pavel. Pourquoi pas ? C'est une belle idée. Mais là où je m'insurge et où j'ai perdu le plaisir de lire, c'est qu'il fait de Dostoïevski un être faible, vil, pour ne pas dire pervers et un peu pédophile, ce qui fait beaucoup. Aucun homme n'est un ange, mais vraiment, a-t-il si mal compris l'auteur qu'il est passé complètement à côté de ses thèmes, ses motifs, ne voyant en lui qu'un sujet intéressant pour le Dr Freud ?

L'idée-clé que je retiendrai malgré tout du roman en ce qui concerne l'oeuvre de l'auteur, c'est cette sorte de défi lancé à Dieu, la parabole récurrente du Christ. Et sur ce, je retournerai aux romans de cet auteur unique, si personnel et universel en même temps ; je note toutefois que par son style, Coetzee nous met en quelque sorte en présence avec le style qu'aurait eu Dostoïevski en parlant dans sa tête, on s'y croirait - si ce n'était que ces pensées sont fort mal interprétées.
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En écrivant le maître de Pétersbourg, l'auteur nous replonge dans la littérature de Dostoïevski.
Il nous décrit la pauvreté, la saleté, le froid, les révolutionnaires, tous thèmes abordés dans les livres de ce dernier.
Et ce père, pitoyable, à la recherche de son fils, est confronté à toutes les difficultés, y compris de la police pour obtenir les papiers de son fils.
J'ai aimé ce livre bien qu'il soit sombre mais n'est-ce pas un bel hommage rendu à
cet immense écrivain que fut Dostoïevski.
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Perturbant, envoûtant, inquiétant, les qualificatifs ne manqueraient pas pour décrire un tel ouvrage. L'auteur nous balade entre fiction et réalité au travers le récit d'un dostoïevski étrange et intriguant. On aime ou on n'aime pas, mais l'oeuvre est difficilement critiquable. Coetzee sait de quoi il parle.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant, alors même qu'il est assis là, si calme, c'est un homme aux prises avec une tornade. Des torrents de papier, fragments d'une vieille vie arrachée par le rugissement de la spirale ascendante, volent tout autour de lui. Loin là-haut, au-dessus de la terre, le voilà emporté, ballotté par les courants, avant que l'étreinte du vent ne se desserre ; et pendant un moment, avant de commencer à tomber, il a droit à l'immobilité et à la clarté absolues, et le monde s'ouvre au-dessous de lui comme s'il était sa propre carte.
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S'il était un personnage d'un livre, que dirait-il à un moment comme celui-ci où il faut que le coeur parle, sans quoi la page reste blanche?
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Il a une vision : Pétersbourg s'étend vaste et basse sous les étoiles impitoyables. Ecrit sur une banderole qui traverse les cieux, un mot en caractères hébreux. Il ne peut pas lire ce mot, mais il sait que c'est une condamnation, une malédiction.
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La tâche qui m'est impartie : recueillir le trésor, rassembler les fragments dispersés. Poète, joueur de lyre, enchanteur, seigneur de la résurrection, voilà ce que je suis appelé à être. Et la vérité ? Les épaules raides, voûtées au dessus de la table de travail et la souffrance d'un coeur lent à se mouvoir. Un coeur-tortue.
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Depuis qu'il a appris la mort de son fils, quelque chose a commencé à s'échapper de lui, quelque chose qu'il appelle fermeté. Je suis celui qui est mort, pense-t-il ; ou plutôt je suis mort mais ma mort n'est pas survenue.
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Quel écrivain sud-africain a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 mais fait partie du club très fermé de ceux qui ne donnent jamais d'interview ? Dommage car c'est un génie !
« Disgrâce » de J. M. Coetzee, c'est à lire en poche chez Points.
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