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EAN : 9782070145782
224 pages
Gallimard (05/05/2014)
4.27/5   42 notes
Résumé :

Ederlezi retrace l'histoire, à travers le XXe siècle, d'un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles.

Ils colportent leurs blagues paillardes, leurs aphorismes douteux et leurs chansons lacrymogènes de village en village. L'orchestre sombrera dans les grands remous de l'histoire : englouti en 1943 dans un des camps d'extermination où périrent des milliers d'aut... >Voir plus
Que lire après Ederlezi : Comédie pessimisteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Mais quel poète - magicien MONSIEUR Velibor!!
Voici un roman coup de coeur, oh——pas si facile à lire —-mais alors, on se régale...
Velibor Čolic restitue à sa manière où ça pétille et virevolte telle une sarabande légèrement avinée , gouailleuse, mélancolique et âpre , l'histoire haute en couleurs de ce fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses , buveurs et amoureux des femmes, conteurs illustres , séducteurs jusqu'à plus soif, bagarreurs ,aiguiseurs de couteaux, aux blagues plutôt paillardes, au répertoire emprunté à l'amalgame de cultures diverses: tristes ballades bulgares, mélopées yiddish, sevdah bosniaque, Kënge albanais et autres chansons patriotiques macédoniennes, fanfares serbes ou autrichiennes ...
Il nous conte l'épopée sensible , tragique et légendaire de ce peuple tzigane si attachant,«  aux semelles de vent », portés par des musiques vieilles comme la douleur , hommes errants , expulsés ou tabassés , engloutis , exterminés pendant la deuxième guerre, ( Là périrent des milliers de Tziganes dans les camps puis à nouveau broyés par la guerre d'ex - Yougoslavie ) joyeux , éternellement amoureux, ivres de nuits d'alcool et d'amour ...
Un livre merveilleux semblable aux contes des mille et une nuits ou à une fable teintée de sang, de larmes, de rires , de douleurs infinies , de recommencements, d'âmes en flamme et de tendre chair..

Velibor Čolic met toute son âme ,son talent fou à nous détailler les coutumes de ces mangeurs de hérissons rôtis, ces musiciens dans l'âme, entre humour , gravité et tendresse , avec un souci du détail enchanteur,'nombreuses anecdotes et légendes vampires - sorcières ...
«  La réalité n'est qu'une illusion provoquée par le manque d'alcool. »
La langue est magnifique , sinueuse, insolente et imprévisible.
C'est drôle , émouvant , immersif .
«  C'est la figure intemporelle, éternelle de celui qui n'a pas de pays et fuit toujours , ne sachant où aller ni où se poser. »
Un peuple à nul autre pareil ....
Vibrant hommage à la figure du Rom souvent méconnu, à la richesse de sa culture et à ses traditions .
Quelle chance d'avoir rencontré l'auteur et sa savoureuse comédie pessimiste !
Je ne manquerai pas de m'attacher prochainement aux autres ouvrages de Velibor Čolic.
C'est mon troisième !
«  Le peuple tzigane errait dans le noir.Un jour, l'un d'entre eux , Danko le Kirvo , ouvrit sa poitrine , en retira son coeur et l'offrit de ses deux mains. de son coeur incandescent jaillit la lumière. Alors , il conduisit son peuple sur la route de la LUMIÈRE . »
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Sur leur passage tout est bouleversé, ils remuent ceux qui aiment le confort d'une vie sédentaire car ils sont des hommes aux semelles de vent et à l'âme de feu, "poètes et trafiquants d'armes". La lascivité de leurs danses et de leurs chants trouble la quiétude des villages qu'ils traversent, ils inquiètent.


Velibor Colic nous offre là une bible tzigane qui nous conte l'épopée légendaire sublime et tragique d'une lignée de musiciens et chanteurs, de ces semeurs d'étoiles qui font vibrer ceux qui les entendent à travers «des complaintes vieilles comme la douleur», des hommes qui traversent les tragédies du XXe siècle en vivant passionnément, des nuits d'ivresse faites de chants et d'amour, des hommes qui seront pris dans les mâchoires d'un monde qui a de plus en plus «une gueule de chien enragé».

