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Critique de gruz


gruz
25 novembre 2016
Jenny est le troisième volet du triptyque américain de Fabrice Colin, après Blue Jay Way et Ta mort sera la mienne. Trois histoires indépendantes (ou pas). Trois chaînons qui donnent une vision bien particulière et bien sombre de l'Amérique.

Jenny débute comme le roman ordinaire d'un couple en perdition. Des bases claires, tangibles, faussement banales, qui vont brusquement s'effriter lorsque la femme disparaît.

Tout change ensuite. le personnage principal perd peu à peu pied, et le lecteur avec lui.

La réalité, ou ce que l'on croit d'elle, se fissure,

se craquelle.

Le récit en devient perturbant,

disruptant,

désorientant.

Les bases qu'on croyait solides deviennent des sables mouvants. Plus le lecteur s'y débat, plus il s'enfonce dans la folie d'un récit tortillant et pervers. Une intrigue qui plonge toujours plus profond dans les béances d'un personnage qui touche le fond (et creuse encore).

Il faut dire que Bradley Hayden (le protagoniste en question) rencontre cette fameuse Jenny au cours de ses recherches pour retrouver sa femme. Une femme de poids, dans tous les sens du terme, le genre de personnage qu'on ne peut oublier. Jamais.

Impossible de décrire en quelques mots cette Jenny, tant sa personnalité, ses actes et ses antécédents sont d'une incroyable complexité. Monstruosité et laideur (et ce n'est pas de son physique dont je parle, il n'est qu'une conséquence).

Je l'ai dit, ce thriller aliénant et hallucinant se lit indépendamment. Cependant les liens avec les deux autres romans sont prégnants. le récit est, une fois de plus, non linéaire et la thématique de la manipulation mentale omniprésente. Fabrice Colin est un manipulateur de premier ordre.

« L'imagination n'est que l'étendard de la subjectivité », c'est l'auteur qui le dit lui-même dans son livre. Il y pousse l'art et le pouvoir de la fiction à son paroxysme (vous comprendrez en découvrant l'histoire). Il serait criminel d'en dire davantage (d'ailleurs je vous conseille de survoler la 4ème de couverture qui en dit beaucoup trop, à mon goût).

Jenny est un thriller particulièrement dérangeant, mais bien davantage qu'un simple thriller. Fabrice Colin est capable d'envolée stylistiques de toute beauté tout autant que de descriptions d'une rare cruauté (le passage qui se déroule en forêt restera marqué au fer rouge dans mon esprit).

Complexe, désenchanté, désorientant. Prenant, stressant, fascinant. Émouvant parfois aussi. Jenny est tout ça à la fois. Avec ce volet, le triptyque américain de Fabrice Colin se referme avec violence, et on le prend en pleine tronche. Pour moi, sans aucun doute le meilleur des trois.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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