J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre qui, au départ, multiplie les points de vue, à des époques différentes. Puis les éléments se mettent en place et l'intrigue se clarifie. On se laisse alors porter entre le présent et le passé, et aussi entre les points de vue interne de l'homme victime du syndrome d'enfermement et celui extérieur de ceux qui le soignent. le traumatisme neurologique dans lequel il végète est fascinant et dès lors une question ne nous quitte plus : qu'est-il arrivé à cet homme pour qu'il finisse dans un tel état ?
C'est lui-même qui nous l'explique en remontant dans ses souvenirs. Une plongée passionnante dans le monde du rock à partir de la fin des années 50 (avec des clins d'oeil à tout plein de grands groupes qui en sont encore à leurs débuts, comme les Beatles, les Rolling Stones, Pink Floyd...), et surtout du mode de vie qui lui est indissociable : concerts démentiels, alcool à gogo, drogues dures et filles faciles. Cependant ce roman ne parle pas que de musique : l'auteur évoque les tensions politiques de l'époque (comme la crise de Cuba) et les craintes liées à la guerre du Vietnam. Enfin, l'enquête informelle d'un journaliste sur la mort mystérieuse des membres du groupe Pearl Harbor donne un côté polar à l'ensemble. La thématique de cette dernière m'a fait penser au roman de
Thilliez, «
Le syndrome E », sauf qu'il ne s'agit pas de manipulation d'images mais de sons : « Etait-il possible de glisser dans un disque des messages ou des sons que notre oreille n'entendait pas, mais que notre cerveau pouvait décoder ? Ces messages pouvaient-ils traverser notre conscient, atteindre notre subconscient et influencer nos comportements ? ».
Un roman aux multiples entrées, donc, et pourtant je n'ai pas pleinement accroché. Je pense que le récit aurait gagné à être condensé. Les déboires musicaux noient un peu l'enquête, et on se demande longtemps où l'auteur veut en venir. J'ai trouvé que de manière générale, il diluait trop l'intrigue dans les détails, comme s'il souhaitait faire la peinture nostalgique de cette époque – mais alors pourquoi superposer une dimension policière ? Même l'enquête, j'ai trouvé qu'elle traînait un peu en longueur, entrant trop dans le fastidieux de l'investigation. C'est dommage, parce que objectivement, tous les ingrédients étaient réunis pour faire un excellent roman.
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