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EAN : 9782889441518
Slatkine et Cie (06/02/2020)
3.82/5   28 notes
Résumé :
Dans ce petit port de la côte Atlantique, au tournant des années 1960, la vie est simple, rythmée depuis toujours par la mer et la pêche. Chacun y tient sa place, dans un ordre immémorial. Il y a le tenancier du bar du port, le garagiste “Courapied”, la librairie-bazar “T’y trouves tout”… Et Joseph, notre narrateur. Joseph est fils unique, il grandit choyé par sa mère et dans l’adoration de son père, marin-pêcheur. La vie semble toute tracée. Jusqu’à ce qu’un drame ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Enfant unique, Joseph grandit entre sa mère, femme au foyer, et son père, marin-pêcheur, dans un petit port, quelque part sur la côte, à l'écart de la ville. Sa voie est tracée : il suivra les pas du père et deviendra pêcheur. Mais un drame en décidera autrement, faisant basculer Joseph dans une vie d'adulte où il se sent étranger.

L'auteur a choisi de faire de Joseph son narrateur. Ce parti pris s'avère extrêmement structurant pour le livre et l'a rendu décevant pour moi.
Joseph est un garçon simple, intelligent mais peu éduqué. Il raconte donc sa vie, et décrit son environnement, avec des mots simples, ceux du langage courant. Il peine à mettre de l'emphase pour décrire les drames qu'il traverse, les succès que lui permet son bon sens, ou les transformations majeures de son environnement.
Il en ressort une impression de platitude, de vie trop linéaire, d'environnement immuable. Pourtant il va s'en passer des choses, des ruptures même, dans la vie de Joseph ; attendues parfois (on n'arrête pas la modernité !), ou plus surprenantes, mais tout cela semble étouffé sous un discours trop simple.
A l'extrême, on peut avoir le sentiment que Joseph vit sa vie sans être trop concerné par ce qui lui arrive, par ceux qui l'entourent, à une ou deux exceptions près, ou par son environnement.
Ce n'est qu'au dernier chapitre qu'on comprendra que Joseph y est dans doute plus sensible qu'on ne pourrait le croire. Un peu tard ! Dommage...
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Années 1960, un petit port de pêche sur la côte Atlantique.
La maison est modeste mais Joseph s'y sent bien entouré par La Mère et le Grand Jules le Père marin pêcheur. Un trio comme il y en avait beaucoup , des taiseux qui aimaient et
s'aimaient , un petit port où chacun avait son rôle à jouer dans l'orchestre de la vie..
Et puis les choses ont changé, les anciens sont partis, les jeunes loups ont montré les dents et croqué dans le gâteau. Les années ont passé ..
Un roman sur une époque aujourd'hui disparue. Alors oui j'ai aimé me joindre à Joseph, oui j'ai ressenti beaucoup d'émotion à la lecture de certains passages. Les voix, leur tonalité sont remontées du fin fond de ma mémoire...
Seul petit bémol la pirouette finale ne m'a pas vraiment convaincue, peut-être aurais-je préféré simplement voir le canot s'éloigner et passer le Cap du bonheur ...
Un très grand merci aux éditions Slatkine &Cie et à Delphine pour ce partage.
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Vingt courts chapitres pour raconter une époque disparue. Joseph au fil de ses souvenirs nous raconte une vie simple dans une famille aimante et taiseuse.
Il va grandir, suivre les traces de son père jusqu'à ce que sa vie explose mais finalement continue sur le même rythme. Joseph est un sage comme son père. Les personnages qui l'entourent sont décrits avec empathie et une certaine tendresse.
Ce livre nous relate un tournant dans le vie des gens, comment peu à peu certains ont voulu plus et ont commencé à détruire ce monde pas si ancien. Après, tout s'est accéléré. Que ce soit la pêche ou l'agriculture les banques ont fait du mal...