Un livre emprunt d'une sagesse éternelle pleine d'humour jusque dans la tragédie, dont on sort ébloui, le coeur plein de rires et de larmes.

«Quand vous trouvez un os sur le chemin, souvenez-vous qu'un jour la viande le recouvrait. Retenez bien ceci, mes amis : ce n'est pas la chair qui est réelle, c'est l'âme. La chair est tendre, l'âme est flamme.»
«En bon Tzigane, Ezequiel parlait cinq ou six langues, mais seulement au futur.
--- Pour moi, confirma-t-il, le présent n'existera pas, seulement l'éternité.
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Ce n'est pas un roman à lire d'une traite car il n'est pas facile à lire bien que l'écriture et la narration soit fluides. L'action est lente et répétitive. Il faut prendre le temps de savourer les nombreuses anecdotes qui étayent le roman, de s'imprégner des légendes (comme le célèbre duel entre la vieille Marishka, un peu sorcière et la terrible Papillone- une vampire)
.
Les descriptions détaillées des personnages (tous superbes) permettent d'entrer dans l'ambiance particulière du roman.
Souvent l'auteur passe d'un personnage à l'autre sans préciser ni le temps ni le lieu. Certains personnages se retrouvent plusieurs fois au cours du siècle. D'autres disparaissent à jamais, à moins qu'eux aussi ne se réincarnent ?

Tout n'est pas dit ou expliqué et il arrive souvent qu'on perde la trace d'Azlan pendant quelques jours, semaines, mois ou années pour s'attacher à tel ou tel autre personnage secondaire pendant ce temps. Ces digressions peuvent perturber les lecteurs trop jeunes ou les impatients :)

