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3,59

sur 119 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 2018, pour fêter ses 20 ans, le Courier des Balkans a organisé une table ronde avec des écrivains des Balkans dont le thème était : Écrire dans la langue de son exil.
C'est là, que j'ai eu la formidable chance de rencontrer la bulgare Elitza Gueorguieva, découverte avec son roman : Les cosmonautes ne font que passer.
Et, puis, à la faveur d'un débat, j'ai découvert un homme aux yeux bleus perçants, avec une tristesse et une mélancolie empreintes sur son visage.
Cet homme, c'était Velibor Colic, je l'ai écouté raconter son périple et son arrivée en FRANCE, à Rennes, et de suite, j'ai eu envie de lire son roman.
Manuel d'exil est un livre qui vous prend aux tripes, qui vous malaxe , qui vous pétrit, qui vous meurtrit .
Avec un humour et une poésie sans nom, Velibor Colic nous convie dans cet exil, après avoir déserté l'armée bosniaque, fuit cette guerre qui lui fait dire avec beaucoup de justesse :
"Peut-on écrire après Sarajevo?"
Velibor Colic avec une grande tendresse d'ours mal leché nous emmène dans son exil intérieur
" Depuis que je suis exilé il y a beaucoup trop de miroirs et de fenêtres autour de moi. Impossible d'y échapper".
J'ai beaucoup aimé aussi ce parfum suranné qu'il porte et transporte d'un autre monde: l'empire Austro-hongrois.
Tellement émouvant, quand place Wenceslas, il croise le fantôme de Stefan Zweig.
"Je sais que l'homme dépourvu de sa terre ne peut prétendre au ciel."
Oui, c'est un récit qui porte sur l'exil, le temps et l'érosion du temps, un monde qui se clôt.
Je pourrais encore tant parler de ce livre, il m'a beaucoup touché et je repense au regard rêveur et nostalgique de l'auteur, lors de cette rencontre, une journée très pluvieuse de décembre à Paris.
Je lui laisse la conclusion.
"Plus que jamais je suis perdu dans une Europe aveugle, indifférente au sort des nouveaux apatrides. Mes rêves de capitalisme et de monde libre, de voyages et de villes des arts et des lettres sont devenus des mouchoirs en papier usagés,utiles pendant un bref instant mais gênants après l'utilisation. Rien que des cendres.
J'ai échangé la fin du communisme pour le crépuscule du capitalisme "

Chapeau bas Monsieur Velibor Colic !
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Quand on est écrivain et que la guerre vous attrape , vous enrôle et vous barde de ces horreurs, la fuite est une option non négligeable .
C'est celle retenue par Velibor Colic , soldat de l'armée bosniaque au début des années 90 dans un pays à feu et à sang. Son exil l'envoie à Rennes dans un foyer .

Livre autobiographique donc , plein de charme , d'autodérision , d'humour mais aussi de nostalgie , de tendresse et d'alcool.
Pas simple quand on est un érudit de tomber dans un pays où l'on ne comprend rien et où l'on doit se battre chaque minute.
Velibor Colic nous narre ses premières années dans une très belle langue où suinte son amour des lettres, des femmes , de la bière mais aussi des Balkans dont chaque évocation est remarquablement écrite.

