Lu à sa parution, il y a trente ans et rouvert ce mois-ci à l'occasion d'un "challenge" entre amies.
Naturellement, trente ans de vie s'étant écoulés, mon appréciation sur ce livre - plutôt enthousiaste à la première lecture - s'est bien attiédie à la seconde.
Dans un premier temps, je dirais que, si dans le fond il est toujours plus ou moins d'actualité, dans la forme il est quelque peu dépassé.
Ensuite, je pense que Christiane Collange est dans l'erreur quand elle parle des ados sur un plan général car ces ados sont en premier lieu les siens et en second, ceux de ses amis : journalistes, écrivains, médecins, cadres supérieurs... En clair, des ados dont les parents jouissent d'une certaine aisance financière et peuvent, de ce fait, se permettre des comportements abusifs, immatures et superficiels.
Son argumentaire est illustré d'exemples tels que :
- ils sont capables d'engloutir tout le budget habillement d'une saison dans un seul pull avec l'argument "mais il est en cachemire !"
- "Comment, tu as vendu tes chaussures de ski ? C'est de la folie, elles n'avaient même pas deux ans. Tu ne crois quand même pas que je vais t'en racheter !" et elle conclut par : Si, il le croit. Et en fait, il a raison.
- "Mon fils est inoui, s'étonne un père d'étudiant en informatique, il m'a expliqué qu'il aimerait bien vivre seul mais qu'avant de chercher un logement, il fallait que je m'engage à lui payer son loyer, son gaz, son électricité, son téléphone, son assurance et ses impôts locaux pendant au moins deux ou trois ans."
Vous qui êtes une femme intelligente et attentive à notre société dans son ensemble, n'avez-vous pas le sentiment, Madame Collange, que ça fait un peu petits tracas pour gros bourges, tout ça ?
Parce que, ne vous en déplaise, la majorité des ados :
. ne dispose même pas de la valeur d'un pull en cachemire pour son budget habillement d'une saison et, quoiqu'il en soit, a un rapport à l'argent un peu plus cohérent.
- n'a pas de chaussures de ski à revendre pour la bonne raison qu'il n'en a pas, vu qu'il a rarement, voire jamais, l'occasion d'aller aux sports d'hiver. Alors, chaque année, dès les premières neiges... pensez donc !
- quant au troisième exemple... j'en tombe de ma chaise et pense sincèrement que votre ami est aussi "à l'ouest" que son fils.
Non, décidément non, nous ne vivons pas dans le même monde, n'avons pas les mêmes ados ni les mêmes problèmes. Ces ados trop gâtés et leurs parents dépassés ne représentent pas la majorité, contrairement à ce que vous croyez. Car vous le croyez et en êtes même convaincue, comme le démontre cet extrait :
"Certains parents vont hausser les épaules à la lecture de ces exemples : chez eux, les jeunes marchent encore à la baguette, ils respectent les chaînes Hi-Fi et les horaires, ils cèdent leur place aux dames et avalent leur soupe même s'ils lui trouvent un goût de grimace. Je suis convaincue qu'ils sont de bonne foi et ne nourrissent aucune illusion sur la perfection de leur mode d'éducation. J'affirme simplement qu'il s'agit d'êtres d'exception, qui peuvent se considérer comme privilégiés."
Loin de moi l'intention de faire du misérabilisme car je reste persuadée que toutes ces considérations matérielles n'entrent pas en ligne de compte pour assurer l'épanouissement d'un adolescent dès lors qu'il a le nécessaire pour vivre décemment. Je ne prétends pas, non plus, que les classes sociales modestes ont l'apanage du bon sens en ce qui concerne l'éducation de ses jeunes. Mais je maintiens que les ados et leurs parents dont vous faites état ont des problèmes qui ne sont pas "audibles" par la majorité d'entre-nous.
Cela dit, c'est essentiellement cette "généralisation" qui m'a dérangée dans votre plaidoirie car vos revendications sont plutôt légitimes et, dans l'ensemble, bien exposées dès lors qu'elles se cantonnent à une classe sociale bien particulière, la vôtre.
Commenter  J’apprécie         136
Une pépite loin d'être imaginée (cachée tout au fond, derrière les Christian Jacques, spécialiste de l'Egyptologie un des mentors de la vaste culture de ma mère, entre autres...exposée pleine face sur les rayonnages, au détriment de la talentueuse Christiane Collange, ma trouvaille du jour! mais dans un autre domaine nettement sensible quand il s'agit d'aimer, tout aussi culturel.
Les pauvres mères!! en occurrence la mienne! et puis celle que je suis devenue à mon tour en me posant des myriades de questions obligées cette fois-ci , puisque la découverte de ce livre m'a surprise, tant ma mère semblait au dessus de tous soupçons, en tout cas ne remettant jamais son statut de mère aimante, et surtout aimée, par nature on esquive le dilemme provoqué, si de mémoire nous en avions discuté d'un sujet tabou coincé par l'éducation reçue de sa propre mère proféré dans la bouche de la mienne. La remise en question brutale d'un coup! suis-je aimée de mes enfants? Ai-je vraiment aimé ma mère? Françoise Dolto aurait-elle raison quand elle écrit que les enfants n'aiment pas leur parent? ce livre paru en 1985 fait toujours débat en 2019 et continuera de faire débattre dans les générations futures.
Commenter  J’apprécie         30
Même si ce livre est écrit d'une façon assez fluide il n'en reste pas moins décevant. En effet, il ressemble plus à une plaidoirie d'une mère ayant eu des difficultés dans l'évolution de la jeunesse de ses enfants plutôt qu'un réel échange de points de vue entre enfants et parents. Ici cette mère ne se remet pas réellement en question, car même si parfois elle a des interrogations elle ne se rend jamais coupable à la fin de cette interrogation et rend toujours "coupable" la société, les générations passées, et forcément ses enfants.
Commenter  J’apprécie         60
Encore une critique rédigée des mois après lecture. Il ne me reste que peu de souvenirs des détails de l'histoire qui ne m'a donc pas marquée...
J'ai souvenir du récit de l'adolescence du point de vue d'une mère qui se permet de critiquer la sacro sainte place que l'on fait à ses propres enfants dans son existence, au détriment parfois de son bonheur et de son épanouissement personnel (parfois).
Quelques vérités dans ce témoignage d'une parentalité qui commençait à évoluer doucement vers plus de bienveillance envers les enfants mais aussi leurs parents ...
Commenter  J’apprécie         00
page 38 " Du moment qu'elles accomplissaient leur DEVOIR en assurant la santé physique et la formation intellectuelle et morale de leurs enfants, elles pouvaient allégrement les contrarier, étouffer leur créativité, leur imposer des rythmes de vie et des pratiques religieuses qu'ils détestaient, réprimer leur sexualité, négliger leurs besoins élémentaires de tendresse, ignorer leur moi profond.
C'était vraiment le bon temps des mauvais parents, même si les gosses n'étaient pas tous les jours à la noce !"
page 112 " Retravailler, reprendre des études, refaire un nouveau couple, redécouvrir les joies de l'amitié ou les plaisirs d'un art un moment délaissé, retrouver du temps libre pour rattraper le temps perdu : la décennie 40/50, pour les mères, est le moment de la deuxième chance. Celle qu'il ne faut pas gâcher : après il sera vraiment trop tard pour les projets, il ne restera que les regrets. "
Christiane Collange "Sacrées grands-mères!" aux éditions Laffont.