paru en 1929
Trois parties dans ce livre qu'on aurait voulu plus long tant on s'y plaît : Sido, le capitaine et les sauvages. Nous entrons dans l'univers de la famille Colette. Univers fondateur qui marquera à jamais la jeune Gabrielle.
Sido, l'unique, l'incomparable à qui elle consacre, dix-sept ans après sa mort, ces écrits qui nous la montrent, moderne presque d'avant-garde, "tutélaire", personnalité un peu effrayante par son extrême lucidité mais d'un bon sens réaliste qui ne correspond pas aux critères d'une époque où les femmes sont peu libres.
Le capitaine, le père, doux rêveur qui consacre sa vie à Sido. Écrivain qui n'écrivit pas une ligne, il émeut et on se réjouit pour cet homme lunaire de savoir ce que devint sa fille.
Les sauvages, comme disait Sido, parlant de ses deux fils et de sa fille aînée. Achille l'aîné aux yeux pers qui ne survécut qu'un an à sa mère adorée; Léo, le "sylphe" musicien, qui mentalement ne quitta jamais l'univers édénique de son enfance; Juliette, la demi-soeur, étrange, méconnue, marginalisée, enfouie depuis l'enfance dans des rêves puis dans le mal être...
Sans oublier, la Nature omniprésente, déifiée, source de connaissances, de curiosités, d'apprentissages et de ressourcements. La vie s'y enseigne, s'y comprend, s'y respecte.
Le village et les secrets révélés par les jardins mitoyens, les parties de campagne (!) organisées par le père citadin (à l'étang de la Guillemette qui leur appartenait)...
Lire ce livre, se promener à Saint-Sauveur et dans les environs, c'est mettre ses pas dans l'histoire, c'est toucher, voir et sentir ce qui constitue Colette dans le plus profond de son esprit. C'est déguster sur place tout ce que sa prose éveille en nos sens éblouis.
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