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EAN : 9782010112409
227 pages
Hachette (17/04/1985)
3.76/5   33 notes
Résumé :
Au cours d'un séjour à la campagne, Michel découvre une liaison entre sa femme Alice, qu'il adore, et le trop séduisant Ambrogio. Liaison ancienne et semble-t-il terminée ; mais le doute et la jalousie, quand ils s'emparent d'une âme, peuvent-ils lâcher prise à si bon compte ?
Face à l'homme partagé entre la colère et le chagrin, Alice tente de conjurer la crise. Comment faire comprendre à Michel ce qui a de l'importance et ce qui n'en a pas, lui faire sentir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un petit roman sur un couple fusionnel dont le mari découvre l'adultère de son épouse ; une passade dit-elle, rien de grave.
C'est un huis-clos, une presque pièce de théâtre.
Il est est questions d'une tromperie, de l'ambivalence d'une femme qui souhaite être pardonnée mais qui a besoin que la douleur de son époux se manifeste, explose.
D'une écriture élégante, détaillant paysages, objets et pensées des protagonistes, Colette rentre dans l'intimité du couple.
Le poids des apparences, la servante en toile de fond, les hypocrisie et la jalousie parsèment ce récit.
Et puis, la chute...
Un roman tout en délicatesse sur le paradoxe des relations humaines.
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1932, dans une maison de campagne où viennent passer leurs vacances Alice et son mari Michel.
L'atmosphère est à la fois pesante et languide, entre deux saisons, étouffante dans la pièce qu'ils partagent, libératrice dans cette nature brumeuse et fraîche qui renaît tranquillement de l'hiver. C'est qu'Alice n'a pas eu le temps de cacher, au retour de Michel, cette chemise violette dans laquelle elle a gardé les trois lettres de son amant de quelques semaines, Ambriogo. Or, Ambriogo n'est autre que l'associé de Michel.
Le récit se déroule dans un huis-clos oppressant préfigurant ces films des années 50 où tout se joue dans les regards, les gestes, en l'espace de quelques jours seulement. Alice teste sans cesse son amour pour Michel par ces petits défauts qu'elle sent ne plus supporter, après dix ans de mariage. Ambriogo n'est finalement qu'un prétexte au délitement de ce couple, car en réalité Alice étouffe dans ce duo qui l'oppresse: on lit en filigrane les critiques d'une auteure en avance sur son temps qui dénonce les petits mots en apparence anodins, les gestes faussement affectueux dénotant en réalité la domination voulue de l'homme sur la femme. Alice a par ailleurs un soutien aussi surprenant que discret de la part de leur domestique, Maria, maltraitée par son homme et cachant à peine son mépris pour Michel, malgré son envie contradictoire de le séduire.
Une belle tentative d'analyse de ces relations qui se jouent entre les deux sexes et des incompréhensions qui en découlent.
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Partis en villégiature dans leur beau manoir à la campagne, Alice et Michel sont heureux en ménage. Tout semble aller bien pour eux jusqu'à ce que Michel découvre fortuitement l'infidélité passée d'Alice. Mais si Alice a depuis longtemps tourné la page sur cette brève passade, pour Michel, la blessure est fraîche et vive. Malgré toutes les tentatives d'Alice pour minimiser son acte et exhorter son mari à dépasser sa colère, sa jalousie et sa douleur, Michel n'y parvient pas. Les conversations deviennent factices, leurs gestes et postures affectés et les non-dits s'accumulent. Dans cette atmosphère lourde de faux-semblants, leur mariage se délite tandis qu'en contrepoint les averses et orages se succèdent, gonflant les eaux de la rivière proche et noyant la terre.

Ce huis-clos intimiste est un roman plutôt mineur dans l'oeuvre de Colette mais il est intéressant par son approche inhabituelle. D'ordinaire, la romancière explore des personnages de femmes trompées mais elle a préféré cette fois inverser les rôles pour nous montrer la souffrance d'un homme causée par l'infidélité féminine en opposition au détachement de la femme adultère.

C'est sans doute la première fois que je n'apprécie pas la fin d'un roman de Colette. Je n'ai pas du tout été convaincue par le choix de Michel, à mon avis beaucoup trop précoce par rapport à la découverte de l'infidélité de sa femme pour être crédible.

Mais comme toujours, Colette m'a émerveillée par son utilisation de l'ombre et de la lumière, des reflets et des couleurs appliqués par petites touches impressionnistes et poétiques pour retranscrire les émotions qui agitent ses personnages.

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Pour Alice et Michel, quelques jours de repos à la campagne avant de retourner à Paris. La maison de campagne qu'il faudrait bien retaper, mais l'argent manque. le régisseur dont Michel se méfie. La domestique dont Alice se dit qu'elle ne l'apprécie pas. Mais tout cela n'a rien d'important, face à dix ans d'un amour heureux. Sauf que voilà, parce que Michel a eu envie de rentrer, plutôt que d'écouter plus longtemps le régisseur, il surprend Alice avec une lettre, plutôt un fragment de lettre d'un ancien amant, et tout se fissure. Ou plutôt les fissures commencent à se laisser voir, j'ai envie de dire, ou peut-être est ce une question de génération? Qu'est-ce qu'une lectrice aurait pensé de Michel, quand ce roman est sorti, Michel que j'ai trouvé horriblement paternaliste avec sa femme....
Comme souvent avec Colette, ce que j'ai préféré en fait c'est sa description de la nature, où Alice reprend ses forces dans ce huis clos terrible. Peu d'écrivains chantent la nature avec le simplicité et la beauté de Colette. J'ai aussi beaucoup aimé le lien qui se crée entre Alice et la domestique, Maria, qu'elle pensait au début une ennemie, avant de mieux la découvrir.
Une fois de plus, Colette prouve ici son talent, et prouve aussi qu'un roman marquant ne nécessite pas d'être long, car ce court roman là ne s'oubliera pas!
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1934 - Duo

