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Nicole Ferrier-Caverivière (Préfacier, etc.)
EAN : 9782253011095
251 pages
Le Livre de Poche (01/10/1975)
3.97/5   358 notes
Résumé :
Comme Colette après sa séparation d'avec Willy, Renée Néré doit subvenir à ses besoins en se produisant sur des scènes de music halls ; marginale et déclassée, elle devient aussi une vagabonde sentimentale qui, après quelque temps d'une liaison pourtant heureuse, retrouve sa peur d'être un jour de nouveau prisonnière.

Itinéraire parfois douloureux d'une femme indépendante au début du siècle, qui préfère renoncer à l'amour avant l'heure des regrets, é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 358 notes
Mais pourquoi Colette n'était-elle pas peintre ? Elle écrivait. Et l'écriture pour commencer n'est ce pas là une des façons les plus phénoménales de peindre ? Peindre les bruits, les ombres, les odeurs, peindre le tintement des heures, peindre la poussée du printemps, la langueur des velours, peindre la matière des brumes, peindre l'apostrophe des solitudes, et leurs folles majuscules qui vous enserrent l'âme encore plus fortement que le coeur. Toucher l'élan qui vous saisit avant même le mouvement qui vous entraîne. Écrire une route pour dessiner sa vie. La vagabonde, l'amour brisé comme une gueule cassée. Revenue d'un charnier dans lequel elle a s'est faite arrachée le coeur. Faite pour aimer. Sans aucun doute. Faite si bien, si entièrement, si totalement, si véritablement pour l'amour que le verbe en devient infalsifiable. Trouver alors refuge dans le choix d'une solitude en compagnonnage plutôt que dans un partage où l'enjeu ne serait que marchandage.
1910 - Colette libérée, Colette danse. Colette peint. Elle vagabonde.

Astrid Shriqui Garain
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"La vagabonde" est inspirée du parcours de Colette et de son mariage malheureux avec Willy.
Ici aussi, l'heroïne fut mal mariée.
Elle est aujourd'hui célibataire, se produit sur scène, tire un peu le diable par la queue mais elle est libre.
Un spectateur va tomber follement amoureux d'elle. Va t-elle renoncer à sa liberté pour les bras d'un amant et la sécurité ?
L'écriture est élégante, les descriptions ravissantes, le récit précurseur, les personnages attachants mais il y toujours ces petites longueurs surannées qui entravent mon plaisir de lecture.
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Sous la plume de Colette, la ville de Paris se métamorphose en un monde de féerie et de magie. Dans La Vagabonde, la narratrice, Renée Néré, est une femme libre et insouciante qui exerce la pantomime. Cette forme d'art lui permet d'être elle-même, sans avoir à se conformer aux attentes des autres. Elle peut exprimer ses émotions, ses rêves et ses désirs sans avoir à utiliser des mots. Renée est une femme indépendante, qui refuse de se conformer aux conventions sociales.

La beauté de ce roman réside dans son écriture, à la fois poétique et sensuelle. Colette nous offre une description saisissante des paysages urbains, des personnages qu'elle croise et de ses propres émotions.
Renée Néré est une femme complexe, qui oscille entre la passion et la raison. Elle est attirée par l'amour, mais elle craint de se retrouver de nouveau piégée dans une relation dominatrice.

