J'ai eu un peu de mal à lire ce livre. Il est vrai que je l'avais emprunté pour ses photos, souvent bien belles dans ce grand format (20 par 30 cm environ).
Les images sont classées par chapitre thématiques, sans beaucoup d'imagination, et tous les thèmes classiques sont abordés : les éléments, la nature, les hommes et leurs activités. J'ai surtout aimé (comme souvent) les lumières et leur exaltation de couleurs parfois rares, parfois classiques (oui, levers et couchers de soleil sont rouges en montagne aussi).
Au moins une photo étonnante m'a pris aux tripes que plutôt que dans un sourire classique devant une belle image : page 98, Madame Rubin, bras nus et musclés, en robe de ferme et souliers à perles, penche sa chevelure grisonnante au-dessus de la toile grâce à laquelle elle extrait la masse énorme du fromage d'une stupéfiante marmite en cuivre.
Quant aux textes, je me suis forcé à les lire, mais j'apprécie peu le discours écolo et "authentique" tendance c'était mieux avant. Il y a pourtant quelques idées qui donnent à repenser, et un peu d'humour parfois.
Un dernier mot pour souligner que sous le titre "Alpes", il ne faut pas oublier de lire la restriction "Mont-Blanc, Valais; Val d'Aoste". Ce qui m'a causé une autre déception : pas de paysages à découvrir.
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Un beau livre de photos en couleur sur les Alpes, ses montagnes et ses habitants. Quelques textes intéressants viennent compléter les photos.
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Au sixième jour - ou quelques millénaires plus tard - Dieu aurait créé les lacs. Il a eu la main heureuse pour les montagnes. Plus près de nous, les bâtisseurs ont parachevé l'œuvre grâce aux barrages, sans avoir la même touche artistique. En altitude, les lacs, réserves d'eau pure, ont permis aux paysans d'abreuver les bêtes à la saison de la vie en alpage. Ils ont même, si l'on en croit certains auteurs, assuré la sauvegarde de populations entières en période de sécheresse : à l'un des bouts des Alpes, les gravures du mont Bégo expriment une reconnaissance aux dieux qui pourrait dériver d'une situation de ce type.
La neige elle-même se plie aux caprices de la circulation des masses d'air dans l'atmosphère. Celles-ci n'ont certes pas encore compris le rôle social qu'elles étaient amenées à jouer, elles rechignent, depuis quelques années, à se mettre en mouvement au bon moment. La désolation s'empare de la montagne. Les puits de l'or blanc se tarissent. [...] Les touristes, marqués par la mode, fuient ce monde qu'ils n'ont jamais cru hospitalier, pour s'abriter à l'ombre des cocotiers tropicaux.
"Mais quand je fus sur le sommet inondé de soleil, avec les brumes au-dessous de moi, en vagues ondoyantes, une joie sans bornes chanta dans mon cœur et envahit mon corps. Et l'ivresse de cette heure, passée là-haut à l'écart du monde, dans la gloire des hauteurs, pourrait suffire à la justification de n'importe quelle folie"
(G. Gervasutti, Montagnes, ma vie)
La palme, en Valais, revient à la "chenegouda", cette créature polymorphe et étrange, reconnaissable au tintamarre qui l'accompagnait la nuit venue, hantait encore les mayens de Pensec en 1928.
Sans doute éprouvait-il ce besoin vital de "wilderness", d'un espace où l'homme ne fait que passer, sans chercher à le transformer ni à le coloniser.
Traces écrites, chroniques alpines. Le nouveau livre de François Labande aux Éditions Guérin.