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EAN : 9782246821779
240 pages
Grasset (14/10/2020)
4.19/5   354 notes
Résumé :
« Enfant, je m’imaginais en garçon. J’ai depuis réalisé un rêve bien plus grand : je suis lesbienne. Faute de modèles auxquels m’identifier, il m’a fallu beaucoup de temps pour le comprendre. Puis j’ai découvert une histoire, une culture que j’ai embrassées et dans lesquelles j’ai trouvé la force de bouleverser mon quotidien, et le monde. »

Journaliste dans un quotidien pendant plusieurs années, la parole d’Alice Coffin, féministe, lesbienne, milita... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
4,19

sur 354 notes
Je ne m'attendais pas à grand chose en lisant ce livre. Je connaissais déjà les positions de Mme Coffin, positions absolument honteuses pour une élue à la mairie de Paris.

En se revendiquant porte-parole du féminisme, des lesbiennes, des femmes en général, puis en écrivant ce livre, elle fait un doigt à ces communautés, à son sexe, après leur avoir craché à la figure.

Les féministes (du moins, pas les extrémistes) essayent depuis des années de montrer que leurs causes sont faites pour plus d'égalité dans la société, et qu'en aucun cas, elles ne détestent les hommes. A. Coffin écrit que le féminisme n'est bien que si on arrive à vivre sans les hommes, au point de refuser de consommer tout contenu culturel produit par un homme, qu'importe sa position politique (ce "régime" n'est que culturel, elle continue évidemment à profiter du confort de choses produites par des hommes). Elle veut qu' "ils paient". Elle parle d'eux comme Hitler aurait parlé des juifs. Elle trouve que l'hétérosexualité des femmes est un problème, et que les femmes lesbiennes sont plus exigeantes... parce qu'elles sont lesbiennes. C'est bien d'insulter 95% des femmes.

Les personnes LGBT ont essayé, pendant des années, de convaincre le reste de la population, qu'ils étaient parfaitement normaux, que leur seule différence résidait dans leur orientation sexuelle.
A. Coffin nous répète encore et encore dans son livre qu'être LGBT implique forcément un "activisme", une façon de penser, que cela "ne se limite pas à une attirance sexuelle". Elle n'arrive d'ailleurs pas à comprendre que des personnalités LGBT ne veuillent pas faire un "coming out" sur un plateau télé, en imitant les coming out à l'américaine, qui sont de véritables spectacles selon elle, ou qu'elles ne souhaitent pas être associée à un quelconque activisme (avec des activistes comme Coffin, est-ce surprenant?)
Elle n'a pas de problèmes à traiter ces gens souhaitant simplement vivre leur vie paisiblement qu'ils sont "égoïstes et ingrats". Parce qu'ils ne veulent pas rappeler qu'ils sont gays à chaque fois qu'on parle d'eux.
Ses descriptions des lesbiennes sont d'ailleurs risibles: les lesbiennes sont forcément dévouées à autrui, forcément activistes, le "condensé de la rage des femmes", "plus intelligentes", des "génies universalistes", forcément vertueuses selon sa logique. Est-ce qu'une lesbienne est vraiment lesbienne si elle en désaccord avec Coffin?

Et je conseille le plus sérieusement du monde à Mme Coffin d'aller voir un bon psychiatre, parce qu'avoir des idées pareilles en tête constamment doit être une torture au quotidien. Elle est très sérieusement paranoïaque, complexée, avec une vision du monde et de la place que devrait avoir son orientation sexuelle dans sa vie absolument délirante.

Non, il n'y a pas de conspiration mondiale des hommes contre les femmes. La majorité des hommes ne sont pas des ordures, des violeurs, des brutes, et encore moins des assassins. Ce n'est pas parce qu'il y a des mauvais pères et des mauvais maris que la figure du père et du mari est une invention du "méchant patriarcat", que la présence d'une figure paternelle est inutile pour le bon développement d'un enfant. Les gens ne s'opposent pas forcément à la PMA pour toutes parce qu'ils n'aiment pas les femmes qui font leur vie sans les hommes.