Je ne sais quel âge à l'auteur, il a su nous mettre dans l'ambiance de ces années 60 et j'ai été plus d'une fois touchée par ses mots. En lisant ce livre j'ai pensé à la ZAD de Brétignolles ( 85) où les gens se battent pour que la dune et la côte ne soient pas détruites pour le tourisme et le projet d'un port de plaisance derrière le codon dunaire.
Un livre touchant à l'écriture simple qui nous trace de beaux portraits et que j'ai lu avec une certaine émotion.
Un premier roman intéressant mais j'ai trouvé la fin un peu rapide.

Merci à masse critique et à Slatkine pour cet envoi.



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Un poème de René Char en épigraphe et c'est déjà, pour moi, une complicité instaurée avec le roman à venir ! Complicité qui n'a cessé de se confirmer tout au long de ma lecture de ce joli premier roman.
La vie semble bien douce dans ce petit port de l'Atlantique au mitan des années 60. Tous les habitants se connaissent, se saluent, se parlent, au bistro ou à la sortie de la messe. Pour Joseph, le narrateur, le village est une extension du cocon familial dans lequel il grandit, blotti dans l'amour de ses parents. Les jours s'écoulent semblables les uns au autres dans la familiarité des lieux, des personnes et des petits évènements quotidiens. Nulle question à se poser : plus tard, Joseph sera marin-pêcheur, comme son père, son idole, son héros et la vie continuera comme ça... tranquille... sans accrocs...
Mais vient le temps de la pêche intensive qui nécessite de plus gros bateaux qui nécessitent de plus gros crédits qui nécessitent une pêche de plus en plus intensive. Joseph assiste en spectateur à cet engrenage fatal et absurde, car son père a choisi de garder son ancien bateau et son mode de pêche traditionnel. La disparition dramatique de ses parents projette le jeune garçon de l'adolescence à l'âge adulte, d'une vie au tracé défini aux troubles d'un avenir incertain. La trajectoire de Joseph s'infléchit alors que parallèlement la modernité transforme insidieusement le village et ses habitants. Dès lors l'éventail des possibles se restreint pour qui ne veut pas se soumettre...
J'ai trouvé beaucoup de charme à cette histoire racontée avec une simplicité innocente qui n'exclut aucunement la lucidité. Joseph semble se laisser porter par les évènements sans avoir prise sur eux, mais ce n'est que l'apparence d'un personnage fondamentalement bon et accommodant qui finalement, sans brutalité, ne transige ni sur ses rêves, ni sur ses exigences. le naufragé du titre peut correspondre à ce personnage qui ne parvient pas, (mais qui ne souhaite probablement pas non plus) à participer à une vie sociale et économique aux antipodes de celle qu'il a connue dans son enfance. Mais le naufrage peut aussi renvoyer à celui d'un monde dont le souvenir ne semble plus subsister que dans la mémoire des anciens et dans celle de Joseph.
La clarté de l'écriture déroule le fil des années et témoigne des changements qui bouleversent progressivement le village et, au-delà de ce territoire circonscrit, le monde. François Colcanap évite les écueils du passéisme et du cynisme pour nous livrer un constat désenchanté et lumineux sur une période qui a vu se transformer profondément les structures de la société.
