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EAN : 9782253049180
162 pages
Le Livre de Poche (14/04/2004)
3.96/5   23 notes
Résumé :
Les textes qui composent Prisons et paradis s’articulent autour de trois éléments essentiels de la vie de Colette : les bêtes, libres ou enfermées ; le Midi de la France, que Colette a découvert tardivement et où elle aménage avec soin sa maison, « La Treille muscate », et son jardin – « O lumière ! Le mur, au voisinage de tant de feux, rougit comme une joue.

Je sais maintenant ce qu’est le jardin provençal : c’est le jardin qui n’a besoin, pour surp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Écrits entre 1916 et 1932 pour différents journaux et magazines, Prisons et Paradis s'ouvre sur une série de portraits animaliers observés au zoo d'Anvers dans lesquels Colette s'évertue - et réussit à merveille - à reproduire les multiples nuances et textures des fourrures, plumages ou écailles reptiliennes d'un bestiaire exotique encagé. Ses peintures du paon et du python sont à la fois mimétiques et éblouissantes.

Puis cap sur la Provence avec des textes enchantés sur la Treille Muscate et quelques récriminations sur les touristes - déjà – qui se font trop présents à Saint-Tropez dès les années 20 !
Ensuite quelques textes dédiés à sa terre natale, la Bourgogne, où la plume nostalgique de Colette convoque ses souvenirs d'enfance dans une savoureuse ode aux rustiques goûters d'antan et aux lentes cuissons à l'étouffée sous la cendre. Des pages magnifiques évoquent également son premier grand chagrin que fut le sevrage brutal à l'âge de 16 mois, dont elle prétend se souvenir (mais c'est si joli qu'on lui passe cette possible affabulation) ou bien le ressenti à la fois douloureux et délicieux d'une fièvre qui la cloua au lit plusieurs jours.

Quelques portraits d'humains cette fois parmi lesquels se distinguent ceux de Landru, Chanel et Mistinguett, les autres, méconnus, n'ayant plus guère d'intérêt de nos jours.

Enfin, envol pour des paradis orientaux, Algérie et Maroc, où Colette se remémore avec émerveillement les lumières des ciels et des sables à l'aurore ou au coucher du soleil, les danses des jeunes filles nomades ou, plaisir de bouche encore, d'exquis festins de viandes braisées.

Ce recueil de nouvelles n'est que pures délices pour les sens !

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Avec cet ensemble d'articles, de notes de voyages, Colette nous fait part de ses impressions concernant les bêtes, la nature, les jardins de Provence, la cuisine, les personnes. Elle montre sa forte personnalité mais aussi une certaine modestie ainsi qu'un oeil acéré et très moderne sur les us et coutumes de son époque. le style est fabuleux, dont l'ironie n'est pas absente, la phrase surprenante telle " son adolescence âpre et maigriotte comme une baie d'épine-vinette".
La dizaine de textes clôturant le livre me laisse un peu plus circonspecte. Ils datent des années 30 et pour le coup, on sent bien la différence d'approche 90 ans après. Je n'ai pas réussi à démêler quel sens il fallait donner au mot "esclave" employé par Colette le plus tranquillement du monde. On aimerait se dire que Colette n'était pas dupe du statut des femmes au Maroc à cette époque. Quant aux mots négre et négresse, je pense qu'ils sont juste employés comme alors pour exprimer ce que nous appelons " les personnes de couleur".
Un vrai bon moment de lecture.
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1932

Bêtes captives, bêtes libres, Colette attire notre attention et suscite nos interrogations devant ces "musées-zoomusées-zoo" où l'animal se retrouve sans autre possibilité que de tourner en rond dans un univers qui n'est pas le sien et auquel l'homme le condamne. Nous croisons aussi les bêtes familières de l'auteur avant qu'elle ne nous entraîne dans ce Midi qu'elle a tant aimé et dont elle a parlé avec une lucidité visionnaire. Puis viennent des pages variées dissertant sur des gourmandises étonnantes notamment dans le texte "Puériculture" qui donne des conseils inhabituels en matière de "goûters" d'enfant. Enfin elle nous peint avec des mots et dans un style sublime quelques portraits de personnages croisés au hasard de rencontres. Il y a ce témoignage de la Colette journaliste envoyée au procès Landru dont elle nous transmet le malaise qui accompagnait cet homme trop intelligent, humain (sa famille) et d'une monstruosité particulière qui nous dépasse. Ce recueil se termine par les "Notes marocaines" qui, à travers les années nous transmettent un Maroc des années trente.