C'est encore pire si les hommes en question sont blancs. Alors que ce sont dans les pays des hommes blancs que les femmes et les LGBT sont les plus libres. Encore une fois, très logique de sa part.

Sans parler du fait que la plupart des exemples de "pouvoir masculin" qu'elle donne sont une ultra-minorité d'hommes qui emmerdent tout le reste de la population, hommes comme femmes? Les hommes au gouvernement ne sont absolument pas des cas généraux. Mais comme elle vit dans un entre soi bobo, où elle a vécu quasiment toute sa vie (elle est allée au lycée Condorcet, un lycée ultra-privilégié, un des meilleurs de France), elle ne s'en rend absolument pas compte.

Aussi, dans son livre, Coffin se confesse, nous montrant des pensées parfois très intimes ... qui montrent encore plus son besoin d'accompagnement psychiatrique. Par exemple:

-lorsqu'elle était encore en couple hétérosexuel, elle se sentait mal parce qu'elle en ressentait du "contentement", qu'elle avait l'impression que tous les regards sur elle étaient forcément des "regards de validation", et qu'elle "offrai(t) du bonheur" aux autres en étant en couple hétérosexuel. Comme si tous les gens qu'elle croisait étaient obsédés par sa vie personnelle, se réjouissaient simplement parce qu'elle rentrait dans "le cadre".

-elle est incapable, tout le long du livre, de comprendre que quelqu'un puisse avoir un avis différent du sien sans être un être diabolique ou sous l'emprise de quelqu'un.

-ses complexes et problèmes sont toujours la faute de quelqu'un d'autre. Elle est complexée par les actrices au cinéma (parce qu'elle n'arrive pas à les imiter)? Elle en veut au cinéma. Elle n'a pas eu de modèle lesbien à la télé, ce qui fait qu'elle ne pourra jamais être une "lycéenne lesbienne"? On lui a volé dix ans de sa vie (pas de précision sur le "on"). Lorsqu'elle parle de son alcoolisme, elle mentionne un programme de désintoxication en plusieurs étapes, et elle ne comprend pas qu'il y ait une étape où il faut faire des excuses à son entourage (l'alcoolisme fait souvent des ravages dans l'entourage, ce qu'elle omet complètement). Selon elle, c'est inutile, non, il faut plutôt qu'elle aille demander des explications à ceux qui ont "tiré profit de (s)on alcoolisme". Qui a profité de son alcoolisme, alors qu'elle dit avoir bu en cachette?
-Et, elle est très modeste . Dans le premier chapitre, au tout début du livre, pour prévenir les reproches, elle compare son livre à une oeuvre incomprise, qui finit par révéler sa beauté malgré toutes les critiques, parce que les gens qui détestent, n'ont tout simplement pas compris, n'est-ce pas?

Pour ne citer que ça.

Et l'apologie du journalisme biaisé aussi. Comme si ce n'était pas déjà suffisamment un problème. A vrai dire, c'était le seul moment drôle du livre, parler du Monde, du Libération et de 20 Minutes comme d'affreux journaux intolérants (alors qu'ils sont déjà bien à gauche)

