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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dernier-né de la série des Claudine, ce roman est pour moi attachant et différent. C'est le premier roman que Colette signe de son seul nom. Ce droit, elle déclare " l'avoir revendiqué à cause du côté paysagiste de cette petite oeuvre qui lui tenait à coeur". Et il a une place particulière dans mon coeur de lectrice car étudiante, c'est sur ce livre que j'ai fait mon mémoire de maîtrise...

Ce roman nous fait entendre, même si c'est de façon encore maladroite, la vraie voix de Colette. Certes, il reste lié aux autres "Claudine" par des personnages, une certaine ligne d'intrigue, mais une nouvelle narratrice naît , qui est déjà la Colette-phénix, apte à changer de peau et à durer. C'est en cela qu'il est intéressant.

Car Claudine , double de l'auteure, change, c'est la fin de la première jeunesse, et surtout elle apprend la solitude car son mari Renaud, malade, est soigné en montagne ( symbole de sa séparation avec Willy) et elle se retrouve à Casamène, la propriété de son amie Annie. Celle-ci, de même que Marcel" ce bibelot suspect" ne sont que de pâles figurants dans ce décor campagnard. Ce qui compte, c'est le ressenti de la narratrice, et j'avoue que les conversations de ces deux-là sont assez artificielles, c'est la faiblesse du roman...

La plume de l'auteure est nerveuse, humoristique à certains moments, précise dans ses évocations et souvent tendrement nostalgique.

J'avais choisi ce livre car j'avais passionnément aimé , outre la libération du joug de son mari Willy qu'il préfigure , le lyrisme mélancolique qui émane des descriptions de la nature,des animaux et des réflexions de la narratrice. Parlant de la maison d'Annie, elle écrit:" L'automne éblouit ici. Casamène est perchée sur l'épaule ronde d'une petite montagne crépue de chênes bas, qu'octobre n'a pas encore mordu de sa flamme. Du haut de la terrasse de gravier, on voit luire une froide rivière, argentée et rapide, couleur d'ablette."

Et Colette n'est jamais aussi émouvante que quand elle évoque, à travers Claudine, ses souvenirs d'enfance :" Ya t-il ailleurs, dans toute ta vie qui se précipite, un soleil aussi blond, un lilas aussi bleu à force d'être mauve, un livre aussi passionnant, un fruit aussi ruisselant de parfums sucrés ?"

Depuis, j'ai évidemment préféré d'autres oeuvres de Colette, plus profondes, plus accomplies, mais ce livre-là reste pour moi un bijou d'émotion et de poésie, il palpite toujours en secret au fond de moi...



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Claudine a trouvé refuge à Casamène, la maison de son amie Annie, où elle patiente en attendant le retour de son mari du sanatorium. Sa vie est rythmée par les confidences d'Annie, les lettres de Renaud et les obligations liées à la propriété, obligations que lui cède son amie avec plaisir. Quand Marcel, le fils de Renaud les rejoint, Annie sort ses jolies robes.
Claudine se languit de Renaud, s'étonne de découvrir une Annie différente, réfléchit, bouscule un peu Annie et beaucoup Marcel.

Lire La retraite sentimentale, c'est entrer dans un monde où les jours s'étirent pour laisser la place à des descriptions vivantes et sensuelles, d'un sous-bois, d'un feu de cheminée ou de comportements animaliers.


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La retraite sentimentale - soit dit en passant, je trouve ce titre d'une grande beauté - conclut la série des Claudine, et il la conclut bien. Claudine est désormais prête à attendre, à se retirer et à se rendre enfin à son domaine, sa maison et ses bêtes. Seuls trois personnages peuplent vraiment ce livre : Claudine, Maurice et Annie ; Renaud est également présent mais d'une manière qui laisse présager d'une fin à venir, à la façon d'un souvenir chéri.
La série des Claudine fait partie de ces livres que je chéris pour leur essence, pour ce qu'ils me font resentir, aussi ne puis-je pas m'étendre dans un commentaire détaillé et pointilleux, simplement ce livre m'a réchauffé l'âme à sa lecture, et je voulais le dire.
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Il y a comme ça des livres de saison, celui-ci appartient à l'automne. Les descriptions de Casamène inspirée des Monts-Boucons (Franche-Comté), propriété offerte puis reprise par Willy sont d'une sensualité absolue. L'atmosphère de ce huis-clos de femmes dans cette vieille maison craquante et l'arrivée troublante de Marcel l'introverti sont un prétexte à l'évolution d'une Claudine assagie et d'une Colette qui s'en va.



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Le passé, les souvenirs. le temps montre et démontre les joies et les larmes. Des indices, des épreuves.

Renaud existe depuis si longtemps et tout ceci se mesure à quelques objets qui ont capturé l'instant. Oublie-t-on si vite ? Se rappeler le nécessaire. Qu'est-ce qui est nécessaire au souvenir ?

