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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Défi Solidaire 2024

Un roman autobiographique écrit à la troisième personne, "il", c'est John Maxwell Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003 et auteur sud-africain. L'incipit, mais c'est en fait valable pour tout le roman, présente une maison à Worcester en Afrique du Sud, dans les années cinquante, sèche et argileuse, où pas grand chose ne pousse. Un peu à l'image de ce roman, finalement, écriture sèche et lucide, images bien trouvées, certes, mais ce récit d'enfance (10-13 ans de l'auteur) s'illustre par son dépouillement (écriture au présent, peu de dialogue, peu de sentiments). En soi, c'est un livre assez "neutre", et pourtant je l'ai beaucoup aimé, je l'ai lu en deux jours (il faut dire qu'il n'est pas très long).

Le regard de Coetzee sur son enfance est à la fois factuel et traduit les pensées et raisonnements, parfois étranges (ex. quand il est persuadé que les bébés naissent par le trou de derrière) du garçon, avec en dépit de la troisième personne, une focalisation interne. Une autre critique parle de "fausse naïveté" et je suis d'accord. de très nombreux thèmes sont abordés : la ferme, l'école, la politique (avec le garçon qui est du côté des Russes sans savoir pourquoi), les châtiments corporels. Aucune complaisance dans le regard, au contraire, on sent que Coetzee se sent coupable, sans non plus se décrire comme un horrible personnage. On sent que c'est un enfant, et pas l'adulte qui se repeint, ce qui est honnête. Cela dit, on a notamment vers la fin quelques traces du futur écrivain; mais c'est subtil et bien fait. Par exemple, l'adulte Coetzee, végétarien, parle de cruauté envers les animaux.

Ce jeune garçon se comporte donc comme un jeune garçon, comme lorsqu'il demande à sa mère qui il préfère entre son frère et lui, quand sa mère lui dit "tu verras quand tu auras des enfants", ou quand dans son école ou au sport on se vante des blessures et autres bobos.

Cela dit, l'aspect un peu "universel" ne doit pas faire oublier ce contexte qu'est l'Afrique du Sud des année 1950, où être anglais, afrikaans, Métis ou Noirs (mais on peut, dit Coetzee, faire semblant qu'ils n'existent pas), ou juif, a un sens très important. A ce sujet, Coetzee, qui n'est pas un auteur politique, utilise la parabole des trois frères pour dire qu'enfant, il croyait que les Noirs étaient le troisième frère, c'est à dire le moins fortuné, mais le meilleur (les derniers seront les premiers, ou une logique dans le genre).
C'est aussi un contexte très violent, avec des châtiments corporels, au point que quand il intègre le collège, moins violent, il est déçu qu'il y ait moins d'action.

Quand à la fin : . La relation mère-fils est elle aussi intéressante, le fils est élevé d'une façon très laxiste, ce qui en Afrique du Sud dans les années 50 ne se fait pas du tout, et plus la mère se sacrifie pour lui ,plus il se sent endetté et lui en veut, au point de développer des sentiments ambigus, même si les sentiments n'apparaissent que peu dans le livre. On parle davantage de sexe que d'amour, par exemple;

