AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de madameduberry


Ce recueil d'articles est un produit de Noël, conçu pour être vendu en même temps que le Christmas pudding, les éditions limitées à couvertures chatoyantes, les faux jouets anciens et le dernier objet connecté à la mode. Comme le projet éditorial, son titre est non seulement opportuniste, mais aussi contradictoire avec son contenu. Rêveries de Noël eût mieux convenu. Car les Noëls d'enfance de Colette n'ont jamais existé. A leur place, c'est la figure de Sido qui remplit les souvenirs de "Gabri", ou" Minet-chéri", comme l'appelait sa mère. Colette décrit le village poyaudin (de Puisaye, pour ceux qui ne connaissent pas la Bourgogne) où elle grandit, comme libre penseur, ou mal -pensant comme on disait à l'époque. On comprend en lisant cette histoire que c'est plutôt sa mère la "mal pensante, elle qui, par son athéisme, déplaça les célébrations de Noël à la toute fin de l'année. Loin de 'en faire un jour de ripailles mécréantes elle crée un jour de partage très symbolique: cuire tout le jour du pain pour le distribuer aux plus misérables accompagné d'une dîme en argent sonnant, voilà qui n'est pas banal non plus.
Que reste-t-il alors , du parfum des Noëls d'antan, à l'écrivain, d'âge mûr puis plus tard encore, au soir de sa vie? Tant de souvenirs , en fait : l'attente que fleurisse l'ellébore, dite rose de Noël, parfois sous la neige,comme un autre autre cadeau étincelant et qui bleuit à l'aube; surprendre , dans son demi sommeil, les hésitations de Sido, venant déposer, une nuit de Noël, deux petits paquets fleuris de ladite rose, dans les sabots de sa fille, puis les reprenant après un bref moment de réflexion, pour les donner comme à l'habitude à sa fille pour ses étrennes. Scène muette où l'enfant blottie sous l'édredon sait lire tout l'amour maternel. Car Colette s'abreuvait aussi aux mythologies de l'enfance et aurait voulu croire à quelques fééries, moitié sulpiciennes moitié superstitieuses, de ses compagnes paysannes qui voyaient des miracles au-dessus de l'étable la nuit de Noël, et Sido pensa un moment abonder en ce sens en dévoyant du même coup le sens donné à leurs propres rites familiaux. Comment mieux illustrer la formule de Lacan: "Aimer, c'est donner ce qu'on n'a pas?" Autrement dit, l'amour ne saurait se distribuer comme un bien matériel, et n'est pas du même ordre que la possession ni la jouissance des biens. Ce joli "Conte de Noël" vient rejoindre dans mon paysage mental d'autres écrits célèbres du" Temps Retrouvé", comme l'appelle génialement Proust, retrouvailles/création de tant d'auteurs littéraires.
Commenter  J’apprécie          172



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}