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Citations sur Manuel d'exil : Comment réussir son exil en trente-cinq.. (85)

Plus que jamais je suis perdu dans une Europe aveugle, indifférente au sort des nouveaux apatrides. Mes rêves de capitalisme et de monde libre, de voyage et de villes des arts et des lettres sont devenus des mouchoirs en papier usagés, utiles pendant un bref instant mais gênants après l’utilisation. Rien que des cendres. J’ai échangé la fin du communisme pour le crépuscule du capitalisme.
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— Quand on voit les croix des autres, soupire-t-il, on reprend toujours les siennes...
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Je cherche la vraie parole de Dieu, et le curé, visiblement, a autre chose à faire. Dieu pêche les âmes à la ligne, le diable les pêche au filet.
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Plus ma situation est désespérée plus mes rêves sont doux.Je rêve de la soie qui épouse et redessine les corps des femmes,je rêve du ciel et de la mer,des matins salés à Dubrovnik et de la neige,des plumes de mon enfance qui décorent généreusement nos collines,chaque année,sans exception,entre deux Noels,catholique et orthodoxe.
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Cependant je regarde furtivement les autres invités. Madame Morrison est trop loin mais Salman Rushdie, avec deux gardiens collés sur son dos, est à quelques chaises de moi. Son visage étonnamment pâle trahit les journées entières passées à l'ombre, dans une pièce aux rideaux épais, à écrire ses livres. Au coin de ses yeux, je vois aussi un magnifique sourire, l'écrivain a la figure et la posture d'un homme doux. Un Bouddha le Sage de son pays lointain.
Avec son accent so british, il nous raconte ses mésaventures avec la fatwa et les fous de Dieu. Postés par leur chef de service, deux flics derrière lui ressemblent à deux jouets mécaniques - leurs têtes balaient l'espace devant eux et leurs regards cachés derrière les verres opaques des lunettes noires examinent sans cesse nos visages et plus particulièrement le mien. Leurs costumes, à l'ancienne, sont faits d'une étrange étoffe noire et brillante, leurs crânes rasés font penser à deux pistes d'atterrissage pour les mouches.
Salman est un homme agréable, un conteur-né. Il nous raconte des histoires sur le vin et sur les Rolling Stones et même quelques anecdotes sur son chanteur préféré, Tom Waits. Je l'imaginais un peu plus basané, je suis surpris par la pâleur bibliothécaire de sa peau. Rien d'étonnant finalement, me dis-je, la frontière de sa prison c'est le monde entier.
Il possède une douceur presque féminine, la souplesse orientale et en même temps une force hardie et conquérante, l'éloquence et l'esprit vif.
Il est tout sauf triste ou en colère.
Plusieurs cercles visibles et matériels, faits de respect et de gêne, de peur et de fascination, entourent cet homme qui dîne avec nous.
Je n'arrive pas à oublier que cet écrivain est menacé de mort, que ses ennemis sont urbi et orbi, dans le monde et dans la ville, au ciel comme sur la terre. Qu'ils sont prêts à verser un million de dollars pour tuer un écrivain, rien d'autre et rien de plus qu'un écrivain.
C'est déplorable et révoltant, je réalise que la littérature est une courageuse sentinelle, une sorte de papier de tournesol pour examiner le taux d'acidité et de folie dans ce bas monde.

Pages 126/126 - En hommage à tous ces écrivains qui se battent pour préserver un bien précieux - La Liberté d'Expression!
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Je suis assis sur ce banc public à Rennes. Il pleut de l'eau tiède et bénite sur la ville. Je réalise peu à peu que je suis le réfugié. L'homme sans papiers et sans visage, sans présent et sans avenir. L'homme au pas lourd et au corps brisé. La fleur du mal, aussi éthéré et dispersé que du pollen. Je n'ai plus de nom, je ne suis plus ni grand ni petit, je ne suis plus fils ou frère. Je suis un chien mouillé d'oubli, dans une longue nuit sans aube, une petite cicatrice sur le visage du monde.
Je suis le réfugié.
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On a écrit des livres après le goulag, après Hiroshima, après Auschwitz, Mauthausen...
Peut-on écrire après Sarajevo ?
Pour décrire cette destruction qui relève de l'irréel, pour évoquer le caractère lumineux et sacré du sacrifice des victimes ?
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«  Je suis assis sur ce banc public à Rennes. Il pleut de l’eau tiède et bénite sur la ville.
Je réalise peu à peu que je suis le réfugié. L’homme sans papiers et sans visage, sans présent et sans avenir. L’homme au pas lourd et au corps brisé , la fleur du mal, aussi éthéré et dispersé que du pollen. Je n’ai plus de nom,......je ne suis plus fils ou frère ...
Je suis un chien mouillé d’oubli, dans une longue nuit sans aube, une petite cicatrice sur le visage du monde.
Je suis le réfugié.

Maintenant et demain.
Ici ou ailleurs.
Sous la pluie ou au soleil, été comme hiver....
Je suis le réfugié .

Sur la terre comme au ciel .... »
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Je signe le contrat d'exclusivité pour les trois prochains livres.
- Si ça continue - il est content - de cogner là-bas, on a encore quelques livres devant nous.

IL boit une minuscule gorgée de son vin et il dit :

- Pour le prochain livre, il faut ajouter encore plus de massacres de civils. Ca marche toujours très fort, les civils, les vieillards, les femmes et les enfants qui se font massacrer ….

- Salauds, soupiré-je, ils sont capables de tout. Même de signer la paix un beau jour.

- Bon, sourit-il nous n'en sommes pas encore là.

Page 120
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CROIRE EN LA LITTÉRATURE :

Dieu crée ex-nihilo et nous à partir de ruines , a dit en substance Jorge Luis Borges . Toujours selon Borges , l'écrivain est une sorte de témoin . De conscience de l'humanité .

On a écrit des livres après le goulag , après Hiroshima , après Auschwitz , Monthausen .....

Peut-on écrire après Sarajevo ?

Pour décrire cette destruction qui relève de l'irréel , pour évoquer le caractère lumineux et sacré du sacrifice des victimes ?

Comme on le sait , comme on l'a répété depuis longtemps , le poète est inéluctablement parmi les hommes , afin de parler de l'amour et de la politique , de la solitude et du sang qui coule , de l'angoisse et de la mort , de la mer et des vents .

Pour écrire après une guerre , il faut croire en la littérature .

Croire que l'écriture peut remettre en branle des mécanismes qu'on a mis au rebut lors su recours des armes .

Qu'elle peut ramener l'horreur , incompréhensible zt inexplicable , à la mesure humaine .
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