Le roman est une ode à l'émancipation et à l'amour. Il nous rappelle que la vie est un voyage, et que nous devons nous efforcer de vivre pleinement chaque instant. Il est à lire et à relire, pour toujours se souvenir de la beauté de la vie.
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Quand vous avez la littérature dans le sang...
Ce week-end, une amie m'a demandé comment vas-tu, tout sourire je lui réponds : il y a longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien, je suis d'humeur vagabonde.
La saynète se passait samedi, dimanche matin, au lever du jour, en buvant mon premier café et en écoutant le premier chant des oiseaux ce mot vagabonde était toujours présent à mon esprit, et j'ai eu envie de relire "La vagabonde de Colette". Mais que nenni, ce livre n'était plus dans ma bibliothèque, l'après-midi même j'ai eu l'occasion d'acquérir l'oeuvre complète en 3 volumes. Et c'est ainsi que voici la recension de ce délectable pèlerinage…
Renée Nérée, le double de Colette, est une femme qui a dépassé la trentaine et qui a « mal tourné » entendez par-là qu'elle a divorcé en 1906, ce qui était rare et que pour vivre elle est devenue mime de music-hall. Cette femme qui écrivait n'écrit plus : « Or, depuis que je vis seule, il a fallu vivre d'abord, divorcer ensuite, et puis continuer à vivre…Tout cela demande une activité, un entêtement, incroyables… »
Avant de se décider à franchir le pas de la séparation avec un homme qu'elle a aimé, et qui lui a fait subir trahison, tromperies, et bien d'autres affronts, elle avait sa place dans le beau monde, même si beaucoup préférait lui donner du « Madame Renée » plutôt que le nom de son mari. Il lui en a fallu du courage, et du renoncement, car les amis restent toujours du côté du Mâle.
Elle a rompu avec son ancienne vie et quand, en ce mois de décembre, froid et humide, elle se retrouve seule elle se remonte le moral comme elle peut : « le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et moi. En lui surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue, à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau… »
Voilà que surgit un admirateur jeune et beau, riche, plein d'assurance, quelle tentation !
Mais Renée a une vision nouvelle de la séduction, par le prisme des débris de son ancienne vie et l'exotisme de sa nouvelle vie d'artiste.
« Quoi qu'il essaie, je lui réponds brièvement, ou bien j'adresse à Hamond la réponse destinée à mon amoureux… Ce mode de conversation indirecte donne à nos entretiens une lenteur, une fausse gaîté, inexprimables… »
Mais va-t-elle renoncer à sa liberté toute neuve ?
J'ai fait cette lecture avec à l'esprit le regard de Colette, ce regard si particulier qui étonne sur chaque photo.
Eh oui, elle disait « il faut voir et non inventer » et ses écrits sont empreints de ce regard affranchi, surprenant, aigu, spontané.
Son art du portrait humain ou animalier est admirable, j'ai adoré découvrir les dessous des milieux artistiques de l'entre-deux guerres. Les descriptions toute en finesse des états d'âme, des difficultés de chacun, de la fierté qu'ils mettent tous à cacher la misère et l'incertitude du lendemain, a course au cacheton… Les surnoms qu'elle donne sont désopilants.
Elle sait d'un adjectif, d'un trait d'humour vous faire voir la gestuelle, la pose de chacun, avec tendresse ou cruauté.
Son analyse de la situation des femmes est d'une actualité presque irréelle.
Son écriture est tellement intemporelle, audacieuse et fine que sa narration ne semble pas dater de plus d'un siècle.
Un roman d'une beauté sensuelle remarquable, un plaisir de lecture incomparable.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 24 avril 2018.