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Chatoyant, « Le naufragé » est olympien. L'incipit laisse le temps filer entre ses doigts « du jour où « La mère » a remplacé « Maman » j'ai appartenu à ce monde. » La trame est un papier de soie. A l'instar d'une dictée dont retient le gracile des courbes et la grammaticale générosité. Dans le jeu des 7 familles je demande le père « Jules », la mère, « La mère », et le fils (le narrateur) « Joseph ». L'histoire est du pain croustillant dont la saveur est un escompte hyperbolique du futur. Joseph conte l'habitus d'un temps qui se fissure. En bord de mer, dans cette orée de ballets de bateaux de pêche, carte postale qui prend vie et dont on aime ce qui se fige en nos mémoires. « Je revois ces instants comme s'ils venaient d'être vécus. Tout s'anime, et sent et bruisse. Je suis au-delà de la mémoire, debout, agrippé aux rebords du parc, la tête posée entre les deux mains. Je regarde. Je regarde sans rien penser. Je regarde le mouvement. » On se love dans les confidences, la lumière se lève peu à peu. On retient les gestes qui se posent et dont on ignorait les signaux avant de lire « Le naufragé ». Combien ils étaient grands parce que constants. Les sociologiques attitudes, le progrès qui s'immisce sur le seuil des portes subrepticement. Le père, Jules est un pêcheur. Un vrai. Celui qui part en pleine mer sans même savoir nager. « le père sur son canot, je ne l'ai longtemps vu que sortant du port, ou rentrant, toujours la même posture, la barre entre les jambes, le regard droit devant, immobile sauf le menton qui montait. » On aime son front haut, sa solidité et son altérité. Ce qui ne se dit pas, mais se devine dans cette ténacité à défier les difficultés d'une vie laborieuse et intense. La mère est un modèle d'attentions pour Jules. Soumise au roulement du foyer, donnant le torchon au père pour qu'il s'essuie les mains dans chacun des retours des glorieuses pêches. Un geste d'amour comme une caresse furtive et pudique. Un rituel qui murmure cette collaboration des instants qui se relient délicatement. Joseph va grandir. « Derrière la Mère, la soupe fumait sur le feu, les fenêtres sur la vie étaient ouvertes. A la fin de l'été, je serais ce que le Père était. » Jules va affronter les vents et les contre-courants. Changer son bateau, suivre les entrelacs de la modernité. Il va partir plusieurs jours en pleine mer, jusqu'au souffle d'une tempête assassine. Qu'elle sera-t-elle ? Joseph va vivre l'initiation et ses épreuves. Faire un pas de côté salvateur. Faire du noir et blanc, une source de couleur en devenir. Se fondre dans la contemporanéité. « Je découvris un autre monde. « C'est le monde » disait-il en guise de transition. » Ce roman est superbe. Solaire, magnétique, il déploie les habitus dont on veut le modèle pour soi-même. « Comment être nulle part quand la vie nous entoure ? Je suis ailleurs, et cet ailleurs me plaît. » Cristallin, on n'oublie pas l'échappée qui s'annonce. La transmutation d'un siècle en preuve existentialiste. L'emblème d'un Carpe Diem empreint d'essences. François Colcanap achève son roman en actant la certitude de l'authenticité. Un premier roman fois mille. Publié par les majeures Editions Slatkine & Cie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon père aimait voir le monde heureux. C'était les seules fois où La Mère venait à bord.
" Avec toutes les pépés, faut qu'j'aie l’œil. "
Elle disait cela en riant mais, au fond, je crois qu'elle le pensait sérieusement. Le Père n'était pas un coureur, et La Mère le savait bien, mais le dire et être là, ça enlevait les mauvaises pensées !
( p 87)
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Le Père, dans la cour, c’était l’attente de ma journée. Je rangeais mes affaires, j’attendais que la porte s’ouvre. Voir Le Père, l’entendre me remplissait de ce qui peut s’appeler la joie. (…) Très tôt, j’ai eu l’ambition de ressembler au Père, de faire la pêche comme lui. Je ne dirais pas que j’étais heureux, ces mots ne voulaient rien dire. J’étais Joseph, le fils du Grand Jules, le fils de Maman, Maman que j’appellerais bientôt La Mère, et dont je n’ai su le vrai prénom qu’après sa mort. (…) Jamais de grandes phrases, mais une telle présence.
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J’aurais dû comprendre que vivre le présent, ce n’est pas sans cesse se souvenir, espérer un lendemain différent de l’instant qu’on vit. Vivre, c’est être où l’on est, pleinement, être qui ont est, sans tricherie. Mais Le Père ne pensait pas à tout ça. Le Père, c’était Le Père, le Grand Jules, le seul à avoir vu le canot d’Eugène qui allait se faire éperonner.
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Vivre, c'est être où l'on est, pleinement, être qui on est, sans tricherie
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Il faut le manque pour apprécier le besoin.
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