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Un recueil de textes choisis par Colette publié dans une première version le 25 novembre 1932. La version des éditions du Fleuron de 1935, est celle reprise dans l'édition de la Pléiade, édition que je recommande inlassablement pour Colette.
Certes il faut toujours un dictionnaire fourni à portée de main pour lire cet écrivain. Mais Prisons et Paradis reste facile à lire, très accessible, et constitue une vitrine de Colette écrivain de la nature et des sens. La Treille Muscate, l'Algérie, le Maroc .... Les odeurs, les couleurs, les paysages ... A-t-on fait mieux que Colette pour les décrire ?

A la fin du recueil, dans l'édtion Pléiade, on trouve une partie nommée "Appendices" constituée de textes supplémentaires. Je ne sais pas si ces textes existent dans les autres éditions. On y trouve les textes suivants: le Pionnier, À une jeune femme, le Coin du voile, Luxe.
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L' immense écrivain brosse dans ce livre des portraits de bêtes, de gens, d'instants, de choses, petites ou grandes de son style sensuel et léger. Point n'est besoin d'être grave pour être profond. Colette excelle dans l'art de traiter les choses importantes avec l'élégance et le détachement des gens qui placent la vie au dessus de tout. Peut-être pas au dessus de la littérature? Merci, Madame.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cinq sens, que c'est peu...
Encore nous quittent-ils, défaillants, l'âge venu.
L'oeil voilé éloigne de nous la splendeur terrestre, l'ouïe, la pauvre et grossière ouïe humaine, se détourne des sons de ce monde pour n'admettre plus que le murmure progressif, inévitable, d'une force ennemie qui fait le bruit d'une foule... Indifférente, horripilée, la peau du vieillard ne sait plus mesurer, avant les contacts, l'importance des heurts épidermiques et les facultés d'analyse gustative, déséquilibrées, penchent vers le sucre, ou vers le poivre qui l'un et l'autre pénètrent de monotonie les perspectives gastronomiques. Seul, respecté du temps, fier dans son aristocratie, incorruptible, l'odorat nous lie, jusqu'à la fin à l'univers tangible et poétique, ennoblit le présent, ressuscite le passé. Fragrance, projection inexpliquée de la fleur ou de l'agrégat animal, bombardement moléculaire plus mystérieux que celui des ions électriques, Asmodée t'appelle à son aide, et charge la nuit d'été de son plus coupable chèvrefeuille, de son acacia infaillible, de son tilleul sans frein, pour corrompre les coeurs qui résistent et désoler ceux qui se souviennent...
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J'ai été très bien élevée. Pour preuve première d'une affirmation aussi catégorique, je dirai que je n'avais pas plus de trois ans lorsque mon père me donna à boire un plein verre à liqueur d'un vin mordoré, envoyé de son Midi natal : le muscat de Frontignan.
Coup de soleil, choc voluptueux, illumination des papilles neuves ! Ce sacre me rendit à jamais digne du vin. Un peu plus tard j'appris à vider mon gobelet de vin chaud, aromatisé de cannelle et de citron, en dînant de châtaignes bouillies. A l'âge où l'on lit à peine, j'épelai, goutte à goutte, des bordeaux rouges anciens et légers, d'éblouissants Yquem.
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Pour un court moment le feu instable qui les enveloppe se fige et se tient au bleu fixe. Bleu le col, bleu le caparaçon de plumes lisses, ondé à petites ondes, que relèvent lorsqu'elles rouent les grandes pennes de la traîne. Comme un bouquet de graminées mûres tremble, moins au vent qu'au rythme d'un cœur inquiet, le cimier bleu... Je dis "bleu" ; mais comment nommer cette couleur qui dépasse le bleu, recule les limites du violet, provoque la pourpre dans un domaine qui est plus mental qu'optique, car si j'appelle pourpre une vibration de couleur qui semble franger ce bleu, je ne la vois pas réellement, je la pressens... Ô folie de vouloir dépeindre le paon !
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Souvent, il choisit cette heure de nuit pour s'éveiller, se lever d'entre les pins à la faveur du mistral - lui, le maître d'août... Dénoué, mol et pareil à la vague, à l'écharpe, à la chevelure, rose et noir, il s'enfle comme s'il couvait un astre - puis, effaçant sur son passage les fragiles jalons de l'homme, sifflant, sautant les voies, il se met en marche, l'enfant des jours sans pluie et des nuits sans rosée - le feu...
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Ces jardins ne sont faits ni pour eux, ni pour moi, ni pour celui que je trouve d'abord sur mon passage : ) l'étroit dans une sorte de cage à poules, les rémiges épointées, cet oiseau rigide et muet, empâté de sa fiente et l'aile à jamais fermée, retranché derrière sa paupière crayeuse, on me dit que c'était lui, - lui, l'Aigle...
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