Un roman qui m'a été conseillé par les bibliothécaires (je ne savais pas quelle oeuvre lire de cet auteur) et que j'ai beaucoup apprécié et dévoré.
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Il y a de tout dans ce récit, tout ce qui peut éveiller en nous l'enfance, ses joies, ses peines, ses questionnements, ses doutes, ses incompréhensions, ses injustices, ses premières sensations, ses découvertes...
L'auteur se souvient de son enfance; l'auteur, adulte, raconte ses souvenirs, enfant. Vision d'une enfance, d'un lieu, d'un entourage, d'odeurs, de sentiments...
Chaque chapitre nous plonge dans un univers différent, un questionnement différent du précédent. Jusqu'au chapitre magistral autour de son père, chapitre captivant par son empreinte et sa narration.
Un ouvrage haut en couleur, qui permet de découvrir un pays, une éducation, une époque, une histoire...
Un magnifique ouvrage.
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J.M. Coetzee nous raconte cet enfant qu'il a été et qui découvre les différents habitants de son pays, l'Afrique du Sud. Ces habitants sont classifiés selon leur couleur, leur langue, leur religion... Il a un nom afrikaaner mais se revendique anglais, ne trouve pas sa place, que ce soit à la maison ou à l'école. Alors, il se réfugie dans les livres et se dit qu'un jour il sera quelqu'un d'extraordinaire...
Quand sa tante lui dit d'aimer sa mère, d'être solide pour lui, il s'interroge sur ce qu'est l'amour. Quelle image ses parents, sa mère, lui ont-ils donné de ce sentiment ?
Et il nous raconte son émoi, son trouble devant le spectacle des jambes nues de ses camarades ou des oeuvres d'art reproduites dans cette encyclopédie qu'il affectionne tant.
Dans une magnifique autobiographie à la troisième personne, comme pour prendre encore plus de distance avec celui qu'il n'est plus, l'auteur nous raconte sa sortie de l'enfance et sa découverte du monde.
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Ce soir je retrouve l'un de mes auteur favori. Pour le moment, lu juste le premier paragraphe, et déjà, je sais qu'il va me plaire... comme tous les autres livres de cet auteur.
*

John est un jeune Afrikaner qui vit en Afrique du Sud, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Élevé tranquillement entre une mère ancienne institutrice et un père avocat reconverti dans la comptabilité, il mène une vie partagée entre l'école primaire, les vacances et le quotidien familial.

Un gosse comme les autres, à cela près qu'il entretient une haine sans faille pour les Afrikaners, lourds et ballots, dans une société où triomphent les hiérarchies, où les castes et les races sont bien distinctes : Afrikaners, Anglais, métis, Noirs, protestants, juifs.

Portrait de l'Afrique du Sud des années cinquante, Scènes de la vie d'un jeune garçon se veut l'apprentissage de l'autre, des Noirs à côté des Blancs, l'épreuve des préjugés, des injustices, d'une vie quotidienne passée entre l'anglais et l'afrikaans.

Mais c'est aussi l'histoire d'un enfant, ballotté entre une mère idéale et un père sans consistance, en pleine déconfiture. Avec un récit autobiographique faussement naïf, John Michael Coetzee, lauréat du Booker Prize en Grande-Bretagne pour Disgrâce, réussit une évocation remarquable des années cinquante, entre l'intime et le collectif, la mémoire individuelle et L Histoire.
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Quelques mots de l'auteur pour me rafraichir la mémoire...
*
John Maxwell Coetzee (né le 9 février 1940 au Cap en Afrique du Sud) est un écrivain sud-africain afrikaaner d'expression anglaise et professeur de littérature.
Il est lauréat de nombreux prix littéraires de premier ordre dont le prix Nobel de littérature en 2003.


Après des études de lettres et de mathématiques à l'université du Cap, J. M. Coetzee part s'installer en Grande-Bretagne.
Il travaille comme programmeur pour IBM, puis pour International Computers, tout en nourrissant des ambitions littéraires.
Une bourse d'étude lui permet de reprendre ses études à l'université du Texas à Austin, où il soutient une thèse de doctorat sur les romans de Samuel Beckett.
Il retourne en Afrique du Sud en 1973. Son premier roman, Dusklands, y est publié en 1974.

Coetzee enseignera ensuite la littérature à l'Université d'Adélaïde en Australie. Il est maintenant professeur à l'université de Chicago aux États-Unis.

Il a reçu de nombreux prix littéraires de premier ordre, le plus important étant le prix Nobel de littérature en 2003. Il fut le premier écrivain deux fois lauréat du prestigieux Prix Booker, et à ce jour le seul avec l'auteur australien Peter Carey.