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Quel bien-être de lire ce court roman de Sidonie-gabrielle Colette,tant la maîtrise de la langue et la poésie sont magnifiques.
Roman intimiste et et biographique.Sous le nom d'emprunt de Renée,qui n'est autre qu'elle -même, elle va nous raconter au travers "La vagabonde" une page de sa vie.
Mal remise et très meurtrie de son divorce d'avec Willy,qui la trompait honteusement,pour subvenir à ses besoins ,elle se fait engager comme mime et danseuse ,par Brague,dans une troupe de music-hall et de caf'conc'.Elle retrouve une famille ,elle aime cette ambiance, cette atmosphère. de nombreux admirateurs la courtisent,mais fermement ,elle les repousse ,jusqu'au jour où : un homme par sa pugnacité, et son amour pour elle ,va lui laisser entrevoir une autre vie un autre avenir dans un monde d'aisance et de facilités.
Se laissera t-elle tenter ? A vous de le découvrir.
J'ai aimé au travers de superbes envolées lyriques ,le regard de Colette sur sa vie et surtout sur l'avenir qu'elle s'est choisi,malgré la souffrance d'être seule et aussi la peur de vieillir qui revient souvent dans son roman comme un leit-motif .Elle est fière de de ne plus dépendre financièrement de son ex-mari et revendique haut et fort sa liberté de femme, ce qui en 1910( date de parution du roman) mérite un grand "coup de chapeau"!
Une lecture réjouissante, et qui quelque part,nous montre ,à qui sait la manier,combien notre langue ,peut être belle .
Un roman d'un autre temps,d'une autre époque ,mais qui nous envoie une bouffée d'air frais et pur !!
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Citations et extraits (112) Voir plus Ajouter une citation
Combien de femmes ont connu cette retraite en soi, ce repliement patient qui succède aux larmes révoltées ? Je leur rends cette justice, en me flattant moi-même : il n'y a guère que dans la douleur qu'une femme soit capable de dépasser la médiocrité. Sa résistance y est infinie ; on peut en user et abuser sans craindre qu'elle ne meure, moyennant que quelque puérile lâcheté physique ou quelque religieux espoir la détournent du suicide simplificateur.
« Elle meurt de chagrin... Elle est morte de chagrin »... Hochez, en entendant ces clichés, une tête sceptique plus qu'apitoyée : une femme ne peut guère mourir de chagrin. C'est une bête si solide, si dure à tuer ! Vous croyez que le chagrin la ronge? Point. Bien plus souvent elle y gagne, débile et malade qu'elle est née, des nerfs inusables, un inflexible orgueil, une faculté d'attendre, de dissimuler, qui la grandit, et le dédain de ceux qui sont heureux. Dans la souffrance et la dissimulation, elle s'exerce et s'assouplit, comme à une gymnastique
quotidienne pleine de risques... Car elle frôle constamment la tentation la plus poignante, la plus suave, la plus parée de tous les attraits : celle de se venger.
Il arrive que, trop faible, ou trop aimante, elle tue... Elle pourra offrir à l'étonnement du monde entier l'exemple de cette déconcertante résistance féminine. Elle lassera ses juges, les surmènera au cours des interminables audiences, les abandonnera recrus, comme une bête rouée promène des chiens novices... Soyez sûrs qu'une longue patience, que des chagrins jalousement cachés ont formé, affiné, durci cette femme dont on s'écrie :
— Elle est en acier !
Elle est « en femme », simplement — et cela suffit.
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J'ai devant moi, de l'autre côté du miroir, dans la mystérieuse chambre des reflets, l'image d'« une femme de lettres qui a mal tourné ». On dit aussi de moi que « je fais du théâtre », mais on ne m'appelle jamais actrice. Pourquoi ? Nuance subtile, refus poli, de la part du public et de mes amis eux-mêmes, de me donner un grade dans cette carrière que j'ai pourtant choisie... Une femme de lettres qui a mal tourné : voilà ce que je dois, pour tous, demeurer, moi qui n'écris plus, moi qui me refuse le plaisir, le luxe d'écrire...

Ecrire ! pouvoir écrire ! cela signifie la longue rêverie devant la feuille blanche, le griffonnage inconscient, les jeux de la plume qui tourne en rond autour d'une tache d'encre, qui mordille le mot imparfait, le griffe, le hérisse de fléchettes, l'orne d'antennes, de pattes, jusqu'à ce qu'il perde sa figure lisible de mot, mué en insecte fantastique, envolé en papillon-fée ...

Ecrire... C'est le regard accroché, hypnotisé par le reflet de la fenêtre dans l'encrier d'argent, - la fièvre divine qui monte aux joues, au front, tandis qu'une bienheureuse mort glace sur le papier la main qui écrit... Cela veut dire aussi l'oubli de l'heure, la paresse au creux du divan, la débauche d'invention d'où l'on sort courbaturé, abêti, mais déjà récompensé, et porteur de trésors qu'on décharge lentement sur la feuille vierge, dans le petit cirque de lumière qui s'abrite sous la lampe...

