Citations sur Passeurs de mort (8)
La mort n'est pas qu'une marche ratée, un silence entre deux notes, un cri perdu sur la banquise.
La mort n'est pas qu'une idée.
La mort est un monde. Des gens en font profession. il existe une entreprise, un système, une procédure.
Rendez votre ultime soupir et quelqu'un se trouvera là, à votre chevet, téléphone en main: un homme ou une femme en costume gris, que vous serez seul à voir, que vous ne connaîtrez pas.
Vous ne savez rien de la mort. Ce moment où la vie quitte votre corps comme un oiseau s’envole pour se dissoudre dans le blanc des nuages : quand il arrive vous êtes tel un enfant.
Alors vous imaginez. Que tout devient sombre, aveuglant. Qu’une porte s’ouvre, qui sait ? Qu’une main se tend, qu’un visage paraît.
La mort est le seul mystère qui concerne chacun d’entre nous ; notre ignorance à son sujet est pourtant totale.
Mais voici qu’une ombre s’avance tandis que l’éternel poème de la nuit envahit pensivement New York. Voici qu’une silhouette glisse sur les eaux sombres de l’East River, un coup de pagaie après l’autre. Cette ombre, c’est moi et, ce soir, je suis votre messagère. La fille qui sait des choses que tous les autres ignorent.
La mort n’est pas qu’une marche ratée, un silence entre deux notes, un cri perdu sur la banquise. La mort n’est pas qu’une idée. La mort est un monde.
Ce que tu as vu sur l'écran, c'était la Mort. Disons: une représentation. Une énergie, une présence, qui se manifeste quand la vie d'un homme touche à son terme. La Mort se nourrit de ces moments. En échange de quoi, elle guide les défunts. [...] La Mort s'ennuie, elle veut... Elle a besoin de ressentir la vie. [...] La Grande Faucheuse. Izanami, Mictlantecuhtli, Odin, Yanluowang, Anubis, Thanatos, etc. Toutes ces représentations. Toutes ces peurs. Et sur terre, nous La Mort en chair et en os.
Elle bat des cils. La première fois qu’il m’a parlé d’elle, mon oncle m’a dit qu’elle ressemblait à un renard égaré, avec le monde dans le rôle des phares de voiture. Bien vu.
L’Incarnation. Les pouvoirs. Soudain, vous êtes quelqu’un d’autre. Soudain, la réalité la plus abstraite au monde devient la vôtre. Vous n’êtes pas devenus la mort, non : vous êtes devenus ses serviteurs, ses hérauts anonymes. Et puis un jour, une petite fille frappe à votre porte et l’histoire s’achève. Vous avez la très désagréable sensation que quelque chose s’est servi de vous.
Cheryl, pauvre Cheryl. Personne, parmi tous les gens réunis ici, ne connaissait mieux oncle George. Elle a eu une liaison avec lui, il y a onze ans : une histoire brève et orageuse – l’autre nom de l’amour. Je ne garde que des souvenirs heureux de cette période, des images joyeuses. George et papa ne s’étaient pas encore fâchés à mort, alors, et je croyais au printemps éternel, j’ignorais qu’une famille pouvait se déchirer plus facilement qu’une feuille de papier avec plein de petits cœurs dessus.
Je hume l’air du large. Ce n’est pas vrai, ce que j’ai dit sur la nuit. L’été ici n’a rien de banal. « Juste un ciel piqueté d’étoiles », ça n’existe pas. Ce ciel, ce monde, c’est tout ce que nous avons.
Je pensais qu’on ne pouvait pas nous voir. Je me trompais. Nous sommes chacun d’un côté du miroir. Chacun persuadé d’être du bon côté.