Dans ce roman, l'auteur rend hommage au peuple tzigane et à son patrimoine culturel. Il rend hommage aussi à ces femmes et à ces hommes inconnus et à la richesse de leur culture. Azlan devient le symbole du Rom errant éternellement sur les routes, traversant les décennies porté par la seule musique. Il est impossible de de le supprimer car il renaît de ses cendres et revient toujours avec courage pour recommencer à vivre... Perpétuel bouc émissaire, Azlan représente la "figure intemporelle de celui qui n'a pas de pays et fuit toujours ne sachant pas où aller ni où se poser".
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Un titre qui ne peut qu'intriguer, un mot inconnu dans la langue française, un auteur, dont je n'avais pas entendu parler, édité chez Gallimard, il n'en faut pas plus pour saisir un livre sur les étagères d'une bibliothèque...Quelques pages lues au hasard et immédiatement l'espoir de tenir entre les mains quelques heures de dépaysement, de découverte, d'humour et de gravité.
Ederlezi, ou fête de la Saint Georges célèbre l'arrivée du printemps, du renouveau, du départ pour les Tziganes qui à cette date quittent leur villégiature hivernale, leur village Strehaïa, pour courir le monde..Ne le cherchez pas sur une carte....Un village qui au cours des périodes du livre sera tantôt en Macédoine, tantôt en Yougoslavie, tantôt dans le royaume serbe
Azlan, est le personnage principal de ce roman, un personnage à trois identités, meurt, on le sait dès la première ligne du livre "...je m'appelle Azlan Tchorelo, Azlan Bahtalo, Azlan Chavoro Baïramovitch, et je suis mort ce matin. Hier encore j'étais un Rom et un parrain, mari, oncle et frère -maintenant je suis juste un corps, long et froid, avec quelques taches gris cendre sur mon visage. Hier encore j'étais chanteur, arnaqueur, ange noir, maître du couteau et bourlingueur, aujourd'hui, je me trouve sur une table en métal déposé quelque part dans un hôpital de Calais"
Quelques lignes qui résument ce livre, et quel livre !
Velibor Čolić va nous transporter dans trois époques du XXème siècle, de la deuxième guerre Mondiale, à la jungle de Calais, en passant par la guerre des Balkans en accompagnant un orchestre Tzigane, qui chaque fois renaît à la vie, comme son chanteur, et ses membres morts tous de morts violentes ...des renaissances qui font de ce roman picaresque un conte.
Un conte pour nous rappeler les traditions de ce peuple tzigane millénaire, traditions qui nous transportent en Inde.
Des traditions dont l'auteur et les personnages se moquent avec humour, amateurs de femmes, mangeurs de hérissons rotis, crasseux, alcooliques, chapardeurs, et surtout musiciens de talents, musique qu'ils ont dans le sang, dans les gènes. Des personnages qu'il nous dépeint aussi avec gravité...des hommes toujours en butte à l'ostracisme, au rejet, à la police, aux persécutions. le burlesque côtoie le drame, l'amour des femmes et de l'alcool côtoie le couteau et la mort violente
Alternant pour chaque période du roman humour, dérision et gravité, Velibor Čolić, s'attache à nous décrire la permanence de cette culture, qui malgré les crimes de l'histoire renaît de ces cendres
Et si Azlan renait joyeusement à la vie quelques années après sa mort, toujours violente, en conservant les stigmates de ses morts précédentes, c'est sans aucun doute pour nous dire que ce peuple, aussi, a été de tout temps rejeté, exterminé, sans jamais être détruit. Il vit dans une apparente insouciance, faite de musique, de vie au jour le jour, sans s'attacher aux biens matériels, et surtout sans oublier d'où il vient, les étapes de mort qu'il a dû affronter au cours de l'Histoire.
L'éditeur précise à la fin du livre : " Dans ce texte, l'auteur a utilisé, librement et selon les besoins du récit diverses citations" et il cite de nombreux auteurs allant de Freud à Rimbaud, Woody Alleen, Boby Lapointe et bien d'autres...auteurs qui n'ont jamais écrit sur le monde tzigane. Une façon comme une autre, selon moi, de dire : "Ce qui a été écrit en d'autres occasions s'applique aussi à la culture de ce peuple tzigane, un peuple qui appartient lui aussi à notre monde"
Un merveilleux roman pour découvrir ce peuple tzigane, ses traditions, sa culture, et une partie de l'histoire de ses persécutions. Un livre d'amour dans tous les cas.
N'hésitez pas!

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Strehaïa, un village quelque part en Bosnie. Peuplé de tziganes, un peu mélangé à toutes les populations qui vivent autour, mais tziganes avant tout. Séducteurs, un peu voleurs, mais surtout musiciens. Un homme symbolise un peu tous ces Tziganes, Azlan Tchorelo Baïramovitch, né au début du XXe siècle. Il va fonder un orchestre fameux, qui va voyager et jouer une musique nourrie aux inspirations diverses jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Mais l'histoire va rattraper les musiciens, et les faire taire. Mais comme les chats, les Baïramovitch ont plusieurs vies, et Azlan va connaître deux réincarnations, une qui lui permettra de vivre l'époque troublée de l'après guerre, de Tito, et une autre qui lui fera connaître l'ère des bouleversements post communistes, des mouvements de populations, en particulier des Tziganes, à travers l'Europe, bien peu accueillante. le tout en musique.

Un récit entre conte, poésie, rêve, qui fait revivre un siècle de l'histoire européenne vue par prisme des Tziganes. On peut parler de réalisme magique, cela évoque les films de Kusturica. Nous ne sommes pas dans un récit structuré qui recherche la vraisemblance, des épisodes très proches reviennent régulièrement, des personnages sont des archétypes, il n'y a pas de véritables portraits psychologiques. Cela va très vite, et il vaut mieux connaître un peu les événements politiques évoqués en arrière plan pour suivre tout cela.

