AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Mes apprentissages (12)

"Tiens, dit M. Willy. Je croyais que je les avais mis au panier."
Il ouvrit un cahier, le feuilleta :
"C'est gentil..."
Il ouvrit un second cahier, ne dit plus rien - un troisième, un quatrième...
"Nom de Dieu ! grommela-t-il, je ne suis qu'un c..."
Il rafla en désordre les cahiers, sauta sur son chapeau à bords plats, courut chez un éditeur... Et voilà comment je suis devenue écrivain.
Commenter  J’apprécie          270
Vivre sans bonheur, et n'en point dépérir, voilà une occupation, presque une profession.
Commenter  J’apprécie          160
(...) J'ai des amis de trente ans qui ne m'ont jamais vu une larme aux cils...
"Vous, pleurer?" s'étonnent-ils. Ils me regardent en plein visage, par-dessus ou par-dessous leurs lunettes, imaginent avec effort, là, entre l'oeil et le nez, là, au coin de la bouche, le trajet de mes larmes... "Vous, pleurer? C'est trop drôle!" Ils en éclatent de rire, et moi aussi, car en somme les larmes publiques sont le fait d'une sorte d'incontinence, qu'on n'a pas le temps, lorsqu'elle vous saisit, de courir cacher derrière un pan de mur. Peut-être à cause de la peine que je me suis donnée pour les refouler, j'ai horreur d'elles.
Commenter  J’apprécie          140
Le jour de notre première rencontre, Polaire était habillée comme une jeune fille, de bleu marine, ou de vert foncé. Ses fameux cheveux courts - non point noirs mais d'un châtain naturel -, elle les laissait repousser, et les nouait en catogan. Sauf le bistre des paupières, la gomme des longs cils merveilleux, un rouge un peu violacé sur les lèvres, elle n'était fardée que de son propre éclat intermittent, d'une lueur proche des larmes dans ses yeux sans bornes, d'un sourire étiré, douloureux, de toutes les vérités pathétiques qui démentaient son diabolique sourcil circonfexe, sa cheville irritante de chèvre, les sursauts d'une taille-serpent, et proclamaient lumineuses, humides, tendres, persuasives, que l'âme de Polaire s'était trompée de corps.
Commenter  J’apprécie          80
Les demeures des Liane, des Line, des Maud, des Vovonne et des Suzy (tenez ces diminutifs pour prénoms inventés) furent d'un luxe "écrasant", je veux le croire puisqu'il s'agissait bien, pour chacune, d'écraser quelque autre. Deux salons valaient mieux qu'un, et trois que deux, dût la majesté céder devant le nombre. Le style étouffant n'était pas près de sa fin, et l'on suffoquait de meubles. Les crémaillères se pendaient à l'étuvée. Songez que je parle là d'une époque où le luxe traitait l'hygiène intérieure et le sport en petits serviteurs. Tel boudoir "arabe" n'avait pas de fenêtre. La carrosserie automobile prenait humblement conseil du grand modiste et se réglait sur la hauteur des chapeaux. Je vois encore la Mercedes bleue de Mme Otero, boîte à aigrettes et à plumes d'autruches, limousine si étroite et si haute qu'elle versait mollement aux virages.
Commenter  J’apprécie          60
Ce qu'il faudrait écrire, c'est le roman de cet homme-là. L'empêchement est qu'aucun être ne l'a connu intimement. Trois ou quatre femmes tremblent encore à son nom - trois ou quatre que je connais. Puisqu'il est mort, elles cessent peu à peu de trembler. Quand il était vivant, j'avoue qu'il y avait de quoi.
Nous sommes assez nombreux à posséder chacun une petite idée personnelle de M. Willy. Ceux qui ne l'ont presque pas connu l'appellent : "le bon Willy". Ceux qui ont eu, d'un peu près, affaire à lui, se taisent. Anecdotes, références, je me suis forcée de parler de cet homme-là, quoique, comme dit Tessa, ce ne soit vraiment pas "un sujet de conversation". Mais son nom est lié à un moment, à un cas de la littérature moderne, et au mien.
Commenter  J’apprécie          20
Je crois gravir la côte, claquer la barrière, tordre au passage une vrille de la treille, respirer la glycine, l'ombre du chat au ras de ma jupe, je franchis les seuils, j'ouvre une à une les chambres qui me virent heureuse et jeune,je les habite encore...
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai pu oublier ce logis obscurci de doubles vitres tintantes. Vert bouteille et chocolat, meublé de cartonniers déshonorants, imprégné d'une sorte d'horreur bureaucratique, il semblait abandonné. Sur les parquets gémissants, le moindre courant d'air allait chercher au profond de l'ombre, jusque sous le lit fatigué, et amenait au jour une neige grise, dont les flocons, comme certains nids légers, naissent d'enlacer à un crin, à quelques cheveux, à un brin de fil, une poussière qui ressemble à un plumage... Des piles de journaux jaunis défendaient les sièges ; des cartes postales allemandes erraient un peu partout, glorifiant le pantalon à ruban, la chaussette et la fesse... Le maître du logis eút trouvé mauvais que je m'attaquasse à ce désordre.
Commenter  J’apprécie          10
La dignité, c'est un défaut d'homme.
Commenter  J’apprécie          10
Quel atelier qu'une geôle ! Je parle de ce que je connais : la vraie geôle, et le bruit de la clef tournée dans la serrure, et la liberté rendue quatre heures après. "Montrez-moi patte blanche..." Il me fallait, au contraire, montrer pages noircies. Ces détails de captivité quotidienne ne sont pas à mon honneur, j'en conviens, et je n'aime pas à faire figure de brebis. Mais le respect de la vérité saugrenue, et une saveur un peu gothique, leur assignent une place ici. Après tout, la fenêtre n'était pas grillagée, et je n'avais qu'à casser ma longe. Paix, donc, sur cette main, morte à présent, qui n'hésitait pas à tourner la clef dans la serrure.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (119) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Sidonie gabrielle Colette

    Le père de Colette est

    Facteur
    Ecrivain
    Capitaine
    Journaliste

    13 questions
    192 lecteurs ont répondu
    Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur ce livre

    {* *}