Bref, je ne conseille pas ce livre si vous n'aimez pas le manque de logique, l'intolérance, la bêtise, et les leçons de morale de la part de petites bobos parisiennes privilégiées. Parce que oui, Coffin est mille fois plus privilégié qu'au moins 95% des hommes de ce pays, qu'importe leur couleur de peau.
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Dans son essai "Le génie lesbien", Alice Coffin évoque ce qu'implique l'homosexualité féminine au XXIe siècle en France ainsi que son activisme au sein du groupe féministe La Barbe qui tend à dénoncer le monopole du pouvoir par quelques hommes blancs. Elle aborde également l'extension de la procréation médicale assistée pour toutes et la libération de la parole des femmes après #Metoo
Alice Coffin exorte les femmes à faire entendre leur voix dans la sphère publique car la parole des femmes est pratiquement absente dans cette société dominée par les hommes. La vision sociétale actuelle de la femme est en fait celle des hommes; en aucun cas celle des femmes. Il existe une oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes, résultant avant tout du patriarcat. Elle fait l'éloge de l'indispensable sororité et montre que l'oppression des femmes est socialement construite.
Mais Alice Coffin tient aussi des propos très radicaux : «Concentrons, en public, nos attaques contre les hommes [...] Soyez exigeantes, devenez lesbiennes [...] Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer ( les hommes ). Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations. Je ne lis plus de livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leurs musiques. [...] Les productions des hommes sont le prolongement d'un système de domination. »
Alors que dire de plus, tout est aussi extrême. Son discours est sectaire, manichéen et excluant.
Je n'ai pas supporté cette violence anti-hommes, le féminisme est un combat contre les structures patriarcales et non pas contre les hommes en tant qu'individus, le combat c'est l'égalité femmes-hommes et la fin du patriarcat. L'émancipation des femmes n'est pas un enjeu secondaire mais la misandrie tout comme la misogynie sont totalement à proscrire. Je n'ai donc pas fini ce bouquin trop radical et excluant.
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Alice in W'ander'Land !
Chaque période de rupture est, à l'instar de celle que nous traversons, marquée par l'émergence de figures singulières, au discours dissonant. Alice Coffin est clairement de celles-là ; les réactions hystérisées qui accompagnent les citations tronquées de cet ouvrage le disent assez. L'idée n'étant pas d'être d'accord ou pas, mais d'accepter l'espace d'un livre de regarder notre société avec ses yeux à elle - qui ne se ménage pas non plus au passage, mais nous propose généreusement (oui, généreusement) une expérience inestimable : celle du doute. Merci.
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J'ai découvert Alice Coffin lors d'un débat télévisé et ce personnage, limite caricature, au ton outrancié m'avait laissée dubitative... J'ai pourtant un a priori positif pour la cause lesbienne, raison de plus pour ne pas m'arrêter à ma première impression.

J'ai donc voulu lire son livre, comme je lisais les hebdos féministes à la fin des années 70 "Des femmes en mouvements" MLF car, oui, mon intérêt est de longue date.

Le problème c'est qu'Alice Coffin mélange tout et qu'avec elle, en soutenant la cause des femmes, on soutient aussi le communautarisme, le wokisme et toutes les causes d'extrême gauche. Et finalement, elle obtient l'exact contraire du but recherché : le rejet.

Cette personne vit en vase clos, avec des interlocuteurs dont les propos tournent en boucle sur le même sujet, tout ce petit monde se monte la tête, à 1000 lieues de la vraie vie et s'étonne ensuite de ne pas susciter l'adhésion...
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Un torchon rempli de haine, de raccourcis intellectuels et de contradictions inavouées, qui n'a pas dépassé la représentation la plus primitive des rapports homme-femme et évoque par la même des caricatures grossières d'hommes des cavernes complètement bestiaux et irrespectueux, ceci témoignant grandement de l'inculture d'Alice Coffin, qui traite avec beaucoup de légèreté toute la complexité de l'histoire de l'humanité, dont le lien qui a toujours évidemment eu cours entre les deux sexes est infiniment plus riche et passionnant quand on s'est intéressé à cette thématique depuis les angles philosophique, religieux, symbolique et spirituel.

Et ce qui m'agace le plus dans cette histoire, c'est la couverture médiatique qui met de plus en plus souvent en avant d'arrogants provocateurs sans profondeur qui balancent de l'huile sur le feu et contribuent à l'inertie du débat public, au détriment d'individus qui cherchent au contraire à renouer des liens sans cesse plus complexes à renouer en ces temps troublés où nous sommes quotidiennement secoués dans toutes les directions.