1939 - le Toutounier

Avec "Duo", nous pénétrons dans un huis-clos tourmenté et passionnel. Un homme et une femme s'affrontent. Les affres de la jalousie détruiront une confiance très ancienne et dans le sillage de l'obsession, Michel ne le supportera pas et se détruire lui-même laissant une Alice plus étonnée de la faiblesse de l'homme aimé que de son acte. Colette relate les échanges et les souffrances de chacun se débattant avec ses propres démons. Son écriture sensuelle nous place d'emblée dans le lieu (le jardin, le village où Alice "descend" s'approvisionner en crayons, le sous-main violacé qui intrigue et met l'eau à la bouche comme l'un de ces bonbons à la violette que l'on convoite enfant), la maison (ses odeurs, sa chaleur printanière, le parfum du tilleul servi après le repas du soir), les habitudes de chacun (la description de Maria, la "gouvernante" est savoureuse), les coquetteries de l'homme d'un milieu artistique des années trente, la fatalité d'Alice que nous ressentons beaucoup plus que l'exaltation d'un Michel tantôt "homme enfant" tantôt "homme martyr" qui agace un peu. Leur duel est beau jusqu'à la désespérance de l'incommunicabilité de deux êtres qui n'auraient pas dû détruire.

Nous retrouvons Alice dans "Le Toutounier" après la seule fin que nous n'imaginions pas (je vous la laisse découvrir). Alice retrouve ses soeurs et tentera de se reconstruire au sein de la chaleur qui les unit et dont le centre n'est autre que ce "toutounier", en fait un divan, élément foetal qui les unit.

Un très beau télé-film de Claude Santelli a été réalisé en 1990. Evelyne Bouix (Alice), Pierre Arditi (Michel), Denise Gence (Maria) ont prêté avec finesse leur voix, silhouette et traits à ces personnages.

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
[ Incipit ]

Il ouvrit la porte rudement, et se tint un moment debout sur le seuil. Il soupira : « Oh ! mes enfants ! », se jeta sur le divan à tâtons et s’abandonna au bain de l’ombre fraîche. Mais il préféra les récriminations au repos, et se redressa d’un coup de reins.
– On ne m’a fait grâce de rien ! Chevestre m’a traîné partout, regarde mes chaussures... Et l’étable qui tombe sur les bœufs, et les oseraies inondées, et le riverain d’en face qui pêche à la cartouche... Il m’a fallu, entends-moi bien, il m’a fallu...
Il s’interrompit.
– Tu es bien jolie, ici. Ceci mérite considération, évidemment...
Sa femme avait disposé le bureau, ancien et sans beauté, dans la profonde embrasure de la fenêtre, sous le rayon de midi étoilé de poussière suspendue. Devant elle, un bouquet d’orchis pourprés trempait dans une petite auge de verre épais, et témoignait qu’Alice remontait des prés les plus humides, feutrés de racines de vernes et d’osiers. Sous sa main, un buvard de cuir répétait la couleur des fleurs, et son reflet, frappant le visage d’Alice, troublait le gris verdissant de ses yeux, que Michel comparait à la feuille des saules.
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Elle ouvrit toute grande la porte-fenêtre et aspira une bouffée de nuit printanière si complète, si fastueusement pourvue de parfums immobiles, d'impalpable humidité, de chants et de lune, que des pleurs irrités lui montèrent aux yeux ; "C'est trop bête... Une nuit pareille ! Gâter une nuit pareille, nous qui sommes si capables encore de rester sur le banc, bien couverts, à regarder tourner les étoiles et descendre la lune..."
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Elle ne bougeait, ni ne détournait son regard. Mais Michel vit que sous la frange épaisse des cheveux un des sourcils d’Alice dansait imperceptiblement, au gré d’une petite convulsion nerveuse. En même temps parvint à ses narines l’odeur qui révélait l’émotion, la sueur arrachée cruellement aux pores par la peur, par l’angoisse, l’odeur qui caricaturait le parfum du santal, du buis échauffé, le parfum réservé aux heures de l’amour et aux longs jours du plein été.
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Dans le rayon qui chevauchait la table, les mains lumineuses d’Alice et de Michel maniaient les couverts et rompaient le pain. Alice regardait le petit doigt frivole de son mari, et Michel suivait les jeux des longues mains agiles d’Alice, la longue main qui avait écrit à Ambrogio, qui avait ouvert à Ambrogio une porte dont les gonds ne criaient pas... La main qui s’était attardée, tantôt crispée, tantôt assoupie et ouverte, dans une chevelure d’homme, au gré des chuchotantes, des abominables confidences... De sa rive d’ombre, il épiait les mains illuminées, clignait de petits yeux de pêcheur patient, mais n’oubliait aucune réplique de son rôle.
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– Je peux lui faire dire demain.
– Oh ! demain... dit-il mollement.
Alice se retourna si vite qu’elle faillit renverser la lampe.
– Quoi, « oh ! demain... » ? C’est vrai, demain, la vie s’arrête, n’est-ce pas, la terre tourne dans l’autre sens ?... La maison s’écroule, on divorce, on ne se connaît plus, tu me dis vous et je t’appelle monsieur ? C’est ça, hein, ton « oh ! demain » ? Dis-le, va, dis-le !
Il clignait des paupières, se retenait de reculer sous la volubilité, sous la terrible manière d’attaquer, de renverser les rôles, de prendre le pas sur tout ce qu’il avait projeté, sur tout ce qu’il n’avait pas eu le temps de projeter.
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