Cela a du charme, et Velibor Čolić écrit merveilleusement bien, ce qui est d'autant plus méritoire qu'il écrit maintenant en français. C'est incontestablement un bon livre, même si je trouve qu'on reste un peu dans de l'attendu par rapport au sujet, qu'on survole un peu tout cela (le livre fait 200 pages). Mais un beau voyage, on aimerait presque pour l'apprécier davantage avoir en arrière fond la musique jouée par ces sacrés Baïramovitch.
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critiques presse (2)
LePoint
03 novembre 2014
Čolić qui, tel un peintre flamand, fait surgir des pages, visages, dégaines, jusqu'aux odeurs, dépeint ses personnages en jouisseurs invétérés et joue sur les clichés.
Lire la critique sur le site : LePoint
LePoint
13 juin 2014
Avec "Ederlezi", son dernier livre, l'écrivain bosniaque Velibor Čolić signe une comédie flamboyante qui interroge la figure du "Rom errant".
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
De mon vivant, j’étais de partout et de nulle part, j’étais tout le monde mais aussi personne. J’étais un grand soleil et parfois des nuages ; tantôt l’ombre mais très souvent la lumière. J’étais l’eau fraîche et le sang chaud, l’enfant illégitime de chaque nation. Moustachu, barbu et pieds nus ; j’étais le saint des pauvres et le sel de la terre. J’étais l’oiseau, les percussions et chaque instrument à cordes. Compteur et conteur, poète et chanteur. J’étais celui qui porte le violon sur son épaule ; celui qui rendait vos rêves possibles. J’étais voyageur, fou du roi, paysan sans terre et apôtre, témoin et traître.J’ai fait mille fois l’amour et jamais la guerre.

(...) Une chose est sûre : mon nom est Azlan Tchorelo, Azlan Bahtalo et Azlan Chavoro Baïramovitch et je suis mort ce matin.

Voici mon histoire
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«  Nous pourrions imaginer quelle mauvaise étoile guida l’orchestre pour traverser l’Europe blessée et en feu de 1943.
Aussi facilement imaginer les membres de notre orchestre mal rasés, sales et fatigués, cherchant désespérément la route qui mène vers le Sud.
Leur sang et leur origine étaient inscrits partout , dans leur visage et leur langue, dans leur musique et leur costume.
Ils étaient basanés dans un monde qui acclamait «  La Blondeur et la Pureté » des hommes, ils étaient perdus dans le nouvel ordre, dans ce pays , appelé jadis La Yougoslavie , devenu le petit morceau d’un empire monstre, d’un «Léviathan Germanique » qui dévorait tout sur son passage » ...
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Nanosh Baïramovski soufflait dans sa trompette comme si sa vie en dépendait. Et rien qu’à ces moments-là on aurait pu oublier son corps faible et frêle, son visage de clown triste et ses mains qui tremblaient au rythme irrégulier de ses poumons malades. Le son qui sortait de son instrument cabossé était cristallin. On avait l’impression que chaque note se transformait en un papillon nocturne, bleu et éphémère, qui à son tour devenait une part infime d’une sublime mélodie.
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«  A ses pieds , coulait un torrent ——filet d’eau faible, presque inexistant en été, rivière forte et ambitieuse au printemps ——qui coupait en deux le village. Pour Ederlezi, la fête de la Saint- Georges ou le «  Jubilé du printemps » , on allumait des feux sur ses rives et on jetait des couronnes de fleurs dans ses flots. Les Tziganes chantaient ensuite, puis ils descendaient dans l’eau .
Une étrange lumière illuminait leur visage , comme s’ils se baignaient dans le Gange » ....
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« D’autres ajoutèrent que cet homme excentrique devisait le soir avec les chouettes et les étoiles, qu’une petite corne lui poussait dans chaque oreille et que Lyoubo avait des sabots en guise de pieds, comme Le Diable. 

Sur son dos on pouvait lire toute sa vie. Une sainte Rita , patronne des causes perdues , était tatouée à l’encre bleue , une feuille de chêne , un signe grec et quelques belles filles .... gitane aux yeux verts, et Marie en robe bleue —— mère de toutes les mères »———-
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Le Livre des départs, Velibor Čolić
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