L'absence. Claudine est installée chez Annie. L'amie précieuse, amie silencieuse. L'on peut se sentir libre parce que l'on se souvient, parce que l'on détermine, parce que l'on choisit. La liberté physique et la liberté morale sont-elles complémentaires ?

Renaud est loin, il est seul et se sent enfermé. Annie est là. Accompagnée, elle est si absente, indifférente à ce qui l'entoure.

Abandonne-moi, je t'abandonne.

Claudine est une femme dans l'attente d'elle-même. Les envies s'accumulent, le besoin survient et ne demande qu'à s'alimenter. Pourquoi tout autour d'elle est si silencieux ? Les autres ont rompu avec la vie et n'attendent que Claudine pour entendre ou atteindre le sentiment d'exister.

Penser à soi et penser à l'autre.

Quelles limites entre s'exécuter pour lui ou pour elle puis dans un même temps tenter de rester soi-même ?

Toi ou moi ? Toi et moi ? Je me regarde et je ne vois que la possibilité de percevoir le même regard posé sur moi malgré le temps qui impacte le physique et le sentiment. Dans nos pensées qui traversent nos états d'âme, notre jugement, tu ne changes pas et pourtant j'ai l'impression que moi je n'ai fait que cela. Tu es le même dans mon coeur et dans mes pensées, et moi ?

Amour ou amitié ? Qu'est-ce que cela change ?

La liberté, l'envie, le désir sont l'appétit d'une vie extraordinaire et épanouie mais pour qui ?

Aux portes du monde, que retenir ? Comment raconter ? Que penser de moi ?

Ivre de la vie, ivre de te laisser m'emporter, me laisser glisser afin d'être à ta disposition, que faire et comment disposer de ma conscience lorsque je t'ai appartenu corps et âme. Me satisfaire de l'un ou l'autre, m'en contenter, se dit-elle.


"Assise, le dos las, les mains ouvertes, je reste là comme une bonne : une promise poyaudine, qui vient de lire la lettre de son "pays" parti sous les drapeaux n'a pas les yeux plus déserts, la pensée plus gourde que moi..."


"Quand il reviendra, je serai sous les armes : un peu de kohl bleu entre les cils, aux joues le nuage de poudre écrue couleur de ma peau, un coup de dents pour aviver le bouche... Mon Dieu ! à quoi vais-je penser là ? Ne faudra-t-il pas, oubliant mon entrée en scène, que je coure, que je le soutienne fatigué de son voyage, que je l'emporte et que je l'imprègne de moi, que je peuple l'air où il respire ?..."


La solitude. Etre seule. L'un peut-être un choix, l'autre devenir une constatation. Elle est "imprégnée" par l'autre. Il n'y a pas de mot plus magique pour définir ce qu'est se sentir seule. On observe et toute la sublimation de l'autre s'échappe de partout. Vivant pour lui, il n'entend plus et/ou n'observe plus. Soudain, l'isolement et l'on se perd dans les sentiments. S'imprégner, c'est s'alimenter ou le sentiment meurt.

Peut-on croire en l'invulnérabilité ? Penser que le corps et le coeur appartiennent à un seul être. le désir est-il unique ? C'est l'inconnue tant que coule l'amour dans le sang et traverse chaque sens.


Puis la retraite sentimentale, c'est peut-être garder le sentiment de l'amour intact ? C'est peut-être isoler cet amour pour qu'il ne s'envole pas ?

La retraite sentimentale, c'est sûrement s'isoler du monde, tenter de protéger ses sentiments. Regarder le jour et se souvenir la nuit. Découvrir, amorcer, combattre pour mieux survivre dans cette vie que l'on rêve, que l'on a aimée et construite.

La retraite sentimentale dévisage un moi intérieur, elle éparpille les doutes, les envies, les souvenirs et les bonheurs autour de moi. Attendre la fin ou redécouvrir la vie. La solitude parfume puis resplendit de mille couleurs une vie prochaine. Jeunesse, tu m'exaltes ! Vieillesse, tu m'enivres de souvenirs ; pourtant la vie est là tout autour de moi : dans un regard, un objet, un moment. Puiser, entendre et voir ce qui est immortel : les sentiments.

L'amour n'est pas un sentiment que l'on donne ou que l'on offre. C'est un sentiment de plénitude et de bien-être. Je suis avec lui, je suis sans lui. L'amour propulse et l'amour déçoit.

Qu'attendre de lui ?

Sa propre satisfaction ?

Sa propre perte ?

S'abandonner ou se découvrir, l'amour est tout autour de toi, autour de nous.