Le devoir d'effort et de respect dépasse largement la question des sexes, l'obscurantisme dans lequel nous vivons est actuellement terrible, il faut savoir trouver la force de s'élever au dessus de cette hystérie ambiante pour ramener les débats à des questions constructives et essentielles, si l'on veut vraiment dialoguer, échanger, entendre et écouter. Pour ma part je suis plus que las des monologues, des gens en guerre avec eux-mêmes à un stade tel qu'ils ne voient ni ne considèrent plus jamais l'Autre... et pourtant, je reste convaincu qu'il n'est jamais trop tard, pour changer de dynamique.
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critiques presse (2)
Elle
29 novembre 2021
Alice Coffin raconte ici son histoire de femme lesbienne, son militantisme, et sa vision du monde post #MeToo. Elle livre une réflexion passionnante sur la manière dont les hommes blancs monopolisent le pouvoir, sur la PMA, ou encore sur le tabou de l’homosexualité dans certains milieux.
Lire la critique sur le site : Elle
MadmoizellePresse
12 octobre 2020
Alice Coffin, dans Le Génie lesbien, porte un discours qui bouscule volontairement les pensées tétanisées, secoue les idées recroquevillées derrière un universalisme de façade.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Les journalistes ont une peur panique de désigner certaines oppressions par leur nom. Ils craignent de passer pour des militants. Il y a, par exemple, une incapacité à employer directement les mots « raciste », « homophobe » ou « sexiste » dans un titre. Ce sera bien plus volontiers « jugée sexiste par les internautes », « accusé de racisme sur le web ». Ils répugnent à endosser eux-mêmes les dénonciations de discriminations. Ils préfèrent informer leur lectorat qu'il y a « un tollé sur twitter » au sujet de tel ou tel propos raciste, plutôt que de pointer les déclarations racistes en cause. Pire, si les journalistes ne peuvent s'appuyer sur la réaction d'une association ou sur « l'indignation des réseaux sociaux », qui qualifient correctement l'insulte ou le crime, alors ils se taisent. Comme s'ils ne disposaient pas des outils d'analyse pour caractériser l'événement. Surtout ne pas prendre parti. Faire l'équilibre avec une poutre dans l'oeil.
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Les propos du président de l'académie des Césars, Alain Terzian, résument son aveuglement. "Le choix de Polanski comme maître de cérémonie est indiscutable", assène-t-il le 25 janvier 2017. Il réagit à la mobilisation féministe contre la célébration d'un réalisateur inculpé, en 1977, pour viol d'une fille de treize ans, et accusé de viol par plusieurs femmes, dont certaines enfants ou pré-adolescentes au moment des évènements qu'elles relatent.
In-dis-cu-ta-ble. L'oeuvre de l'Artiste s'impose, relève de l'évidence. Pour les représentants artistiques, c'est vulgaire, déplacé, de parler de sexisme, de conditions de création et de diffusion des oeuvres. Nulle réflexion féministe n'est possible au royaume de ceux qui ont pourtant renforcé, voire créé, les normes de genre.
Ceux qui, si souvent, pour justifier les hommages d'artistes criminels, nous disent, "il fait distinguer l'homme de l'artiste", ne perçoivent pas que ce sont leurs institutions elles-mêmes qui établissent et confirment, à chaque nouvelle cérémonie ou compétition culturelle, cette règle : l'homme est l'artiste, l'artiste est l'homme.
Le prix Goncourt a été attribué, dans 90% des cas à un homme, 105 fois sur 117. En vertu de la cooptation masculine et du sexisme qui sévissent dans toute la société, maisons d'édition comprises. Mais, plus insidieusement, parce que les règles de la narration sont masculines. Les femmes doivent se battre sur un terrain qui a été construit pour faire triompher des hommes. Le récit prisé est celui de l'homme, du héros masculin qui comme Ulysse fait son voyage, traverse mille épreuves, et en revient. Un récit linéaire, construit sur l'accumulation, la binarité, l'historique et le progrès. Les femmes, comme Monique Wittig (prix Médicis en 1964), qui parviennent néanmoins à triompher, en tant que femmes, lesbiennes et écrivaines proposant des formes narratives et une écriture hors du masculin, sont des exceptions. Virginie Despentes a livré une explication sur le succès de Vernon Subutex, bien plus encensé par les critiques que n'importe lequel de ses précédents romans. C'est le seul à avoir, pour héros, un homme.
