Landru prend des notes, attentif et lointain tout ensemble, ou promène sur la salle, sans bravade, le regard qui fit amoureuses tant de victime. Il laisse voir que le bruit l'incommode. Il se mouche posément, plie son mouchoir en carré, rabat le petit volet de sa poche extérieure. Qu'il est soigneux !
A-t-il tué ? S'il a tué, je jurerais que c'est avec ce soin paperassier, un peu maniaque, admirablement lucide, qu'il apporte au classement de ses notes, à la rédaction de ses dossiers. A-t-il tué ? Alors c'est en sifflotant un petit air, et ceint d'un tablier par crainte des taches. Un fou sadique, Landru ? Que non. Il est bien plus impénétrable, du moins pour nous. Nous imaginons à peu près ce que c'est que la fureur, lubrique ou non, mais nous demeurons stupides devant le meurtrier tranquille et doux, qui tient un carnet de victimes et qui peut-être se reposa, dans sa besogne, accoudé à la fenêtre et donnant du pain aux oiseaux.
Prisons et Paradis, Portraits
Landru, p. 748
Je suis la fille d'une femme qui, dans un petit pays honteux, avare et resserré, ouvrit sa maison villageoise aux chats errants, aux chemineaux et aux servantes enceintes.
La Naissance du jour, p. 278
Ce qui me manque, je m'en passe, et voilà tout, ne m'en faites pas un mérite, non... Mais une chose qu'on connaît bien pour l'avoir possédée, on n'en est jamais tout à fait privé.
Le Pur et l'Impur, p. 565
« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio