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Critique de Soleney


Je suis contente d’avoir pris le temps de relire ce roman. J’en avais gardé un mauvais souvenir parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’action, mais cette fois-ci, je me suis surprise à apprécier la beauté de la langue, la mise en place des événements, et j’ai compris la nécessité d’aller lentement pour peindre le tableau de cette histoire.

Le cadre dans lequel se déroule le bouquin est atypique : nous sommes en 1723, dans un monde qui ressemblerait au nôtre s’il n’était pas si axé sur les machines à vapeur, si l’Amérique n’était pas un empire, si elle n’était pas déchirée entre deux tendances religieuses, si les chats n’avaient pas disparu au début du siècle (quelle tragédie !), si les inventions volantes de de Vinci n’étaient pas appliquées au quotidien (et en particulier pour la chasse aux dragons) et si les sorcières n'existaient pas !
Sans surprise, je vous annonce que Mary Campbell est quelqu'un de particulier. Sortant tout juste du couvent où elle a grandi, cette jeune fille, en découvrant le monde, va se découvrir elle-même et réaliser qu’elle en sait très peu sur son identité. Elle semble être au cœur d’un complot d’une envergure monumentale – mais comment une jeune innocente comme elle peut-elle être le centre d’une intrigue impliquant le gouvernement et Dieu lui-même ?
C’est la réponse à laquelle va répondre La Malédiction d’Old Haven…

En bref, c’est un décor bien sympa, mystérieux et surprenant, qui mêle l’univers steam punk et les créatures surnaturelles dans un ensemble assez harmonieux. Mon seul bémol est le nom de la capitale de l’Amérique : Gotham. Gotham comme Gotham City ? Franchement, pourquoi ne pas avoir opté pour une ville réelle, ça me fait penser à Batman à chaque fois !
L’histoire, elle, avance lentement, mais sûrement. Il y a bien quelques temps morts, mais je ne me suis jamais vraiment ennuyée pendant cette lecture : il y a toujours une révélation qui vient à point. On en apprend plus sur la « magie », sur le passé d’Old Haven, l’Obscur, les grands-parents de Mary…

Mais malheureusement, je n’ai éprouvé aucune affection pour les personnages – en particulier l’héroïne.
Pour commencer, je trouve étrange que l’auteur ne lui ait donné que dix-sept ans. Elle se comporte comme quelqu'un de très mûr et affirmé (quand elle arrive à Old Haven, elle réclame à avoir le droit de construire sa propre maison en un endroit inhabituel et contre l’avis du pasteur), et elle a eu le temps d’enseigner pendant trois ans au couvent où elle a grandi. Ça veut dire qu’elle a commencé à faire cours à 14 ans ? Parfaitement improbable ! L’image mentale que j’ai d’elle est celle d’une fille de 20 ou 21 ans – au moins !
D’autant plus qu’elle se comporte comme une garce envers Caleb et Usher ! Je l’ai trouvée exagérément agressive envers l’un et particulièrement injuste envers l’autre. Elle n’en fait qu’à sa tête – c’est pareil avec Philip, elle lui donne des ordres et le congédie d’une manière brutale : « Je reste ici. ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est une femme qui sait ce qu’elle veut
Par ailleurs, sortant du couvent, ne serait-elle pas supposée être une jeune demoiselle naïve et manipulable – et prude ? C’est peut-être un simple préjugé de ma part, mais je trouve que c’est une sacrée contradiction avec le caractère que lui dépeint Fabrice Colin.
Pour finir, l’auteur a fait le choix d’une narration à la première personne (la plupart du temps). Nous sommes donc supposés, nous lecteurs, entrer dans la tête de Mary afin de ressentir ses émotions. Or, c’est une plume bien neutre que j’ai trouvé là. Beaucoup de ressentis passent à la trappe… Il manque quelque chose.
Mais l’avantage, c’est que notre héroïne ne perd pas beaucoup de temps à se lamenter sur son sort…

J’ai beaucoup plus aimé le personnage de l’Empereur, plein de contradictions : il est religieux fanatique, obsédé par le bon et le bien, et pourtant, au nom de cette bonté et de son Dieu, il massacre des familles entières sans aucun remords. Il chasse les sorcières et les impurs, mais c’est pourtant d’une sorcière dont il a besoin pour atteindre son objectif final !
C’est en même temps quelqu'un de très mystérieux : on ne voit jamais son visage, on ne sait pas comment il est monté sur le trône, il semble avoir un lien particulier avec le pasteur Caleb (mais comment deux hommes n’appartenant pas à la même religion et n’ayant pas du tout le même statut social peuvent-ils avoir un lien ?), et on ne sait pas comment il a obtenu ses pouvoirs.

En bref, je revois à la hausse la note que j’avais attribuée à ce livre – mais pas trop quand même. L’écriture est belle, l’histoire est bien ficelée et le décor assez original ; mais vraiment, Mary n’est pas ma tasse de thé.

Un dernier petit mot sur la couverture, que je trouve très belle : maintenant que j’y réfléchis, je trouve qu’elle reflète bien l’ambiance du roman. Il y a un côté immobile et contemplatif dans l’écriture de Fabrice Colin, et la magie se fait discrète, à l’image de ces fleurs qui poussent sur le tronc de l’arbre (enfin, au début surtout, après cela devient beaucoup plus explicite). Le personnage de Mary, au centre de l’image, est mystérieux : il semble nous défier du regard tandis qu’il fait acte de sorcellerie. Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de mystères qui planent autour de cette jeune fille.
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