Une très belle découverte d'un auteur qui à travers ce texte intime se rend forcément très sympathique .
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Déserteur de l'armée bosniaque, Vélibor ČOLIĆ, arrive en France. Il a 28 ans, il est écrivain dans son pays, mais réfugié en France. Il a bac + 5 en Bosnie, ici il n'est rien : "Aucune importance, ici tu commences une nouvelle vie." lui dira la dame du centre d'accueil. Il est l'un de ces réfugiés, dont les médias, les politiques nous parlent régulièrement. Errant de foyer d'accueil en foyer d'accueil, de ville en ville en Europe. Avec dérision et lucidité il dit de lui : "Je sais que je ne représente plus rien pour personne. Je ne suis même plus un être humain. Je suis juste une ombre parmi les ombres."
Il a combattu, il a frôlé la mort, il a vu ses camarades morts rongés par les vers, il a été enfermé et frappé par les serbes dans l'un de ces sinistres stades mais il se défend d'avoir voulu tuer, il "tirait très haut, vers le ciel..."
Une longue errance de 7 ans dans l'Europe avant de se fixer à Strasbourg. Apprentissage du français, chambres minuscules, repas avec trois fois rien, la solitude, les vêtements dépareillés...la dure vie de migrant racontée avec humour, lucidité et dérision.
J'ai refermé ce livre il y a quelques jours, mais il me poursuit encore. le titre m'avait interpellé, j'avais aimé "Ederlezi : Comédie pessimiste".
Vélibor ČOLIĆ prouve si besoin était qu'un migrant peut parfaitement s'intégrer. Chacun des 35 chapitres est une claque, Vélibor ČOLIĆ, s'attache à nous montrer avec lucidité comment le migrant est perçu, regardé avec méfiance, comment il vit..."Je ne suis pas très propre, je me lave occasionnellement et rapidement. J'ai une longue barbe et les cheveux attachés en queue-de-cheval. Ma sueur est mon bouclier, il y a peu de monde qui ose s'asseoir près de moi dans les trains. Pourtant je ne suis ni beatnik ni routard. Encore moins vagabond. Je suis une tâche gênante et sale, une gifle sur le visage de l'humanité, je suis un migrant.". Jamais leurs compétences ne sont évoquées...nous ne considérons que leur apparence.
Il est maintenant un auteur reconnu en France. Pendant ses longues journées d'errance, de bar en bar, passées à tuer le temps il était fasciné par les livre : "J'observe les belles couvertures blanches et jaunes, je m'imagine faisant partie de ce monde, si excitant, littéraire. Elles cachent les brillantes et importantes histoires, les observations lucides des vrais écrivains : les écrivains voyageurs, les écrivains engagés et même les écrivains exilés, reconnus."
Il fait partie de ceux-ci maintenant.
Ne vous privez pas de son humour, de cette dérision. de ce regard empli d'humanité, de tendresse, de finesse, d'amour pour ceux qui comme lui errent sales et rejetés de foyer en foyer, d'amour pour la vie.
Et tant pis si ce regard nous dérange.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Marcher sur une terre inconnue, sans pouvoir regarder en arrière. L'exil oblige à la suppression du passé, et l'homme n'est plus "l'homme" car il a perdu ce qu'il avait construit au cours de sa vie: son identité.
Mais continuer à marcher, au risque de crever. Se traîner, se sentir humilié, et n'avoir pour compagne de voyage que la solitude. Et étonnamment, au milieu de tout cela, un souffle de vie, une âme, et beaucoup d'humilité.
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J'ai découvert Vélibor Colic au cours d'un débat sur l'exil aux Etonnants voyageurs de St Malo en mai dernier et ai été immédiatement séduite par sa forte personnalité franche et pleine d'humour. J'y ai vu un homme qui ne mâchait pas ses mots tout en sachant enrober ses paroles d'humour. Il avait parlé de la nécessité de rechercher l'humain derrière le migrant, de la peur éprouvée par le migrant qui est, selon lui, beaucoup plus forte que la peur que certains éprouvent envers les migrants.

Vélibor Colic est un écrivain poète bosniaque, réfugié en France depuis 1992.
Dans ce manuel autobiographique, il nous raconte son arrivée à Rennes à 28 ans ne connaissant que 3 mots de français : Jean, Paul, Sartre. Il a fui la guerre et son pays coupé en 5 états où des villes deviennent soudainement des frontières. Soldat qui tirait en l'air pour être certain de n'atteindre personne, il a fini par déserter. « Etre déserteur en temps de guerre et traître de tout le monde, cela fait-il de moi un réfugié politique? »

Réfugié sans papiers, il raconte son séjour dans un foyer de demandeurs d'asile où il se sent différent de ses compagnons d'infortune, humilié quand on lui parle de suivre des cours d'alphabétisation, lui qui est un poète reconnu dans son pays.

Son quotidien se résume à des errances dans la ville, des arrêts dans des parcs avec ses carnets et ses stylos pour écrire sans cesse. A Paris où il séjourne ensuite, ses journées se passeront dans le métro et les salles de cinéma qui proposent des films suffisamment longs pour lui servir de refuge. Il évoque la recherche de l'oubli dans l'alcool sans cacher les idées suicidaires qui le traversaient, il parle même de « suicide par l'alcool »… Ensuite il va séjourner à Strasbourg comme écrivain en résidence et écrire un recueil de guerre.

Colic Velibor nous parle des apprentissages du migrant : comment boire un café dans un bistrot en y restant le plus longtemps possible, comment trouver les magasins les moins chers en suivant une mama africaine, il évoque son urgence absolue d'apprendre le français « Il me faut apprendre le plus rapidement possible le français. Ainsi ma douleur restera à jamais dans ma langue maternelle », «Je suis l'autre. Celui qui ne comprend rien et n'arrive pas à se faire comprendre. »

Lire ce récit c'est l'occasion de s'approcher du vécu des migrants, de comprendre leur quotidien, leurs ressentis…
Un témoignage tout sauf larmoyant, aucun apitoiement sur son sort de la part de Vélibor Colic au contraire, il nous fait sourire de ses propres déboires...
Un livre sans paroles inutiles sur un sujet brûlant d'actualité, un livre dont le sujet est uniquement l'exil , l'auteur parlant très peu de l'avant.
Pour moi, la découverte d'un auteur pourvu d'une très belle écriture poétique et qui sait manier l'humour et l'autodérision sur ce sujet grave et emploie un ton léger qui serre souvent le coeur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Ce manuel d'exil est un roman plutôt original qui raconte la façon dont on survie quand on arrive dans un nouveau pays en ne sachant dire que trois mots de français, Jean, Paul et Sartre. Homme de lettres dans son pays, le narrateur nous raconte comment il va devoir tout réapprendre pour se refaire des amis, apprendre une culture qu'il ne connait pas, sans s'apitoyer sur son sort et c'est ce qui m'a le plus plu, l'auteur a cette touche d'humour et de poésie qui m'a tout de suite fait entrer dans le récit. de plus, les chapitres courts et le rythme m'aide beaucoup à pénétrer dans un univers.