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Il est absurde de devoir s'excuser d'être militante, de devoir faire oublier, pour être acceptée dans son entreprise, qu'on est une personne engagée contre certaines injustices. Cela mériterait d'être célébré et valorisé. Mais la hiérarchie était impitoyable. Bête, souvent, à force d'être apeurée. Une phrase revenait, "Ton militantisme privé ne doit pas envahir ta sphère professionnelle." Je ne comprenais spas ce que signifiait l'expression "militantisme privé", ni quelles étaient les limites de la "sphère professionnelle" d'une profession censée embrasser le monde.
Ces remarques et obstructions sont employées contre des journalistes issues d'autres minorités. Sihame Assbague, journaliste et militante antiraciste, fait ce constat dans un de ses précieux décryptages médiatiques sur Twitter :
"La neutralité journalistique n'existe absolument pas mais est utilisée comme arme pour marginaliser les journalistes minorisés. Genre, on va douter d'un journaliste arabe parce qui écrit sur la colonisation mais pas un journaliste blanc qui écrit sur le même sujet. Si un journaliste arabe ne peut pas être considéré "objectif" quand il écrit sur la colonisation, en raison se ses liens supposés avec cette Histoire, un journaliste blanc ne devrait pas l'être non plus. Pour les mêmes raisons. Sauf que cela ne marche généralement que dans un sens."
Invoquer la neutralité dans une rédaction, c'est d'abord affirmer que certains peuvent écrire sur tout quand d'autres ont des biais. C'est établir un privilège. En territoire journalistique, il est particulièrement puissant. C'est le pouvoir de raconter toutes les histoires. D'être celui qui peut tout voir, tout lire, tout dire, qui n'est jamais biaisé puisqu'il n'existe pas, puisqu'il est neutre, évanescent.
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Lorsqu'on met sous les yeux des journalistes le défilé des unes, rubriques, pages pleines de photos et propos d'hommes, leur justification première est toujours étonnante : "Ce n'est pas notre faute, on montre la réalité." Une réalité dans laquelle la moitié de la population a disparu et l'autre est devenue complètement blanche? Non, ils ne montrent pas la réalité. "La télévision qui prétend être un instrument d'enregistrement devient instrument de création de la réalité", écrivait Pierre Bourdieu (𝘚𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘵é𝘭é𝘷𝘪𝘴𝘪𝘰𝘯). Les médias fabriquent une réalité masculine, blanche, hétéro et aggravent l'oppression sexiste déjà à l'oeuvre dans la société.
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Je suis devenue une bonne journaliste en devenant activiste. J'ai pris la mesure de toutes les histoires que je ne lisais jamais dans la presse, de toutes les personnes que je ne voyais jamais à la télévision, grâce à l'activisme. Le militantisme est une excellente école de journalisme. Qu'on veuille à tout prix opposer les deux est un énième signe de la catastrophe journalistique française.
"Alice, en tant qu'homosexuelle, tu as l'interdiction d'écrire un article où il est question d'homosexuels." Cette notification m'a été adressée en réunion de service, alors que je proposais un sujet sur le documentaire "Homo ou hétéro, est-ce un choix?" diffusé par France 2 en 2015. Un collègue a demandé si, du coup, il fallait être bi pour traiter le sujet. Question rhétorique. Ce sont, bien sûr, les hétéros, hommes de préférence, qui peuvent bénéficier du label "neutre" lorsqu'il s'agit de traiter de questions LGBT dans une rédaction.
