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Une vie de province tome 1 sur 4

Catherine Lauga du Plessis (Traducteur)
EAN : 9782020525770
189 pages
Seuil (11/01/2002)
3.86/5   82 notes
Résumé :
Dans ce récit autobiographique, John Michael Coetzee, considéré comme l'un des meilleurs écrivains d'Afrique du Sud, raconte son enfance dans l'Afrique du Sud des années 50.

Il plonge le lecteur dans l'univers faussement naïf d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. Par fragments, à travers son regard, c'est toute la société brutale de cette époque qui se met en place, fondée sur l'apartheid, l'antisémitisme, les rivalités entre les Anglais et les Af... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Voici le début du grand récit autobiographique de Coetzee. Dans les montagnes du Karoo, sans doute là où Paton situe Pleure ô pays bien aimé, Coetzee raconte son enfance, à sa façon sèche, lucide et intransigeante. Il dit l'ambiguité du jeune sud-africain, habité des racines immémorielles de son pays (la ferme comme Heimat), et troublé des contradictions qui le rendent invivable : religion, langue, couleur. Il explore aussi ses rapports à sa famille, où le père n'existe pas, où il terrorise sa mère mais l'aime profondément.
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Trouvé un INÉDIT Par John Maxwell Coetzee
Possible que cela intéresse d'autres "fan"...


Décoloniser le roman
*
Ce texte de John Maxwell Coetzee, inédit en français, a été publié par la revue Upstream, Rondebosch, Afrique du Sud, 1988.

*
Je voudrais parler du roman et de l'histoire dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, et en particulier de ce qui me semble une tendance, une tendance forte, peut-être même dominante : placer le roman en dessous de l'histoire, lire les romans comme ce que j'appelle vaguement des investigations imaginatives des véritables forces et des véritables circonstances historiques ;

et inversement traiter comme manquant de sérieux les romans qui ne se livrent pas à ce travail d'enquête (...).

En des temps de pression idéologique intense comme aujourd'hui, lorsque l'espace au sein duquel le roman et l'histoire coexistent ­ comme deux vaches dans le même pré, chacun s'occupant de ses propres affaires ­ se réduit à presque rien, le roman, me semble-t-il, n'a que deux options : la complémentarité ou la rivalité. Si le roman entend fournir indirectement au lecteur des expériences de vie de première main dans une période historique donnée en exprimant des forces en lutte à travers des personnages en lutte et en remplissant notre expérience grâce à une certaine densité d'observations, si tel est son but, pour le reste ­ pour ce que j'appellerai sa structuration principale, en fonction de son modèle historique ­, sa relation à l'histoire est de toute évidence une relation secondaire.

Que signifierait, par contraste, un roman qui occuperait une place autonome, que je définis comme rivale de l'histoire ? Il s'agit (...) d'un roman ayant ses propres règles, ses propres thématiques dans le cadre de propres conclusions, pas d'un roman qui fonctionne selon les règles de l'histoire et aboutit à des conclusions qui peuvent être vérifiées par l'histoire (comme le travail scolaire d'un enfant est vérifié par la maîtresse d'école).

Je pense à un roman qui élabore ses propres paradigmes et ses propres mythes, dans un processus (et c'est peut-être le point où commence la véritable rivalité, voire l'hostilité) qui va jusqu'à démasquer le statut mythique de l'histoire ­ autrement dit, démythifier l'histoire. Puis-je être plus explicite ?

Oui : un roman prêt à se bâtir en dehors des termes de lutte des classes, de conflit racial, de bataille des sexes ou de toute autre opposition à partir desquelles l'histoire et les disciplines historiques se construisent.

