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EAN : 9782711860548
287 pages
Réunion des Musées Nationaux (25/09/2013)
3.75/5   10 notes
Résumé :
Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit [Nouvelle Objectivité]. S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
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« Mes buts ne sont guère du côté où l'on va et je prévois encore des déceptions publiques, néanmoins je ferai ce que je sens, advienne que pourra ».

Ces quelques mots écrits en 1919, quelques années avant son décès en 1925, pourraient résumer la vie artistique de Félix Vallotton. Sa vocation était de peindre sans jamais songer à suivre la mode ou à flatter l'amateur.
J'étais venu au Grand Palais à Paris plus par curiosité que par véritable désir. C'était la première manifestation consacrée à ce peintre dans un musée national parisien depuis une cinquantaine d'années. le « Nabi étranger », ainsi le surnommaient à ses débuts ses amis Nabis, ces peintres avant-gardistes auquel il appartint durant une dizaine d'année : Vuillard, Bonnard, Maurice Denis et quelques autres, qui présentaient une vision moderne de l'art.
Etrange peintre… Contemporain des peintres post-impressionnistes : Van Gogh, Gauguin, Cézanne, des cubistes et des fauves, cet artiste, suisse de naissance, naturalisé français en 1900, était un solitaire. Ce touche à tout génial fut, par ailleurs, critique d'art et écrivit des romans et pièces de théâtre.
Je le connaissais très mal…

PURETÉ DES LIGNES
Admirateur du Peintre Ingres, chez Vallotton le dessin l'emporte sur la couleur. Celle-ci n'intervient qu'en complément de la ligne qui reflète ses sentiments : magnifique courbes d'un corps de femme dans « le repos ».
Superbe petit tableau : « Misia à sa coiffeuse ». L'artiste se glisse dans le cabinet de toilette de l'épouse de Thadée Natanson, le cofondateur de la « Revue blanche » que Vallotton illustrait. Elle était considérée à cette époque comme la muse des Nabis et la reine de Paris.

EN BLANC ET NOIR
Entre 1892 et 1899, la reconnaissance du talent de graveur de Vallotton lui assure une renommée internationale. Il marche vers le succès, sa foisonnante production lui donne un statut important dans la scène artistique parisienne.

L'ÉCRASEMENT DE LA PERSPECTIVE
« Je rêve d'une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature ».
L'aplatissement de la perspective, hérité de ses bois gravés, se retrouve constamment dans la peinture de l'artiste.
« La Valse » : il s'agit presque d'une oeuvre symboliste. Les couples enlacés s'envolent dans un poudroiement coloré. Un quart de siècle plus tard, Ravel considèrera, somptueux hommage, que cette valse fait littéralement toucher la musique.

SCÈNES DE GENRE
Je suis franchement admiratif de ces saynètes intimes de l'artiste, observant la vie domestique, ainsi que des enfilades d'espaces clos à la Peter de Hooch ou Johannes Vermeer.
« Cinq heures ou intimité » ; « La visite » : des couples se retrouve en fin de journée.
« La loge de théâtre, le monsieur et la dame » est la superbe toile de la couverture cartonnée du livre. On aperçoit à peine les visages du couple ? Notre regard ne peut se détacher du petit gant blanc de la dame, plus vivant que les personnages, formant une tache lumineuse au milieu de la toile.

UNE VISION PHOTOGRAPHIQUE
En 1899, Vallotton vient d'acquérir un appareil Kodak. Il prend des instantanés de sa vie quotidienne, à l'intérieur comme à l'extérieur et retranscrit sur la toile des points de vue, cadrages, contre-jours, que lui permet ce nouveau mode de vision.
« le ballon » : Cette peinture est la star de ses toiles sur ce thème qui représente un point de vue en plongée : une fillette minuscule semble arrêtée dans sa course autour de ballons. Les effets d'ombre et de lumière entraînent la terre dans un tourbillon incontrôlable. Magnifique !

UN ÉROTISME FROID
« C'est par des gestes, dont il ne restait pas toujours maître, que se trahissait une sensualité toujours en appétit de toutes sortes de gourmandises, d'aucunes plus que la chair féminine ».
Les concepteurs de l'exposition, considèrent « le bain au soir d'été » comme la plus belle oeuvre présentée. Résolument symboliste, cet étrange tableau se veut une vraie exaltation de la vie des femmes entre elles, dans un improbable gynécée.
« La salamandre » : Une femme nue face à un poêle brûlant. Un érotisme latent enflamme la composition.