Ecrire ! verser avec rage toute la sincérité de soi sur le papier tentateur, si vite, si vite que parfois la main lutte et renâcle, surmenée par le dieu impatient qui la guide... et retrouver, le lendemain, à la place du rameau d'or, miraculeusement éclos en une heure flamboyante, une ronce sèche, une fleur avortée...

Ecrire! plaisir et souffrance d'oisifs ! Ecrire !... J'éprouve bien, de loin en loin, le besoin, - vif comme la soif en été, - de noter, de peindre... Je prends encore la plume, pour commencer le jeu périlleux et décevant, pour saisir et fixer, sous la pointe double et ployante, le chatoyant, le fugace, le passionnant adjectif... Ce n'est qu'une courte crise, - la démangeaison d'une cicatrice...

Il faut trop de temps pour écrire ! Et puis, je ne suis pas Balzac, moi... Le conte fragile que j'édifie s'émiette quand le fournisseur sonne, quand le bottier présente sa facture, quand l'avoué téléphone, et l'avocat, quand l'agent théâtral me mande à son bureau pour « un cachet en ville chez des gens tout ce qu'il y a de bien, mais qui n'ont pas pour habitude de payer les prix forts »...

393 - [Le Livre de Poche n° 283, p. 15]
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Je te désirerai tour à tour comme le fruit suspendu, comme l'eau lointaine, et comme la petite maison bienheureuse que je frôle... Je laisse, à chaque lieu de mes désirs errants, mille et mille ombres à ma ressemblance, effeuillées de moi, celle-ci sur la pierre chaude et bleue des combes de mon pays, celle-là au creux moite d'un vallon sans soleil, et cette autre qui suit l'oiseau, la voile, le vent et la vague. Tu gardes la plus tenace: une ombre nue, onduleuse, que le plaisir agite comme une herbe dans le ruisseau... Mais le temps la dissoudra comme les autres, et tu ne sauras plus rien de moi, jusqu'au jour où mes pas s'arrêteront et où s'envolera de moi une dernière petite ombre... qui sait où?
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Est-ce toi qui es là, toute seule, sous ce plafond bourdonnant que les pieds des danseurs émeuvent comme le plancher d'un moulin actif ? Pourquoi es-tu là, toute seule ? Et pourquoi pas ailleurs ?…
Oui, c'est l'heure lucide et dangereuse..Qui frappera à la porte de ma loge, quel visage s'interposera entre moi et la conseillère fardée qui m'épie de l'autre côté du miroir ?..Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et en moi.En lui, surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue, à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau...i bien que je n'attends plus, à chaque désespoir, ma fin, mais bien l'aventure, le petit miracle banal qui renoue, chaînon étincelant ,le collier de mes jours.
C'est la foi, c'est vraiment la foi, avec son aveuglement parfois simulé, avec le jésuitisme de ses renoncements, son entêtement à espérer, dans l'heure même où l'on crie : »Tout m'abandonne !... »Vraiment, le jour où mon maître le hasard porterait en mon cœur un autre nom, je ferais une excellente catholique... »
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La tête me tourne un peu, depuis Avignon. Les pays de brume ont fondu là-bas, derrière les rideaux de cyprès que le mistral penche. Le soyeux bruissement des longs roseaux est entré, ce jour-là, par la glace baissée du wagon, en même temps qu'une odeur de miel, de sapin, de bourgeon vernis, de lilas en bouton, ce parfun amer du lilas avant la fleur, qui mêle la térébenthine et l'amande. L'ombre des cerisiers est violette sur la terre rougeâtre, qui déjà se fendille de soif. Sur les routes blanches que le train coupe ou longe, une poussière crayeuse roule en tourbillons bas et poudre les buissons...Le murmure d'une fièvre agréable bourdonne sans cesse à mes oreilles, comme celui d'un essaim lointain...
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