Pourquoi un romancier ­ moi-même ­ parle-t-il ici en termes d'hostilité au discours de l'histoire ? Parce que, comme je le suggérais plus haut, en Afrique du Sud la colonisation du roman par le discours historique avance à une vitesse alarmante.
C'est pourquoi je m'exprime ­ pour utiliser une image ­ en tant que membre d'une tribu menacée par la colonisation, une tribu dont certains membres ont été trop heureux ­ et c'était leur droit ­ d'embrasser la modernité, d'abandonner leurs arcs et leurs flèches ainsi que leurs huttes et d'emménager sous la voûte spacieuse des grands mythes historiques.-

source : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/COETZEE/10662

autre site que j'aime assez :
http://www.librairie-compagnie.fr/afrique-sud/auteurs/coetzee.htm
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L'auteur raconte son enfance, un événement lointain, qu'il exprime avec un certain détachement en utilisant la troisième personne du singulier. Il nous révèle sa famille : sa mère et son père si différents, ses oncles et tantes et il nous fait découvrir à travers l'école, la diversité et la complexité des Sud-Africains et comment il lui était difficile d'accepter sa différence.
J'ai aimé rentrer et comprendre son « monde », celui qu'il ressent et qui le fait réagir mais moins la façon avec laquelle il se perd un peu dans ses souvenirs en partant un peu au hasard des phrases. Mais c'est incontestablement un beau roman autobiographique et je lirai sans doute un autre de ses ouvrages.
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Que la vie était difficile pour les blancs de la classe moyenne en Afrique du Sud après la seconde guerre mondiale.
Et que dire de l'éducation où les châtiments corporels étaient utilisés tant á la maison qu'á l'école. La violence est omniprésente.
Heureusement pour John, les vacances dans la ferme de son oncle qui élève des moutons lui apporte vraiment de la joie.
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8❤/10

Etre extraordinaire :

« L'enfance, dit L'Encyclopédie des enfants, est une période de joie innocente qu'on doit passer dans les prairies parmi les boutons d'or et les petits lapins ou au coin du feu plongé dans des livres d'histoire. » Sauf que le petit John ne se reconnaît pas dans cette définition de livre d'enfant. Ce qu'il voit autour de lui c'est la brutalité de l'école et la normalisation parfois choquante des différences sociales et religieuse. Les habitants sont classifiés selon leur couleur, leur langue, leur religion… Lui, il a un nom afrikaner mais se revendique anglais. Quand on lui demande sa religion à l'école, il n'ose pas dire « athée » alors répond « catholique romain » car cela sonne bien et lui fait penser à Horace. Mais, il le regrettera chaque jour d'école car les catholiques sont séparés du reste des écoliers et sont persécutés par les autres élèves. Ne trouvant pas sa place, que ce soit à la maison ou à l'école, il se réfugie dans les livres et se dit qu'un jour il sera quelqu'un d'extraordinaire…

Il ne se reconnaît pas non plus dans ce qu'il voit dans les autres foyers familiaux où l'éducation se fait par les châtiments physiques. Chez lui c'est la mère qui domine et il n'est jamais battu. Alors il en veut à cette mère qui l'empêche d'être normal et qui l'étouffe de son amour. Il développe alors un dispositif de défense : il se scinde en deux pour survivre à cette souffrance. A l'école, où la violence physique qu'il redoute tant est omniprésente, il jouera l'enfant-modèle. A la maison, n'ayant aucun risque d'être battu, il devient l'enfant tyran et terrorise sa mère. Ainsi, les relations familiales et sociales sont largement étudiées tout au long du roman du point de vue du petit garçon, mais aussi par les raisons politiques que nous pouvons comprendre, nous lecteur, mais qu'un enfant ne pouvait percevoir.

Réinventer l'écriture de soi :

C'est un texte autobiographique surprenant car il est raconté à la troisième personne du singulier et au présent de l'indicatif. La distance critique est donc contemporaine à ce que l'auteur raconte : elle n'est pas rétrospective. Toutes les réflexions sont celles de l'enfant au présent. Coetzee se juge sur le moment et non avec son regard d'adulte. Ce n'est donc pas un roman initiatique, ni un roman sur son passage d'enfant à adulte. C'est un récit du moment présent sur le Coetzee enfant, celui qu'il n'est plus. Il y a donc une forte mise à distance de l'auteur avec son « moi » enfant. Cette oeuvre déroutante mais terriblement fabuleuse est ce qu'il appelle une “autre-biographie”.