Prix littéraires :


1977, 1980, 1983 : CNA Literary Awards
1980 : James Tait Black Memorial Prize
1983 et 1999 : Prix Booker
1985 : Prix Femina étranger
1987 : Jerusalem Prize
1994 : Premio Mondello
1995 : Irish Times International Fiction Prize
2000 : Commonwealth Literary Award
2003 : Prix Nobel de littérature
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Dans ce livre, Coetzee parle de lui à la troisième personne pour observer son enfance dans plusieurs quartiers ou banlieues du Cap, oscillant entre un père qui échoue professionnellement et se met à boire et une mère protectrice qui regrette son statut perdu. le garçon est aussi tiraillé entre son héritage Afrikaner qu'il retrouve avec joie lors de retours à la ferme familiale, et l'anglais plus cosmopolite qu'il parle avec ses parents.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Trouvé un INÉDIT Par John Maxwell Coetzee
Possible que cela intéresse d'autres "fan"...


Décoloniser le roman
*
Ce texte de John Maxwell Coetzee, inédit en français, a été publié par la revue Upstream, Rondebosch, Afrique du Sud, 1988.

*
Je voudrais parler du roman et de l'histoire dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, et en particulier de ce qui me semble une tendance, une tendance forte, peut-être même dominante : placer le roman en dessous de l'histoire, lire les romans comme ce que j'appelle vaguement des investigations imaginatives des véritables forces et des véritables circonstances historiques ;

et inversement traiter comme manquant de sérieux les romans qui ne se livrent pas à ce travail d'enquête (...).

En des temps de pression idéologique intense comme aujourd'hui, lorsque l'espace au sein duquel le roman et l'histoire coexistent ­ comme deux vaches dans le même pré, chacun s'occupant de ses propres affaires ­ se réduit à presque rien, le roman, me semble-t-il, n'a que deux options : la complémentarité ou la rivalité. Si le roman entend fournir indirectement au lecteur des expériences de vie de première main dans une période historique donnée en exprimant des forces en lutte à travers des personnages en lutte et en remplissant notre expérience grâce à une certaine densité d'observations, si tel est son but, pour le reste ­ pour ce que j'appellerai sa structuration principale, en fonction de son modèle historique ­, sa relation à l'histoire est de toute évidence une relation secondaire.

Que signifierait, par contraste, un roman qui occuperait une place autonome, que je définis comme rivale de l'histoire ? Il s'agit (...) d'un roman ayant ses propres règles, ses propres thématiques dans le cadre de propres conclusions, pas d'un roman qui fonctionne selon les règles de l'histoire et aboutit à des conclusions qui peuvent être vérifiées par l'histoire (comme le travail scolaire d'un enfant est vérifié par la maîtresse d'école).

Je pense à un roman qui élabore ses propres paradigmes et ses propres mythes, dans un processus (et c'est peut-être le point où commence la véritable rivalité, voire l'hostilité) qui va jusqu'à démasquer le statut mythique de l'histoire ­ autrement dit, démythifier l'histoire. Puis-je être plus explicite ?

Oui : un roman prêt à se bâtir en dehors des termes de lutte des classes, de conflit racial, de bataille des sexes ou de toute autre opposition à partir desquelles l'histoire et les disciplines historiques se construisent.

Pourquoi un romancier ­ moi-même ­ parle-t-il ici en termes d'hostilité au discours de l'histoire ? Parce que, comme je le suggérais plus haut, en Afrique du Sud la colonisation du roman par le discours historique avance à une vitesse alarmante.
C'est pourquoi je m'exprime ­ pour utiliser une image ­ en tant que membre d'une tribu menacée par la colonisation, une tribu dont certains membres ont été trop heureux ­ et c'était leur droit ­ d'embrasser la modernité, d'abandonner leurs arcs et leurs flèches ainsi que leurs huttes et d'emménager sous la voûte spacieuse des grands mythes historiques.-

source : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/11/COETZEE/10662

autre site que j'aime assez :
http://www.librairie-compagnie.fr/afrique-sud/auteurs/coetzee.htm
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