Tu aimerais savoir comment le monde se débrouillera sans toi ? Eh bien, je vais te le dire. Les choses suivront leur cours. Les gens pleureront, puis ils panseront leurs plaies et ils se remettront à vivre. Ils t'oublieront, tu peux en être certain. Bientôt, et à moins que tu aies accompli de ton vivant une chose absolument extraordinaire, il ne restera plus sur Terre que quelques personnes pour se souvenir de toi. Et puis, un jour, il n'y en aura plus une seule. Tu disparaîtras, définitivement. C'est là une loi immuable.
"- Entendons-nous bien: je ne crois pas avoir jamais été quelqu'un de spécialement néfaste. Mais quand je songe à ce qu'est mon existence, le premier mot qui me vient à l’esprit est "futilité". Comme beaucoup de gens de mon espèce, j’attends tout du monde et je pense ne rien lui devoir. En fait, vous savez quoi ? Il m'arrive souvent, ces derniers temps, de me demander si je ne suis pas mort que par hasard? Si le destin ne s'est pas montré un brin ironique en arrêtant son doigt sur moi."- Page 10.
Voyager dans le temps est l'expérience la plus complexe et la plus émouvante qu'on puisse imaginer. Rien ne se compare à cela. Rien ne s'en approche.
Il m'est impossible de savoir ce qui attend Rain et son père parce que le monde lui-même l'ignore. Si le destin est un vieil homme voûté lisant l'avenir dans un grimoire, alors les dernières pages sont vierges.
Soulager la peine de ces gens est une tâche impossible mais je peux au moins m'assurer qu'ils vont s'en sortir. J'ai besoin de m'en assurer.
Sur le bord du gouffre dansent des flammes minuscules. Nous volons vers elles. Ce sont les torches des Égarés qui célèbrent mon retour.
La vie est un océan de solitude, voilà tout. Les gens s'en sortent comme ils le peuvent, c'est-à-dire mal.
Si une chose est interdite, me dis-je, c'est qu'elle est réalisable.
Une main posée sur ma nuque, elle m'attire à elle et effleure mes lèvres de la pointe de sa langue. Nous respirons par à-coups, frémissant. Mes dernières résistances se sont évaporées. Scarlett recule en riant, fait passer sa tunique par-dessus ses épaules. Deux petits seins fermes et blancs se dévoilent.
L'avenue de Breteuil, elle, n'a guère changé. Sur le terre-plein central, une plaque de marbre noir toise le silence. Des dizaines de noms y ont été gravés. Des gens nés au XXe siècle, ou plus tard, mais tous morts le même jour : 24 octobre 2026. "Début de la guerre d'Europe", précise le panonceau.