Ce peintre aux multiples facettes, prend place parmi les grands de l'aventure moderne.
Je suis ressorti du Grand Palais avec sous le bras le magnifique catalogue de l'expo, trop cher, mais un vrai bouquin d'art avec une iconographie somptueuse.

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[Exposition. Paris, Grand Palais, 2 octobre 2013 – 20 janvier 2014] – "Félix Vallotton : le feu sous la glace" sous la direction scientifique de Guy Cogeval, Isabelle Cahn, Marina Ducrey, Katia Poletti – Réunion des musées nationaux-Grand Palais, 2013 (ISBN 978-2-7118-6054-8) et Musée d'Orsay Paris (ISBN 978-2-35433-129-0) – relié, format 30x26cm, 288p. – abondamment illustré

Ce catalogue d'exposition comprend :
- une introduction "L'Helvète underground" (pp. 14-21)
- une contribution "Glacé Vallotton ?" signée Marianne Ducrey (pp. 24-33)
- une contribution "Mes racines sont à Paris – la reconnaissance parisienne 1892-1899 ?" signée Katia Poletti (pp. 34-43)
- une contribution "L'automne à Paris : Vallotton et le Salon d'automne, 1903-1925 ?" signée Isabelle Cahn (pp. 44-53)
La partie "L'oeuvre" couvre les pages 55 à 238 ; elle est découpée en dix sous-parties, chacune introduite par une page signée de son auteur. Par ailleurs, quelques oeuvres sont commentées par un certain Claude Arnaud, écrivain, dont il vaut mieux oublier la contribution généralement cantonnée à des lieux communs ou des banalités consternantes.
Une partie "Etudes" comprenant :
- une étude "Vallotton : un japonisme incontestable ?" signée Naoko Sugiyama (pp. 240-249)
- une étude "La quintessence du noir et blanc : les xylographies" signée Fleur Roos Rosa de Carvalho (pp. 250-257)
- une étude "Un amour, Un meurtre, La vie meurtrière : un roman de Vallotton" signée Laurence Madelin (pp. 258-260)
Une partie "Annexes" (pp. 263-287) comprenant une chronologie biographique du peintre, des notes, une bibliographie, la liste des oeuvres exposées, un index des noms de personnes et les crédits photographiques.

Un catalogue d'une grande qualité iconographique et scientifique, pour un peintre marquant de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle.
Dans cette oeuvre variée, je me limite à dégager (arbitrairement) quatre aspects.

Le premier concerne la partie de l'oeuvre de Vallotton prenant la forme de gravures sur bois. Selon les spécialistes s'exprimant dans ce catalogue, c'est lui qui invente ce type de gravures de presse en à-plats de noir et blanc tranchés, aux figures nettement dessinées, se détachant en blanc sur un fond presqu'uniformément noir (voir la contribution de Nienke Bakker "La violence tragique d'une tache noire" suivie de ces dessins (pp. 142-171).

Le deuxième concerne la Grande Tuerie de 1914-1918 ("C'est la guerre" pp. 221-237), avec tout particulièrement ces tableaux intitulés l'un "Verdun" (1917), l'autre "L'homme poignardé" (1916 – inspiré du retable comprenant "Der tote Christus im Grabe", de Hans Holbein der Jüngere - 1521), qui pourrait constituer une autre prédelle pour le triptyque de Dresde d'Otto Dix (intitulé "La Guerre") –

Le troisième concerne évidemment la part importante qu'occupe le nu féminin dans l'oeuvre de ce peintre, un nu féminin sans concession, souvent glacé, avec une prédilection marquée pour la face callipyge de ces dames (dont la célèbre"étude de fesses" qui pourrait être vue comme le complément d'une certaine "Origine du monde" de Courbet ?), parfois mélancolique comme dans "Le chapeau violet" (1907).

Le quatrième enfin concerne l'humour féroce, la satyre incisive, qu'il s'agisse des moeurs ("La chaste Suzanne", la série "Intimité" etc) ou de la réinterprétation parodique de "Persée tuant le dragon" (on ne sait qui prend la pose la plus ridicule, du pôvre Persée ou de la vilaine Andromède).
Chez Vallotton, les héroïnes ne font pas dans la pruderie excessive, comme Europe sautant sur le taureau qui n'en peut mais (alors qu'il est sensé l'enlever), ou la "femme nue lutinant un silène" : s'il semble avoir oublié la traditionnelle Salomé faisant décapiter Jean-Baptiste ou sa variante Judith et Holopherne, il incarne encore plus cruellement l'un des rôles féminins avec son "Orphée dépecé" par des Ménades assoiffées de sang...

