Cette BD est une splendeur : en noir et blanc, un trait qui a l'air grossier au point d'évoquer la gravure sur bois. Et la succession des vignettes comme une suite de plans cinématographiques. Résultat : la plupart des planches sont tout simplement magnifiques.
L'histoire est forte et plutôt complexe, déployée sur 150 pages et six chapitres. Elle nous présente une galerie de personnages impressionnants, qui se croisent et peuplent aussi quelques flashbacks. Il y pas mal de cynique brutal, mais aussi de l'humanisme.
Histoires de jagunços, comme une digne suite de Diadorim ; histoires de susceptibilités résolues au couteau (ou autres armes), comme un prolongement des gauchos de
Borges ; histoires du petit peuple du Sertao, comme des chapitres perdus de la guerre de la fin du monde.
On est ainsi entrainé dans un monde frustre, encore épique, mais où quelques traits de modernité commencent à affleurer, notamment le point du vue du journaliste qui est le fil rouge du récit ou encore le refus répété du mysticisme facile.
Bref, c'est du grand art.
Et comme apparemment rien d'autres de ces deux auteurs Brésiliens n'est paru en France, on se demande à quoi peuvent bien penser les éditeurs...