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sur 571 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On le sait, Colette était une fervente admiratrice des félins, au point d'écrire en leur compagnie, et, surtout, de les transposer dans ses romans. Ce court texte est d'abord paru, d'avril à juin 1933, sous la forme d'un feuilleton dans le journal Marianne. le livre sortit en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. Il faut dire qu'au premier abord, l'histoire semble un peu ridicule : Camille, jeune épouse est jalouse de Saha, la chatte de son mari Alain, car celui-ci y prête un peu trop d'attention à son goût. Elle en arrive à vouloir la tuer... Alain supportera-t-il cet affront ?

Bien évidemment, il ne faut pas en rester là. Ce texte est bien plus profond que ça. le mariage de ces deux personnes a été arrangé. Alain n'est pas heureux dans son couple, lui qui se refuse à grandir. Sa jeune épouse lui fait peur. Elle est trop moderne, trop sexy pour quelqu'un de si peu sûr de lui. Son compagnon à quatre pattes représente un monde dans lequel il voudrait se réfugier, celui de son enfance. Et c'est justement ce que ne comprend pas Camille qui traite le félin comme une rivale sans se rendre compte qu'elle ne représente aux yeux de son époux qu'un passé révolu, "une chimère" selon la mère d'Alain.

Ce texte est d'autant plus intense qu'il se déroule pratiquement à huis-clos. Toute l'intensité dramatique est là. Si les personnages sont réduits à l'essentiel, les actions sont rapides : on observe, on agit. Et n'est-ce pas mimétique de l'écriture de Colette ?
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« Déjà elle embaumait la menthe, le géranium et le buis. Il la tenait confiante et périssable, promise à dix ans de vie peut-être, et il souffrait en pensant à la brièveté d'un si grand amour.
- Après toi je serai sans doute à qui voudra... A une femme, à des femmes. Mais jamais à un autre chat. »
Alain vénère Saha, une chatte de la race des chartreux qui partage son coeur et son jardin de verdure. Il passe son temps à la cajoler et à s'extasier sur sa majestueuse beauté. Rien n'est trop beau ni trop bon pour cet animal qu'il gâte outrageusement. Un comportement qui n'est pas du goût de Camille, la jeune fille qu'il vient d'épouser. Si cette dernière est follement éprise de son jeune mari, Alain lui préfère de loin sa tendre et silencieuse Saha. Le jeune homme de 24 ans, oisif et très infantile, voit avec effroi son univers douillet se fissurer par la présence bien trop envahissante de cette jeune femme épousée suite à un arrangement entre familles du même milieu social. Un bancal ménage à trois va se mettre en place, la chatte prenant de plus en plus de place dans cette union boiteuse qui ne tient qu'à un fil. Camille va prendre en grippe sa féline rivale et tenter de l'écarter de son chemin par tous les moyens.
Qui remportera la mise ? La femme amoureuse ou la chatte ?

C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume poétique et inimitable de Colette dont j'ai dévoré les écrits quand j'étais adolescente. Cruel et délectable à la fois, ce court roman qui nous raconte l'histoire d'une passion exclusive et dévorante entre un homme et son félin n'a rien perdu de sa justesse et de son originalité. Avec une grande subtilité, l'auteure dissèque à la perfection les affres de la jalousie et les liens étroits et privilégiés que peuvent entretenir un animal et son maître. Voilà un récit dérangeant (car comment l'être humain qui croit en sa suprématie pourrait-il songer ne serait-ce qu'un instant d'être détrôné par une bête ?) mais ô combien réaliste !

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Elle est belle, bien sûr, cependant il lui trouve le cou un peu trop court, il n'aime pas le parfum qu'elle met et « qui la vieillit », et puis, la première nuit de noces, elle n'a aucune pudeur, on dirait qu'elle aime ça et qu'elle en redemande. Déjà, fiancés, elle mendiait des baisers-sur-la- bouche, pire, elle en tenait la comptabilité.

Il lui en veut du plaisir qu'il lui donne.

Colette le dit avec des mots beaucoup plus fins, mais elle le dit. Camille n'émeut pas Alain, ce qu'elle affirme ne le touche pas, il est révulsé à la vue d'un cheveu noir laissé sur le lavabo, quand elle prétend le connaître, il sait que non, il s'efforce, pourtant, il essaie, il se tempère, évite les éclats et les disputes…
Et puis il y a Saha, la chatte, son amour de chatte, avec qui il communique et dont il comprend tous les Me-rroin. Elle, il l'aime, et son amour est partagé, au point que Saha se laisse mourir quand il part dans un autre appartement avec Camille. Elle reste dans le jardin où elle chasse, petite lionne féroce qui s'oublie à son animalité. Et qui essaie pourtant de se maitriser pour se rapprocher le plus possible de l'humain (comprenons : d' Alain). Elle chasse une mésange, “ Assise, les pattes jointes, son jabot de belle femme tendu » Alain la caresse au moment où elle va maitriser son instinct félin, alors la chatte le mord brusquement « pour dépenser son courroux ».
Mais contre toute attente, cet accès de sauvagerie contribue moins à ravaler Saha au rang d'animal qu'à rapprocher, par le biais de la sexualité, l'homme de la bête. « Il regarda sur sa paume deux petites perles de sang, avec l'émoi coléreux d'un homme que sa femelle a mordu en plein plaisir ».
C'est elle, la femme, depuis le début, et Camille, l'intruse, l'étrangère. Lorsque Camille parle du futur « nid » (essai de se rattraper en animalité ?) Alain et Saha préfèrent fermer les yeux, ensemble. C'est Saha, la pudique, qui essaie de cacher sa propre passion pour Alain, discrète, digne, aimant inconditionnellement, exclusivement, patiente, empressée à ne pas lui déplaire. Il souffre en pensant à la brièveté d'un si grand amour», il lui répète des litanies passionnées « Mon petit ours à grosses joues », « mon pigeon bleu », « démon couleur de perles » ou bien : « mon petit puma, ma chatte des cimes, ma chatte des lilas ».


Entre Camille et Alain, les non dits s'accumulent : il lui préfère son ombre, il la juge, et se repait des critiques qu'il entend sans être vu de la part des domestiques. le parfum ! Entêtant !Et puis l'impudeur ! Rédhibitoire ! Quand on sait combien l'odorat des chats est développé !

L'incompatibilité, à défaut de guerre, est déclarée, seuls des mots échappés et regrettés surnagent du silence. le joli couple, uni par le désir, fondu dans le plaisir, cache des sentiments plus noirs. Elle s'habille de blanc pour susciter le compliment : « ma petite mouche dans du lait », oublieuse du fait que le lait, oui, Saha boit le lait.


Colette partageant elle aussi la complicité avec les chats, sait que les paroles humaines ne sont pas nécessaires lorsqu'une entente supérieure, une transmission de pensée presque divine lie deux êtres. Alain, comme Colette, « parle » chat, il savoure la beauté du silence, aussi.
Elle a écrit « La chatte » en compagnie de la « chatte dernière », irremplaçable et pas remplacée, comme dit Alain à Saha : jamais un autre chat que toi »Camile est trop « normale », presque quelconque, elle ne comprend rien, elle se croit supérieure, elle se rebiffe: sa naïveté aveugle la condamne, sa jeunesse ne l'aide pas. Pire, elle évoque le peu de fortune de son fiancé, matérialisme impardonnable.
On souffre quand on ne comprend pas pourquoi on souffre.

Normal qu'elle soit jalouse, dans ce trio où elle n'occupe pas la bonne place, dans cet appartement triangulaire, comme dans leur triangle amoureux, d'où elle veut déloger la chatte.
« Assis, tous les deux… vous ne m'avez même pas entendue ! Vous étiez comme ça, la joue contre la joue… »
Si lui, en rêvant, pense qu'il ronronne, si Camille le voit sursauter quand elle le touche « nerveux comme un chat » lui dit-elle, la dernière phrase du roman confirme avec génie l'interaction animal-humain, car « Saha, aux aguets, suivait humainement le départ de Camille »et Alain joue comme un chat, « d'une paume adroite et creusée en patte, »avec des marrons d'Inde.
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Mais quelle écriture ! Fine, ciselée. En très peu de mots Colette envoie du lourd. C'est subtil et profond. J'aime beaucoup. Et pour les amis des animaux, c'est un régal.

Un jeune homme, fils unique et choyé par maman pendant des années, gâté par une vie de haute bourgeoise, rencontre une jeune femme d'un milieu légèrement plus modeste que le sien mais à la différence du sien, en expansion et bien utile pour renflouer les caisses qui se vident rapidement. Il l'épouse. Mais il aime tellement sa chatte. Une chatte de concours, majestueuse. Comment cette chatte noble pourrait rivaliser avec son épouse qui "a le dos du peuple…" ? Oh Camille, tu tenteras le tout pour le tout mais il sait tellement bien manipuler pour se préserver ton gentil Alain, aussi blond que tu es brune. Vous jouerez mais qui gagnera ? Saha ? Toi ou lui ? Lui toujours accroché à ses origines, à son jardin et sa chambre d'enfance qui le protège ?
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De mémoire, La Chatte est le premier livre que j'ai lu de Colette, la raison en est simple : j'aimais les chats ; j'ai donc aimé Colette. Qui, mieux qu'elle, parle de l'âme animale ? Encore ado, cette lecture m'a révélé ce que je connaissais de façon intuitive par la compagnie de ma chatte, qui partagea 18 ans de sa vie avec sa famille humaine. La Chatte n'est peut-être pas le meilleur roman de Colette, peu importe ; elle décrit les interactions humanité-animalité - et notamment la jalousie - avec un brio à mon sens inégalé.

Par ailleurs Colette est un immense écrivain, en ce sens qu'elle a écrit une oeuvre à l'écriture parfaite. A la suite de la Chatte, j'ai lu la majeure partie de ses livres, un des plus aboutis à mon sens étant le Pur et l'Impur. Solidement terrienne, enracinée dans le terroir bourguignon et dans un siècle frontière entre l'ancien monde (avant 1900) et le nouveau (après 1950), Colette ne cesse de décrypter le chemin qu'elle parcourt, accompagnée par ses animaux, ceux qui vivent sous son toit, comme ceux qu'elle croise, qu'elle sauve, et à qui elle restitue leur conscience, bien loin de "l'automate animé" décrit par Descartes.
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Colette ah, que sa plume m'enchante ! Je retrouve avec plaisir son amour des chats, et je pense que seuls les grands amoureux des félins se retrouveront dans ce texte.
Comment délaisser son chat pour une pimprenelle fut elle son épouse ! Mon coeur balance, que nini, mon coeur entier est voué à la belle, la somptueuse Saha ! rien de moins rien de plus que le bonheur simple, pur, immense, et éternel d'une fusion entre un chat et son maître.
Ceux qui n'ont jamais connu cela, soit vous passez votre chemin car tout comme Camille vous ne pourrait concéder à ce tel amour, soit vous vous émerveillez et tout de go vous adopterez un chat de préférence dans une association ça fera un malheureux de moins.

Au-delà de ce tableau félin, Colette nous peint les travers d'un jeune couple fraîchement marié, avec toute sa volupté dont elle sait nous accorder, tout autant quand Alain parle de sa chatte Saha, c'est tout aussi sensuel.
Les débuts d'un couple sont toujours chaotiques, mais quand l'épouse devient jalouse du chat de Monsieur ça devient un crime passionnel quand une main malheureuse aurait tenté de supprimer l'objet du délit.

On ressent l'amour des félins dans chaque description de Colette, on ressent aussi cette amour profond et une très grande complicité avec cette gente argentée.
Colette ne va pas sans son chartreux.

J'ai beaucoup aimé ce petit texte, étant du côté des chats, j'ai détesté cette Camille et quand elle a osé faire ce geste malheureux je n'ai pu me retenir de la traiter de sale garce.

Et je donne raison à Alain qui s'en est retourné dans son havre de paix, dans le royaume de son chat qui a tout loisir de profiter du magnifique jardin que Colette a su si bien nous offrir. C'est si simple avec les animaux, les humains sont si complexes. comment hésiter quand il faut choisir ! Brave Alain, et sa belle Saha, au diable cette peste de Camille qu'elle s'en aille épurer de sa jalousie loin de Saha.
Encore une belle lecture de Colette et sa plume si poétique, même si parfois, il est vrai, il y a des phrases un peu trop longues à mon goût.

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Alain quitte son univers douillet de fils unique. Dans la maison de son enfance, il laisse Saha, la chatte qui l'accompagne depuis des années. Fraîchement mariée avec Camille, jeune femme vive et exigeante, Alain ne peut que comparer la finesse de l'animal adoré à la vulgarité insupportable de l'épouse. Entre la femme et la bête s'engage un combat sournois et implacable, pour gagner l'amour de l'homme. Tous les coups sont permis, et Alain est faible.

Court roman mais quelle richesse! Les pages regorgent de finesse. Il y a une réelle densité des sentiments, une touffeur émotionnelle qui saisit le coeur. On a envie que la femme gagne, mais on se dit que ça ne serait que justice que le chat l'emporte. J'ai aussi eu envie de secouer Alain. le personnage masculin est d'une fadeur délicieuse: sans lui, la femme et le félin paraîtraient bien ternes. Ce petit texte est exquis, et il se dévore!
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Alain a comme compagne incomparable Saha, sa chatte. Un jour cette tendre complicité va être compromise par le mariage d'Alain qui épouse Camille, laquelle se révèle vite jalouse de l'amour qu'Alain porte à cette chatte, celle -ci lui semble-t-il dit qu'elle la persécute...
La grande passion de Colette : les chats et les chiens. Elle les a observé à la loupe, le portrait qu'elle fait ici de ce chat est plus vrai que nature !
Amoureux et amoureuses des chats : un incontournable, l'avoir dans sa bibliothèque, le faire lire à son chat !
A lire avec délectation car le style de Colette frise la perfection ! dans la description de ce mini félin qui fait preuve de sensibilité...et"c'est tellement vrai " !

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Je pense que tout le monde, une fois dans sa vie, s'est déjà senti plus proche d'animaux que de ses semblables.

Cette sorte de misanthropie se retrouve bel et bien dans ce livre, avec le personnage d'Alain, qui apprécie bien plus la compagnie de sa chatte, Saha, à la compagnie superficielle de Camille, sa partenaire.

Grâce à une habilité rare et sa plume si particulière, Colette nous fait pénétrer l'intimité de ce jeune couple, que rien ne semble plus unir.
La tension monte petit à petit, l'atmosphère devient de plus en plus lourde, jusqu'à son point culminant, et nous ne pouvons que rester assis là, impuissant derrière notre livre, à regarder la relation d'Alain et Camille se dégrader à petit feu.

L'aspect très immersif et presque psychologique de ce livre m'a particulièrement plu, et je pense que plus d'un sauront s'identifier aux protagonistes.
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La langueur délicieuse des jours d'été, l'intimité merveilleuse d'un instant chéri avec son félin, l'indicible confort d'une maison de parents, tous sentiments d'enfants que l'on voudrait faire durer pour la vie.

Alain, en tout cas, serait bien aisé de s'en contenter. Car après tout, pourquoi cesser ? Pourquoi s'installer dans une vie attendue où l'on n'est plus jamais seul, accompagnée d'une acolyte qui ne miaule pas, qui minaude, qui transforme, qui désire et envahit ?

Quel délicieuse friandise intemporelle que Colette nous écrit là. Une fois de plus. Et qui nous donne envie d'aller bronzer sous les platanes de notre enfance, le chat ronronnant sur le ventre, à écouter le bruit des plats qui s'entrechoquent en cuisine.

Ce roman est l'été incarné.
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