Reste à mes yeux que les deux tableaux les plus importants de Vallotton seraient d'une part son "autoportrait à la robe de chambre" de 1914 (quelle dureté de visage !), d'autre part "La blanche et la noire", tableau dans lequel je ne vois pour ma part nulle allusion érotique (contrairement aux commentaires bêtifiants largement répandus) mais au contraire un affrontement violent entre une civilisation européenne ne se souciant plus que de son plaisir lascif, et un Tiers-monde contemplant ce spectacle avec une indifférence glacée et glaciale.

Pour notre génération, gavée d'art abstrait et de Picasso-mania, Vallotton représente l'autre voie possible d'une peinture compréhensible.
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Le mensonge, la raison probante, la belle épingle… toutes ces gravures me semblaient être les oeuvres les plus représentatives de Félix Vallotton. Bénéficiant d'une exposition au Grand Palais, Beaux-Arts Magazine donne l'occasion de découvrir un autre aspect de l'artiste, navigant d'une extrême tension de froideur dans le trait à la chaleur des couleurs et des expressions.


Comme d'habitude, ce hors-série ne nous ensevelit pas sous les informations. Bréviaire destiné à capter la curiosité du lecteur, nous apprendrons rapidement le parcours de Félix Vallotton. Quelques-unes de ses oeuvres sont passées au crible de sa biographie ou de son expression artistique personnelle. Alléchant, mais pas suffisant pour contenter l'enthousiasme que suscite cette (re)découverte des oeuvres de Félix Vallotton. C'est le but de ce hors-série, qui se veut prospectus publicitaire étoffé de l'exposition du Grand Palais. A défaut de sortie parisienne, on se promènera sur Internet pour ratisser le plus grand nombre de toiles. Félix Vallotton ne cesse d'être surprenant et doté d'une grande empathie, ainsi que l'avait déjà noté Octave Mirbeau : « M. Vallotton est un esprit clair, précis, très averti, très cultivé, très passionné. Observateur aigu, parfois un peu amer parce qu'extrêmement sensible ». Les choix d'exposition de cet hors-série le confirment.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Malgré sa nature discrète, Vallotton a des choses très fortes à exprimer, mais elles n’apparaissent pas immédiatement. Le premier regard sur un de ses tableaux indique qu’il a un métier assez classique, inspiré des grands maîtres comme Holbein ou Ingres. On sent qu’il a travaillé d’une manière méthodique et calme. Mais derrière ce calme se cache un véritable volcan ! C’est cette lave, ce feu, ces passions, ce côté noir également qu’il faut vraiment ressentir et que l’on a voulu mettre en avant dans l’exposition, notamment grâce à la scénographie.

-Isabelle Cahn-
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Derniers rayons

Que ces arbres sont bizarrement noués !
Ils semblent se pencher les uns vers les autres, se dévorer des yeux, s’enlacer sous le regard des couleurs fondatrices, du cyan à l’orangé… Avec quelle insistance ces « vivants-piliers », ces « forêts de symboles » dont parlait déjà Baudelaire suggèrent une forme de vie plus nerveuse, troncs turgescents, étamines prêtes à essaimer, tout en eux trahit leur cousinage avec la faune, leur nervosité prédatrice, leur désir de reproduction.
Nous croyons la nature immobile et chaste, dans notre naïveté, mais elle est aussi traversée de besoins pressants ; ses pariades silencieuses n’en sont pas moins ardentes que les nôtres. Elle a aussi ses érections et ses extases, ses grossesses et ses délivrances ; la semence monte dans ses arbres comme la lave dans ses volcans.

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M. Vallotton est un esprit clair, précis, très averti, très cultivé, très passionné. Observateur aigu, parfois un peu amer parce qu’extrêmement sensible.

-Octave Mirbeau-
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La guerre ! Quel commentaire ajouter à cet éclat ? Tout deviendrait puéril ou buée d’explications, et quelles images y adjoindre qui n’en alourdissent le jet ?

-Félix Vallotton, 1917-
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Vallotton explore la grammaire visuelle de la monochromie et sa puissance plastique, permettant à ses images d’être vues et lues presque d’un coup d’œil par un très large public.
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