M. Vallotton est un esprit clair, précis, très averti, très cultivé, très passionné. Observateur aigu, parfois un peu amer parce qu’extrêmement sensible.
-Octave Mirbeau-
Malgré sa nature discrète, Vallotton a des choses très fortes à exprimer, mais elles n’apparaissent pas immédiatement. Le premier regard sur un de ses tableaux indique qu’il a un métier assez classique, inspiré des grands maîtres comme Holbein ou Ingres. On sent qu’il a travaillé d’une manière méthodique et calme. Mais derrière ce calme se cache un véritable volcan ! C’est cette lave, ce feu, ces passions, ce côté noir également qu’il faut vraiment ressentir et que l’on a voulu mettre en avant dans l’exposition, notamment grâce à la scénographie.
-Isabelle Cahn-
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Derniers rayons
Que ces arbres sont bizarrement noués !
Ils semblent se pencher les uns vers les autres, se dévorer des yeux, s’enlacer sous le regard des couleurs fondatrices, du cyan à l’orangé… Avec quelle insistance ces « vivants-piliers », ces « forêts de symboles » dont parlait déjà Baudelaire suggèrent une forme de vie plus nerveuse, troncs turgescents, étamines prêtes à essaimer, tout en eux trahit leur cousinage avec la faune, leur nervosité prédatrice, leur désir de reproduction.
Nous croyons la nature immobile et chaste, dans notre naïveté, mais elle est aussi traversée de besoins pressants ; ses pariades silencieuses n’en sont pas moins ardentes que les nôtres. Elle a aussi ses érections et ses extases, ses grossesses et ses délivrances ; la semence monte dans ses arbres comme la lave dans ses volcans.
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La guerre ! Quel commentaire ajouter à cet éclat ? Tout deviendrait puéril ou buée d’explications, et quelles images y adjoindre qui n’en alourdissent le jet ?
-Félix Vallotton, 1917-
Vallotton explore la grammaire visuelle de la monochromie et sa puissance plastique, permettant à ses images d’être vues et lues presque d’un coup d’œil par un très large public.
Il n’y a pas de démonstration violente, mais juste une façon délicate d’introduire une forme de malaise.