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EAN : 9782869594357
126 pages
Arléa (06/01/1999)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Évitant le voyeurisme et l’apitoiement, Myriam Cohen-Welgryn investit l’univers de deux enfants orphelins de leur sœur, et dit avec pudeur l’effondrement d’une famille, puis la lente remontée vers la vie qui reprend.
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans la famille malheur, je voudrai la petite. Je ne l'ai pas. Moi non plus. Ce n'est pas possible, quelqu'un triche !

Non, personne ne triche. Cette fois, dans le jeu des sept familles, la petite n'est plus. La petite dernière qui exaspère les deux aînés, jamais à cours d'arguments et d' histoires sordides pour l'éloigner. Ce jour là, devant son insistance à vouloir les accompagner pour acheter des fraises tagada, la mère cède aux supplications de la petite.
"- Tu lui tiendras bien la main, bien la main " avait dit la mère contrariée à l'aîné.
Mais au retour, la main de la petite a coulé, comme l'eau coule de la source, sans prévenir. L'aile a percuté la chair de la fillette. Elle a volé en l'air, heurté le pare-choc de la 405 blanche. Presqu'au même moment, le cri inhumain de la mère devenue folle, un cri profond, comme un trou sans fond dans l'espace figé.

Ce livre de Myriam Cohen-Welgryn est formidablement romancé. Il est une fenêtre ouverte sur le regard et les pensées de deux enfants face au deuil, celui de leur petite soeur de quatre ans. Leur innocence sur la mort est terriblement émouvante. " Votre petite soeur est parmi les étoiles," leur a t-on dit. Aussi chaque nuit sans lune, ils se postent sur le balcon, pour chercher l' étoile de couleur miel doré de ses yeux, l'espoir fou de la revoir, un signe depuis son départ. Parceque dans leur esprit, elle est toujours vivante, persuadés de son retour, évoquant des suppositions les plus incongrues, mais avec un sentiment de culpabilité pour toutes les histoires terrifiantes dont ils ont usés pour l'éloigner. Et parceque à cet âge, on ne comprend pas le monde des adultes, comment expliquer ce qu'est la mort à un enfant.

Un roman bouleversant d'une famille anéantie, où la vie reprend lentement mais sûrement. Sans tomber dans le mélodrame, ce récit tout en pudeur contient une foule de réflexions ingénieuses, intelligentes et poétiques sur la perception à la fois attendrissante et tragique de deux enfants à l'imagination débordante, histoire de se convaincre que leur petite soeur ne s'est que temporairement absentée pour les faire " marcher " comme ils l'ont fait tant de fois pour l'évincer.
En deux mots : Juste magnifique !
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Me voilà avec un premier roman tout en douceur et en délicatesse, paru il y a maintenant une dizaine d'années. Dans « La petite dernière », Myriam Cohen-Welgryn nous raconte le deuil de deux enfants qui ont perdu leur petite soeur, avec sensibilité, mais sans appitoiment.

Les personnages ne sont pas nommés, mais désignés par leur fonction dans la famille, comme dans le Jeu des Sept Familles : le père, la mère, l'ainé, la cadette, et la petite. La partie commence. Tout d'abord, quelques scènes pendant lesquelles le jeu de carte est au complet, des souvenirs joyeux : un pique-nique, un jeu, des disputes entre frères et soeurs. Puis, l'accident, raconté très simplement, puis revu plusieurs fois à travers les yeux des enfants.

Commence alors une nouvelle partie, avec une carte manquante. Voilà le temps du deuil pour les deux enfants. Tous les deux, ils se sentent coupables : la grande soeur qui avait promis de bien lui tenir la main ; le grand frère qui pense qu'il n'a pas été assez gentil avec la petite et n'en dort plus la nuit.

Pendant longtemps, ils se racontent des histoires, avec une naïveté touchante. Ils guettent leur soeur dans le ciel, ou l'imaginent dans une famille plus gentille. Ils imaginent des rites indiens pour faire passer la douleur de leurs parents. Les autres enfants, eux, leur assènent sans délicatesse cette vérité qu'ils ne sont pas prêts à entendre, en une phrase claire : « ta soeur est morte ».

Ce roman raconte leur deuil, leur cheminement pour enfin admettre que la petite n'existe plus que dans leur coeur, et reprendre le cours de sa vie sans elle. Myriam Cohen-Welgryn le fait avec talent, en nous donnant des yeux d'enfants. On sourit souvent à la lecture, malgré la gravité du sujet. On est ému aussi. le seul petit bémol que j'ai à soulever consiste en des répétitions, lorsque, à plusieurs reprise, les enfants évoquent la place de leur soeur dans le ciel.

Mais elles sont finalement compréhensibles : les enfants ont besoin d'en parler souvent, de répéter les mêmes choses, car ils ne comprennent pas l'absence de leur soeur. Ils ont besoin de trouver une explication qui leur paraît plausible, et de s'en convaincre. Ainsi, l'auteur montre la difficulté d'expliquer la mort aux enfants, et les malentendus qui peuvent en résulter. En effet, pour accepter la mort de leur soeur et la laisser partir, ils doivent aussi la comprendre.

En résumé, c'est un beau roman qui aborde en finesse un sujet délicat. Un joli moment à passer…
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Pour tous ceux qui connaissent le drame de perdre un frère une soeur un cousin une cousine dans leur enfance, ..un livre plein de tendresses, très juste puisque largement autobiographique et qui montre comment oui effectivement la vie reprend son cours, lentement, par interstices, petit à petit, malgré l'horreur du deuil et de la culpabilité...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il faut regarder le ciel à l’infini et le couvrir des yeux. On dit qu’on peut attendre des jours, des mois, des années, tu ne sais jamais à l’avance. Et puis un jour, tu regardes et tu comprends. Elle est là et tu la reconnais. Tu la distingues entre toutes les étoiles à sa couleur, à sa forme, à son éclat. Elle te fait signe et c’est indiscutable. Quand elle aura terminé son voyage et se sera transformée en lumière, la petite, elle projettera nos ombres sur le sol, tu verras.
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Les vraies larmes ne coulent pas des yeux, mais suintent de tous les trous du cœur, de la peau, des oreilles, de chaque racine de cheveux.
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Il y a des cris qui créent la peur pour la vie.
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Les cris, ça fait plus peur que ce qui fait peur.
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