Mon cas n'est pas unique. J'ai croisé et recroisé des journalistes, notamment lesbiennes, à qui l'on tenait des propos du même acabit. C'est une des raisons qui m'ont incitées à lancer l'Association des journalistes LGBT en 2013. Le mythe de la neutralité est très ancré dans les pratiques journalistiques. On a tenté de me l'inculquer au Centre de formation des journalistes, à Paris. J'enseigne désormais le journalisme à l'Institut catholique de Paris, et donne régulièrement des conférences dans diverses universités ou écoles. Le préjugé selon lequel distance, recul, équilibre et objectivité sont indispensables au bon exercice du métier revient sans cesse parmi les interventions des auditoires.
Je pense qu'il y a erreur sur les fondamentaux. Mon boulot de journaliste, c'est de repérer et d'écrire des bouts de réel que la plupart des gens n'ont pas le temps de voir ou de formuler. C'est de contrecarrer, faits et preuves à l'appui, les récits manipulateurs. Cela ne m'empêche en rien d'avoir un point de vue. Au sens littéral. Je vois, visionne les choses à partir d'un certain point. Ce point est le résultat de mon histoire, de mes choix, de mes fragilités, de mes privilèges : j'habite dans une capitale, je voyage souvent, je suis en bonne santé, je suis blanche, je suis en fin de droits mais pas pauvre, je suis lesbienne, je suis féministe. Dans cet angle-là, j'adopte un certain regard sur tous les sujets et je suis bien placée pour en faire émerger certains. Je n'ai pas besoin de relayer les différents "points de vue" dans mes articles, surtout je ne le peux pas. Il convient, en revanche, que divers journalistes soient situés à des points où ils et elles ont une autre vue que moi et que nous nous engagions à n'écrire que sur des faits vérifiés, à ne pas relayer des histoires non sourcées, à énoncer les choses de manière claire et compréhensible par le plus grand nombre. Recenser tout ce qui a été publié sur un sujet, cela s'appelle confectionner une excellente et utile fiche Wikipédia, pas un article.
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Lauren Bastide Ivan Jablonka Le féminisme a-t-il besoin des hommes ? A cette question en apparence simple, il n'y a pas de réponse évidente. le mouvement féministe, à travers les siècles, s'est toujours appuyé sur des cercles de parole non-mixtes pour faire émerger les vécus spécifiques de femmes. Dans les années 70, ce sont dans des groupes de femmes qu'on été pensées les revendications concernant la contraception et l'avortement. Dans ces années #Metoo que nous vivons actuellement, il a fallu que les hommes se taisent pour que résonnent les témoignages des femmes victimes de violence sexuelle, et que le monde prenne conscience de leur caractère systémique. Les artistes et penseuses féministes, de Charlotte Perkins Gillman à Alice Coffin, en passant par Monique Wittig et Valérie Solanas, ont souvent dessiné les contours utopistes de communautés sans hommes, un moyen radical, mais sûr, de libérer la société de toute domination patriarcale. Souvent, leurs proposition ont reçu en réponse les réactions, parfois violentes, de celles et ceux qui tiennent à ce qu'on précise : Pas TOUT les hommes. Indéniablement, s'il est un futur féministe désirable, il doit se construire avec nos frères, nos pères, nos fils et nos amants. Aucune féministe n'envisage sérieusement un monde sans homme, mais fait plutôt le constat de la difficulté de trouver la juste place des masculinités dans ce mouvement. Qu'est-ce que le sexisme fait aux hommes ? Les hommes doivent-ils se taire ou parler ? Comment éduquer les garçons ? Quel avenir pour l'hétérosexualité ?
Pour répondre à ces questions, Lauren Bastide, journaliste et productrice de podcast, depuis six ans, ne reçoit à son micro que des femmes dans son podcast La Poudre. Elle s'entretiendra avec l'historien et écrivain Ivan Jablonka qui pense, depuis plusieurs années, la question des masculinités et la place des hommes dans le mouvement féministe.
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