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EAN : 9782356600387
144 pages
Editions Pimientos (08/03/2013)
3.67/5   3 notes
Résumé :
L'objet du livre ? - Prendre la mesure de la pensée raciste dans la littérature française. L'incroyable de l'affaire ? - L'étendue des dégâts ! Racisme à plusieurs étages, si l'on veut. Celui qui agit par mimétisme, par répétition des âneries qui traînent dans l'air du temps ; c'est le cas de Stendhal, d'Hugo par exemple. Racisme mû par la haine, par la méchanceté, et qui préfigure les drames du xxe siècle : c'est le cas de Daudet, de Loti, des frères Goncourt.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'auteur de ce livre dresse une liste non exhaustive d'extraits d'ouvrages de grands écrivains français du XIXème siècle ayant comme point commun d'être doté d'une forte charge raciste ou antisémite. Les plus dubitatifs parleront du contexte historique favorable à ce genre de dérive, les autres prendront exemple sur ces écrivains qui n'ont jamais succombé aux sirènes de la facilité de récupérer tous les plus ignobles préjugés de leur époque.

Il épingle en flagrant délit de bêtise le philosophe Proudhon ou dans une moindre mesure Baudelaire, en rapport à son poème judicieusement intitulé « Une nuit que j'étais près d'une affreuse juive », il est dommage que l'auteur n'ait pas mentionné cet extrait de ses journaux intimes : « Belle conspiration à organiser pour l'extermination de la Race Juive. » Était-il vraiment sérieux ou était-ce encore une de ses lubies de dandysme tyrannique ?

La palme de la stupidité revient à Alexandre Dumas, dans un récit de voyage en Algérie. Son sentiment de supériorité face à la population autochtone d'Algérie s'en ressent à chaque ligne, allant même jusqu'à tenir de curieux propos sur les noirs, sachant que lui-même était métis. Mais il s'agirait peut-être ici d'un racisme de commande, étant donné que les frais de son voyage ont totalement été payés par l'État français, il n'y a qu'à voir comment il fait l'éloge, dès qu'il le peut, de la France.

Les caricatures des juifs (et aussi d'autres peuplades) étalées dans les livres de Jules Verne sont assez connus, donc pas besoin de revenir là-dessus.

Alphonse Daudet est l'un des antisémites les plus virulents référencés dans ce livre, n'hésitant pas à nommer un personnage juif, dans « Les lettres de mon moulin », Iscariote ! Idem dans Tartarin de Tarascon, n'étant point avare en clichés de toute sorte, faisant des noirs des idiots capables de manger du sparadrap ! Et dire que ses livres font partie de ceux qu'on étudie à l'école !

Les frères Goncourt sont, en ce qui concerne l'antisémitisme, de la même veine qu'Alphonse Daudet, surtout en ce qui concerne leur roman « Manette Salomon » tombé dans l'oubli au profit de leur journal qu'aimait lire le narrateur d' »A la recherche du temps perdu », un journal ponctué de quelques gouttes d'antisémitisme du genre : « Les juifs, les juifs seuls, sont capables d'actes d'une lâcheté inqualifiable et comme aucun chrétien n'est susceptible d'en commettre. ».

Victor Hugo, le grand humaniste, ancien monarchiste devenu socialiste par la force des choses, n'en sort pas franchement grandi, bien que dans son cas, le racisme soit inconscient voire latent, il est en effet peu aisé d'échapper aux idées prédominantes de son époque. Dans son discours sur l'Afrique par exemple, il prononce cette phrase ambiguë quant à sa pensée : « Devant Dieu, toutes les âmes sont blanches. » Pourquoi les âmes seraient-elles blanches et pas noires ou jaunes ? Sa position au sujet du colonialisme est elle assez claire, les puissances industrielles comme la France se doivent de coloniser les pays africains dans un devoir de civilisation des peuples arriérés soi-disant pour la fraternité et non pour d'autres raisons.

Puis vient le tour de Pierre Loti et Maupassant dont le racisme est souvent mâtiné de misogynie, et le livre s'arrête quelques instants sur des contre-exemples avec Chateaubriand, Lamartine et son « Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute », Nerval qui voyagea jusqu'en Orient et, pour finir, le flamboyant Gustave Flaubert.

Les raisons de toute cette haine ? Elles sont assez simples : pour certains il ne s'agit que de récupérer tous les préjugés honteux de son époque à des fins purement mercantiles, pour d'autres ce ne sont que des convictions durement ancré en eux. Mais la raison peut être aussi que tous ces écrivains restent en fin de compte, malgré leur intelligence et leur grande érudition, des bourgeois amoureux de l'ordre et de la sécurité.
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Je ne suis pas partisan des inventaires systématiques de la littérature française qu'on a pu voir fleurir ici ou là et visant mettre au jour, notamment dans la littérature du 19ème siècle, siècle qu'on aurait pu croire plus éclairé que les précédents, les écrits racistes et antisémites d'auteurs connus et reconnus.
L'antisémitisme de plume s'est très largement déployé en ce siècle, quant au racisme à l'égard des Africains, les conquêtes coloniales africaines l'ont accentué alors même que le climat état à l'abolition de l'esclavage.
Toutefois, c'est avec un certain intérêt que je parcours ce livre présenté par Alexandre Hurel et non sans surprise en ce qui concerne certains "grands écrivains " qu'il ne me serait pas venu à l'idée de mettre dans le même panier que Gobineau avec sa hiérarchie des races ou Drumont avec sa haine forcenée des Juifs. Il en va ainsi de Daudet, de Dumas (le métisse !!), de Verne, de Loti, des frères Goncourt, de Proudhon et de bien d'autres.
Je crois, sans accorder plus d'importance que le phénomène ne le mérite, que ce type de travail est plutôt salutaire.

Il accroît notre lucidité (la mienne en tout cas), démasque des impostures, un peu comme le fait notre ami M. Onfray qui adore déboulonner des mythes (Freud, Alain, et bien d'autres...)

Pat
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Décidément je ne m'attendais pas à cette multiplication de reprises et d'extraits de textes de ceux des écrivains français les plus prestigieux, des éléments que l'on étudie rarement en classe ou en faculté. L'inventaire est terrible
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Contre-exemple

Lettre à George Sand, le 12 juin 1867
Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un camp de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j'en vois. -- Et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. -- Et j'ai entendu de jolis mots à la Prud'homme. Cette haine là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.
C'est la haine que l'on porte au Bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. -- Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m'exaspère.

Gustave Flaubert
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