Ce fut une lecture autant intéressante que plaisante. A tel point que j'ai très envie de découvrir son deuxième livre biographique sur son adolescence : Vers l'âge d'homme (2004)

voir plus sur https://iletaitdeuxfoislhistoire.home.blog/
Lien : https://iletaitdeuxfoislhist..
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Pendant des jours et des jours après ce samedi, il ne peut chasser cette image de sa mère qui attend patiemment dans la chaleur accablante de décembre, pendant que lui, sous le chapiteau se fait divertir comme un roi. Son abnégation, son amour aveugle, total, pour lui et son frère, mais pour lui en particulier, le met mal à l'aise. Il voudrait qu'elle ne l'aime pas tant. Elle l'aime de façon absolue, il faut donc qu'il l'aime de façon absolue: voilà la logique qu'elle lui impose. Jamais il ne pourra la payer de retour pour ces torrents d'amour qu'elle déverse sur lui. L'idée d'avoir toute sa vie à porter le fardeau d'une dette d'amour le laisse interdit et le met en rage au point qu'il ne veut pas l'embrasser, refuse de se laisser toucher par elle. Quand elle se détourne en silence, ulcérée, il endurcit son cœur contre elle résolument, et se refuse à céder.
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Il n'arrive pas à comprendre pourquoi il y a autour de lui tant de gens qui n'aiment pas l'Angleterre. L'Angleterre, c'est Dunkerqu, et la bataille d'Angleterre. L'Angleterre, c'est faire son devoir et accepter son sort sans bruit, sans faire d'histoires. L'Angleterre, c'est ce jeune garçon à la bataille du Jutland qui n'a pas abandonné ses canons alors que le pont de son bâtiment brûlait sous ses pieds. L'Angleterre, c'est Lancelot du lac et Richard Coeur de Lion et Robin des Bois avec son grand arc de bois d'if et son habit vert Lincoln. Qu'ont les Afrikaaners qui se compare à cela ? Dirkie uys, qui a chevauché sa monture jusqu'à ce que le cheval, épuisé, meure sous lui. Piet Retief, qui s'est fait ridiculiser par Dingaan. Et puis les Voortrekkers qui se sont vengés en faisant feu sur des milliers de Zoulous sans fusils, et qui en tirent gloire.
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Toujours, semble-t-il, il y a toujours quelque chose qui va de travers. S’il veut quelque chose, s’il aime quelque chose, tôt ou tard, il faut en faire un secret. Il commence à se voir comme une de ces araignées qui vivent dans un trou, fermé d’une trappe. L’araignée doit toujours venir se réfugier dans son trou et rabattre la trappe sur elle, pour se couper du monde et se cacher. 
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À la maison, c’est un despote irascible ; à l’école il est doux comme un agneau, à son pupitre à l’avant-dernier rang, le rang le plus obscur pour surtout ne pas se faire remarquer, et il se raidit de peur quand commence la séance du fouet. En vivant cette double vie, il s’est créé un fardeau d’imposture.
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Ainsi, ce garçon qui sans réfléchir est resté sur le droit chemin de l'innocence où la nature l'a mis, qui est pauvre, et donc bon, comme les pauvres le sont toujours dans les contes de fées, souple et délié comme une anguille, agile comme un lièvre, et qui le battrait sans peine s'ils se mesuraient à la course ou à un jeu d'adresse, ce garçon, qui lui est un vivant reproche, ne lui en est pas moins assujetti d'une manière qui lui cause une gêne si profonde qu'il est au supplice, il rentre la tête dans les épaules, et ne veut même plus le regarder, malgré sa beauté.
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