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Critique de Colchik


Il y a quelque chose de torrentiel dans le roman d'Albert Cohen, une phrase qui ne veut rien céder à la suivante, une loufoquerie surdimensionnée, une ironie macérée dans le vitriol. le lecteur commence par écarquiller les yeux – ai-je bien lu ? – puis se laisse emporter par le récit aussi débridé que farceur, avant de percevoir la craie noire qui en dessine le patron.
L'épopée des Valeureux commence sur l'île de Céphalonie, se poursuit à Marseille et s'achève à Genève. Qui sont ces Valeureux, tous des Solal de la branche cadette, cousins réunis par une affection chahutée par l'excès de leurs caractères ? Saltiel, le plus âgé sans être forcément le plus avisé, Mangeclous l'ogre tuberculeux, aussi insatiable à table que dans le verbe, Matthathias l'avare, Michaël Le combattant qui plaît aux dames et le petit Salomon au coeur gonflé d'amour pour toutes les créatures vivantes. le narrateur nous met en garde, ces Valeureux du ghetto sont des traîne-savates, des moins-que-rien, des imposteurs souvent, mais sans eux leur communauté n'aurait plus la folie qui soigne les catastrophes.
Un chèque de trois cent mille drachmes adressé à Saltiel décide de l'embarquement de la petite troupe pour Marseille et de leur voyage jusqu'à Genève où travaille à la Société des Nations leur parent, le beau Solal,. En route, se joignent à eux Scipion le Marseillais et Jérémie, le juif errant et apatride.
Derrière la farce pointent les préoccupations de l'époque, la militarisation de l'Allemagne, Hitler qu'il faudrait amadouer à coups de raisonnements perspicaces, la décomposition de la Société des Nations, l'impuissance d'une diplomatie bureaucratique peuplée d'imbéciles et de fats… La virtuosité du style, la truculence des personnages, l'énormité des situations soulignent toute la fantaisie d'Albert Cohen, la puissance évocatrice de son écriture, mais aussi l'absurdité qui gouverne les destinées humaines et s'enracine dans le mépris de l'Autre.
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