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Je ne trouve aucune critique à faire, la lecture finie de ces carnets, car ils n'appellent à aucun commentaire. Que dire de plus ? Sinon qu'ils invitent à une réflexion sourde, silencieuse et individuelle sur nos fantômes du passé, sur notre posture lorsque nous serons seuls face à l'inéluctable échéance, celle de notre mort. Est-ce que nous allons nous réfugier sous l'aile protectrice et rassurante de la religion qui nous garantit un « après » ? Ou, comme nous le confie Albert Cohen, allons-nous l'ignorer, lui, le divin créateur source de toute vie, afin de provoquer sa manifestation, qu'il nous prouve qu'il existe, courroucé par notre ignorance ? Albert Cohen se débat, se tournant tour à tour vers ces êtres qui lui sont chers, la mère, l'ami, l'amante, soulignant combien leur absence en cet instant de grand désarroi le laisse faiblissant, meurtri, impuissant. Alors il lève la tête et regarde Dieu, il l'interpelle, le somme de se manifester. En désespoir, devant ce grand silence, il ressasse toutes ces choses qui l'ont meurtri, ces gens qui lui ont nui et leur offre son pardon car eux aussi souffriront les mêmes douleurs angoissantes de la grande faucheuse. Les carnets d'Albert Cohen sont à lire, puis à ranger pour les redécouvrir le moment venu. + Lire la suite |
Dans cet épisode de Réelles fictions, le professeur de littérature Pierre-Louis Fort parle d'Avant que j'oublie, un roman d'Anne Pauly. Il aborde l'écriture du deuil, le style particulier de l'autrice et le roman familial.
Réelles fictions est une série de podcasts qui présentent les cinq romans sélectionnés pour le prix Effractions. Ce prix récompense un roman qui entretient un lien fort avec le réel ; il est remis par la Bibliothèque publique d'information et la Société des Gens de Lettres pendant le festival littéraire « Effractions » en mars 2020.
Références citées dans le podcast :
Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964.
Jacques-Bénigne Bossuet, Sermon sur la mort : et autres sermons, Flammarion, 1996.
Jacques-Bénigne Bossuet, Oraisons funèbres, Garnier, 1988.
Albert Cohen, le Livre de ma mère, Gallimard, 1954.
Annie Ernaux, La Place, Gallimard, 1984.
Annie Ernaux, Une femme, Gallimard, 1988.
Annie Ernaux, Je ne suis pas sortie de ma nuit, Gallimard, 1997.
Philippe Forest, L'Enfant éternel, Gallimard, 1997.
Stéphane Mallarmé, Pour un tombeau d'Anatole, Gallimard, 1961.
Yaël Pachet, le Peuple de mon père, Fayard, 2019.
Extrait lu :
Anne Pauly, Avant que j'oublie, page 16 © Verdier, 2019.
Cet épisode a été préparé par François Patriarche.
Lecture : Denis Cordazzo.
Réalisation : Camille Delon et Renaud Ghys.
Musique : Thomas Boulard.
Merci aux éditions Verdier, à Inès Carme et à Blandine Fauré.
Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou.