AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Vagabonde (L'envers du music-hall) (112)


Partir, repartir, oublier qui je suis et le nom de la ville qui m'abrita hier, penser à peine, ne refléter et retenir que le beau paysage qui tourne et change au flanc du train, l'étang plombé où le ciel bleu se mire vert, la flèche ajourée d'un clocher cerné d'hirondelles...
Commenter  J’apprécie          150
On s'habitue à ne pas manger, à souffrir des dents ou de l'estomac, on s'habitue même à l'absence d'un être aimé, on ne prend pas l'habitude de la jalousie.
Commenter  J’apprécie          150
Combien de femmes ont connu cette retraite en soi, ce repliement patient qui succède aux larmes révoltées ? Je leur rends cette justice, en me flattant moi-même : il n'y a guère que dans la douleur qu'une femme soit capable de dépasser la médiocrité. Sa résistance y est infinie ; on peut en user et abuser sans craindre qu'elle ne meure, moyennant que quelque puérile lâcheté physique ou quelque religieux espoir la détournent du suicide simplificateur.
« Elle meurt de chagrin... Elle est morte de chagrin »... Hochez, en entendant ces clichés, une tête sceptique plus qu'apitoyée : une femme ne peut guère mourir de chagrin. C'est une bête si solide, si dure à tuer ! Vous croyez que le chagrin la ronge? Point. Bien plus souvent elle y gagne, débile et malade qu'elle est née, des nerfs inusables, un inflexible orgueil, une faculté d'attendre, de dissimuler, qui la grandit, et le dédain de ceux qui sont heureux. Dans la souffrance et la dissimulation, elle s'exerce et s'assouplit, comme à une gymnastique
quotidienne pleine de risques... Car elle frôle constamment la tentation la plus poignante, la plus suave, la plus parée de tous les attraits : celle de se venger.
Il arrive que, trop faible, ou trop aimante, elle tue... Elle pourra offrir à l'étonnement du monde entier l'exemple de cette déconcertante résistance féminine. Elle lassera ses juges, les surmènera au cours des interminables audiences, les abandonnera recrus, comme une bête rouée promène des chiens novices... Soyez sûrs qu'une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s'écrie :
— Elle est en acier !
Elle est « en femme », simplement — et cela suffit.
Commenter  J’apprécie          140
Je te désirerai tour à tour comme le fruit suspendu, comme l'eau lointaine, et comme la petite maison bienheureuse que je frôle... Je laisse, à chaque lieu de mes désirs errants, mille et mille ombres à ma ressemblance, effeuillées de moi, celle-ci sur la pierre chaude et bleue des combes de mon pays, celle-là au creux moite d'un vallon sans soleil, et cette autre qui suit l'oiseau, la voile, le vent et la vague. Tu gardes la plus tenace: une ombre nue, onduleuse, que le plaisir agite comme une herbe dans le ruisseau... Mais le temps la dissoudra comme les autres, et tu ne sauras plus rien de moi, jusqu'au jour où mes pas s'arrêteront et où s'envolera de moi une dernière petite ombre... qui sait où?
Commenter  J’apprécie          140
Découvrez-moi tout entier, inventez en moi des faiblesses, des ridicules, accablez-moi de vices imaginaires... Mon souci n'est pas que vous me connaissiez tel que je suis : créez votre amoureux à votre guise, et c'est après - comme un maître retouche et refait l'oeuvre médiocre d'un élève chéri -, et c'est après que, sournoisement, peu à peu, j'y mettrai ma ressemblance !
Commenter  J’apprécie          130
Colette évoquant la tentation des sens : "Mais il y a des jours lucides, où je raisonne durement contre moi-même :"prends garde ! veille à toute heure ! Tous ceux qui t'approchent sont suspects , mais tu n'as pas de pire ennemi que toi-même ! Ne chante pas que tu es morte, inhabitée, légère : la bête que tu oublies hiverne, et se fortifie d'un long sommeil..."
Commenter  J’apprécie          130
-Elle est en acier !
Elle est «  en femme », simplement, et cela suffit.
Commenter  J’apprécie          110
La tête me tourne un peu, depuis Avignon. Les pays de brume ont fondu là-bas, derrière les rideaux de cyprès que le mistral penche. Le soyeux bruissement des longs roseaux est entré, ce jour-là, par la glace baissée du wagon, en même temps qu'une odeur de miel, de sapin, de bourgeon vernis, de lilas en bouton, ce parfun amer du lilas avant la fleur, qui mêle la térébenthine et l'amande. L'ombre des cerisiers est violette sur la terre rougeâtre, qui déjà se fendille de soif. Sur les routes blanches que le train coupe ou longe, une poussière crayeuse roule en tourbillons bas et poudre les buissons...Le murmure d'une fièvre agréable bourdonne sans cesse à mes oreilles, comme celui d'un essaim lointain...
Commenter  J’apprécie          110
Cette humeur protectrice, cette adresse à soigner, cette maternité délicate dans le geste - apanage des femmes
Commenter  J’apprécie          90
Découvrez-moi tout entier, inventez en moi des faiblesses, des ridicules, accablez-moi de vices imaginaires... Mon souci n'est pas que vous me connaissiez tel que je suis : créez votre amoureux à votre guise, et c'est après - comme un maître retouche et refait l'oeuvre médiocre d'un élève chéri -, et c'est après que, sournoisement, peu à peu, j'y mettrai ma ressemblance !
Commenter  J’apprécie          80






    Lecteurs (943) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Sidonie gabrielle Colette

    Le père de Colette est

    Facteur
    Ecrivain
    Capitaine
    Journaliste

    13 questions
    193 lecteurs ont répondu
    Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur ce livre

    {* *}