J'avais lu Sarcelles-Dakar dans le même genre mais celui-ci est clairement mon préféré, il est tout aussi accessible que le premier en plus de cela. J'ai dévoré ce livre en quelques heures et avec grand plaisir. Il y raconte aussi les terribles épreuves qu'il a dû vivre en tant que soldat, le sang, les cris, les drapeaux, les ordres, tout ce qui montre que l'armée n'est plus pour lui quand on lui propose de rejoindre la glorieuse légion étrangère.
En conclusion, c'est un excellent livre mêlant roman et autobiographie, une belle plume facile à lire et que je recommande avec plaisir.
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J'avais acheté ce livre suite à une avalanche de commentaires élogieux, je me souviens d'un billet de Jérôme, Ingannmic Athalie et de Kathel mais je sais qu'il y en a eu d'autres. le problème c'est que j'avais accepté de prêter ce roman avant de l'avoir fini. Il est revenu mais je l'avais un peu oublié. Je l'ai relu avec plus de plaisir que la première fois et je n'ai pas lâché ma lecture car je ne voulais pas qu'il disparaisse encore une fois dans mes piles de livres. Depuis, j'ai écouté les différentes prises de paroles de Velibor Čolić et l'auteur est tout aussi intéressant que son roman. Il raconte son arrivée à Rennes avec le statut de réfugié : le choc ! Est-ce qu'un être humain peut se résumer en un mot :« réfugié » . Il veut être écrivain, et j'imagine l'enseignante langue étrangère (que j'ai été autrefois) qui s'arrache les cheveux lorsqu'il remplit sa fiche, à la rubrique « que voulez vous faire plus tard » Velibor Čolić écrit : « Goncourt », alors que la leçon du jour est de répéter et écrire « Où est la poste » .… Son humour, son sens de l'observation particulièrement aiguisé parce qu'il est illettré en français, ses rencontres diverses et variées de gens qui ont le même statut que lui, lui ont permis d'écrire ce manuel à mettre dans toutes les mains. Les nôtres d'abord, nous les Français qui ne savons pas souvent comment faire pour aider ces gens qui sont d'abord des êtres souffrants d'avoir perdu leur identité, et dans les mains des réfugiés pour les aider à se redresser et à redevenir les hommes ou les femmes qu'ils sont au delà de ce statut qui les écrase. Ce livre n'a rien de tragique et pourtant on y croise la tragédie tout est sauvé par le style d'un grand écrivain . Velibor Čolić arrive dans la langue française avec son accent, mais à l'écrit ça ne se sent pas trop, avec aussi sa propre façon d'écrire sans pathos et sans la fameuse logique cartésienne. Il y a de la poésie même dans ses beuveries et dans les locaux un peu crasseux où il doit habiter, mais surtout il y a cet humour ravageur qui le sauve de toutes les situations les plus scabreuses. Je pense que oui, un jour, il l'aura le Goncourt même s'il a gardé un accent pour dire : « Où est la poste » .
Lien : https://luocine.fr/?p=12231
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Je connais Velibor depuis longtemps: il n'écrivait pas encore en français: c'était un écorché vif, torturé par ses souvenirs de guerre. Soldat puis déserteur, il s'exile en France en 1992; il décrit les conditions d'accueil du sans papier qui ne parle que trois mots de français et est considéré comme analphabète lui qui a bac+5 et était écrivain reconnu en Bosnie.
Dans son manuel d'exil, il est plus apaisé et son humour apparait. Il apprend le français mais a du mal avec le genre des mots ainsi il préfère une grande surface à une boulangerie mais il ne trouve pas le rayon: il demande: "la pain" et on l'amène au rayon des lapins...
Une situation dramatique mais traitée avec humour
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1992, gare de Rennes, un jeune réfugié débarque... Velibor Colic, après un passage traumatisant dans l'armée Yougoslave puis bosniaque, tente de fuir la guerre qui ravage son pays. Mais comment refaire sa vie à 28 ans, lorsque l'on est écrivain et victime du syndrome post traumatique. Car c'est une 2ème vie qui commence, celle de l'exilé, du migrant, dont on fait peu de cas et qu'on ballade d'un service à l'autre. Entre la pauvreté qui oblige à se serrer la ceinture, au sens propre, et la méconnaissance de la langue, qui place ce lettré au rang d'inculte aux yeux de ceux qu'il rencontre, le jeune homme va déchanter. La France, pays des droits de l'homme et de la liberté, ne semble pas être disposée à l'intégrer... Un récit très émouvant, dans lequel l'auteur désormais reconnu dans sa terre d'asile revient sur son parcours chaotique.
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Un récit qui mêle humour, dérision, finesse et profondeur. Une belle découverte que je ne regrette absolument pas ! Un livre qui continue à vous poursuivre même après la lecture.
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