Sache le puiser sans l'enfermer.
Lien : https://aupaysdesbooks.wixsi..
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Claudine et Annie (la narratrice de Claudine s'en va) se reposent à Casamène, le domaine d'Annie. Renaud est à l'hôpital pour soigner un début de tuberculose. le roman consiste essentiellement en un échange des deux femmes à propos de leurs amours et particulièrement Annie dont les amants correspondent aux nombreux voyages de celle-ci. Manuel, beau-fils homosexuel de Claudine, vient un peu troubler cette intimité avec ses ennuis d'argent et de petits amis. Des trois, seule Claudine prétend avoir le grand amour et ne fait que penser au retour de Renaud qui lui écrit de temps à autre. Il reviendra pour mourir peu après et laisser Claudine seule à Casamène entourée de son fidèle Toby-chien et de Prrrou, fille de la chatte Péronelle du début. Elle vivra de son souvenir sans tristesse.

Ce roman, dans lequel on retrouve tous les personnages, Renaud, Marcel, le gros Maugis, Marthe et Léon peut être considéré comme le dernier de la série des Claudine. Il pourrait y avoir des longueurs dans les récits d'Annie, on pourrait sourire aux pensées de Claudine mais rien n'y fait. On ne s'ennuie pas une minute tant la construction est efficace et le style très sûr: descriptions du crépuscule, réactions des animaux confidents des soucis humains. Claudine, héroïne attachante possède cet "art de vivre" propre aux gens proches de la campagne et des animaux (nombreuses références à Montigny) que devait posséder Colette, à l'épreuve de toutes les mondanités du parisianisme.
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Toujours revenir, puiser dans cette écriture unique, lorsque je veux me ressourcer.
Cinquième et dernier des Claudine même si le titre ne l'indique pas, il clôt une série.
Renaud le mari de Claudine est hospitalisé et mis en quarantaine pour cause de tuberculose.
« Laisse, je te dis, laisse, mon enfant, ton vieux mari entre les quatre murs de ce frigorifique ; on traite de même le poisson qui manque de fraîcheur… »
Claudine passe ce temps d'absence chez son amie Annie. A Casamène, les rôles s'inversent c'est l'hôte qui a pleine autorité pour mener les affaires du domaine.
Cela peut-il combler le manque ?
« Ce n'est pas du chagrin que j'endure, c'est une espèce de manque, d'amputation, un malaise physique si peu définissable que je le confonds avec la faim, la soif, la migraine ou la fatigue. »
La douce Annie qui brode comme si elle n'était pas présente au monde, cache une vie plutôt agitée.
« C'est l'Annie inconnue qui parle à présent, nette, impudique, avec un sourire retroussé de connaisseuse. La fièvre délicieuse des découvertes me chauffe les joues ! ... »
Ainsi s'affrontent et s'enrichissent deux conceptions de l'amour, mais ce duo est assurément un trio car l'amour de la nature au sens large, les paysages, les plantes et les animaux, enveloppe le tout d'une façon éternelle.
« Frileuse de sommeil, elle se tenait ce matin sur le perron aux marches disjointes, qui chancellent sous le pas comme les pierres mal assurées qui marquent le gué d'un ruisseau… Sept heures sonnaient et je sortais du labyrinthe, trempée de rosée, le nez fondu et les mains gourdes, une corbeille sur les bras. Ce matin d'octobre sentait le brouillard, la fumée de bois et la feuille pourrie, à m'enivrer. »
L'antagonisme de tempérament des deux femmes n'est-il pas seulement une apparence ?
Ce qui les sépare assurément c'est le sens d'attachement.
Claudine qui est emplie du quotidien, de cette vie qui sourd en chaque chose, chaque être et veut en faire quelque chose de particulier, alors qu'Annie n'a pas la perception de ce qui l'entoure. Elle est dans l'immédiat d'elle-même.
Claudine sait intuitivement que la maladie emportera son Renaud, n'est-ce pas pour cela qu'elle se raccroche à la nature, toujours vivante, toujours là à bout de bras, à fleur de peau, à portée de regard…
Marcel le beau-fils de Claudine sera l'intrus.
« Il est arrivé, il est arrivé ! le vieux cheval Polisson a hissé une malle en parchemin, ma grille a grincé d'une façon malveillante, Toby-Chien a aboyé, Sainte Péronnelle Styliste s'est réfugiée sur le cadran solaire et Annie — je l'aie vue, de mes yeux, vue ! — a daigné courir. J'ai envie de m'en aller : la maison remue trop. »
Ce que j'aime chez Colette, je crois, c'est qu'elle parle femme, quotidien, nature ce qui emplie une vie dans l'instant et pour toujours. Pas de discours, de métaphysique ou de politique, non la valeur de l'instant qu'il faut savourer avec ses cinq sens.
Est-ce le secret pour être heureux ? où ce qui s'en rapproche le plus.
A chaque lecture je fais de nouvelle découverte, une phrase, un mot le tout comme une promesse de bonheur. Celui que l'on peut toucher du doigt.
On peut discourir sur Colette et sa ou ses vérités, je crois que celle-ci de vérité n'est pas au fond du puits mais bien dans cette nature célébrée et mille fois respectée.
©Chantal Lafon

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