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EAN : 9782213008127
236 pages
Fayard (12/09/1979)
4.3/5   5 notes
Résumé :
La Doctrine secrète de la Déesse Tripurâ a été composée en sanskrit, peut-être au Bengale, par un certain Haritâyana, vraisemblablement entre le Xe et le XVe siècle de notre ère. Sa " Section de la Connaissance " _ seule traduite ici _ expose une philosophie originale qui cherche à opérer la synthèse du Vedânta non-dualiste et de certains courants tantriques. Dans le cadre général formé par le dialogue d'un maître spirituel et de son disciple viennent s'insérer quan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre important pour aborder la vision non duelle: Il n'y a pas de "je vois" mais il y a vision, il y a être et vacuité.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Chapitre 18
Servitude et délivrance
(...) De même qu'un miroir, bien qu'unique, semble devenir multiple de par la variété des objets qui se reflète en lui, de même, la conscience pure, bien qu'unique, parait se revêtir de diversité. Considère que dans les rêves, l'esprit assume à lui tout seul les trois aspects de voyant, de vision et de chose vue. De la même façon, la pure conscience se manifeste sous une multiplicité d'aspects. (...)
L'esprit (manas) lui-même n'est pas autre chose que la pure conscience. Dans le rêve l'esprit, considéré en tant qu'instrument servant à produire certains effets, est purement fictif, eh bien, il en va de même dans l'état de veille. (...)
De ce point de vue, l'espace et le Soi conscient se ressemblent, bien que la conscience, à la différence de l'espace, soit à elle-même sa propre lumière. Pour le reste, leurs caractéristiques sont identiques : plénitude, subtilité, pureté immaculée, absence de naissance et de contour propres, infinitude, rôle de support universel, absence d'attaches, présence à l'extérieur et à l'intérieur de toutes choses. La seule différence est que l'espace ne pense pas, autrement il serait parfaitement légitime de l'assimiler à la pure conscience. (...)
La suprême Déesse est la conscience en sa forme universelle. Essentiellement lumineuse, elle se distingue de tout ce qui est matériel. Elle repose en elle-même, forme accomplie du "Je". (...)
L'espace en effet, n'est pas autre chose que la dimension du Soi selon laquelle il se présente (fictivement) comme dépourvu du "je pense". (...)
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Le maître Dattātreya répondit : « Écoute, Rāma, je vais te dire ce qu'il en est de l'univers visible. De part en part, il n'est qu'aperception pure (drśimātra). Sois maintenant attentif à ma démonstration. Le monde sensible a la nature d'un effet parce que l'on assiste à sa naissance. Par « naissance » (utpatti) on entend ici la manifestation de quelque chose de nouveau. Or le monde se présente d'instant en instant comme nouveau. Il renaît donc à chaque instant. Certains pensent qu'il se renouvelle totalement d'instant en instant. D'autres le voient comme un assemblage de réalités particulières dont les unes seraient fixes et les autres mouvantes. Mais, en toute hypothèse, il est avéré que ce monde a eu une origine. Et il n'est pas permis d'invoquer ici « l'évolution spontanée des choses » (svabhāva) car ce serait justement vouloir trop prouver. On établit la corrélation nécessaire de telle cause et de tel effet en constatant que leur présence et leur absence vont toujours de pair, et c'est sur cela que repose l'efficacité de toute action. Comment donc croire que l'univers est le produit d'un hasard ? Là où n'apparaît pas de cause visible une cause invisible doit être inférée. C'est là une pratique courante et partout reconnue comme légitime. (Inversement), si, dans la plupart des cas, l'effet apparaît en même temps que sa cause, il a lui aussi, lorsqu'il n'apparaît pas, à être inféré d'après un modèle fourni par ceux des effets qui peuvent être observés. Faute de cela, notre vie quotidienne à tous s'abîmerait dans la contradiction. Toute chose, donc, a une cause et chacun, en présence d'un effet quelconque, en recherche la cause. C'est pourquoi l'hypothèse de l'évolution spontanée des choses est à rejeter.

Certains croient que l'univers résulte de l'association d'inconsistants atomes (anu). Mais un tel effet serait alors différent de sa cause et devrait être considéré (en cas de dissociation des atomes) comme absolument anéanti. En effet, l'unité de l'être et du non-être, chose contradictoire, ne se rencontre jamais. Le jaune n'est jamais non-jaune ni la lumière non-lumière : leur unité serait contradictoire et impliquerait le mélange des natures opposées. A supposer que l'on veuille ici faire intervenir le Seigneur, comment son « Fiat » pourrait-il donner aux atomes la chiquenaude initiale ? Et si l'on suppose que l'état originel de l'univers est la Nature (prakrti) reposant dans l'équilibre mutuel de ses attributs (guna), c'est en vain que l'on se mettra en quête d'une cause de leur déséquilibrage (lors de la création) et de leur rééquilibrage (lors de la dissolution cosmique périodique). Une telle Nature a besoin – comme tout ce qui est non pensant – d'être dirigée par une conscience et l'expérience ne présente jamais l'exemple du contraire. On ne peut donc assigner à l'univers aucune cause visible.

Quand une chose est au-delà de toute expérience, c'est la Révélation qui doit fournir le fondement de sa connaissance, puisque les autres moyens de connaissance n'ont (par définition) aucun accès à elle. La simple connaissance humaine, en tant qu'elle est mise en œuvre par des sujets finis, est toujours susceptible d'être remise en question. Si enfin l'on observe que la séparation de l'agent et de l'effet se rencontre souvent dans l'expérience, on conclura que cet univers a un Auteur qui est en même temps une Conscience. Or, cet inimaginable (acintya) univers ne saurait avoir pour Auteur un être ordinaire, et la Révélation – qui ne se contredit jamais et transcende tous les autres moyens de connaissance – le décrit justement comme infini et en possession d'inimaginables pouvoirs. Elle en parle ainsi comme du Grand Seigneur antérieur à toute création qui, poussé par la surabondance même de sa liberté (svātantryabharavaibhavāt) et sans recourir à de quelconques matériaux, se plaît à faire apparaître sur l'écran de sa propre conscience l'image de l'univers. De même qu'un homme assume en rêve un corps issu de sa seule imagination, de même le Seigneur se donne-t-il cet (univers) pour corps. De même que ton (« véritable ») corps ne constitue pas ton essence, puisque tu l'abandonnes en rêve, de même ce monde n'est pas le véritable corps du Seigneur, puisqu'Il l'abandonne lors de la résorption cosmique. Tu es une pure conscience distincte du corps et, pareillement, le Seigneur est la pure essence consciente, impérissable et dégagée du monde.

C'est donc a l'intérieur de Lui-même que se déploie l'image de l'univers. Où donc pourrait-elle le faire, puisque rien n'existe en dehors de Lui ? (chapitre XI)
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Ainsi, rien de ce qui est perceptible ne peut constituer ta forme propre car cela est éminemment modifiable. Tu n'es donc que la pure aperception, laquelle n'est jamais perceptible. Cette pure lumière, en elle-même toujours exempte des traits distinctifs des choses visibles, est comme irisée par la diversité multiforme que le corps, l'espace et le temps projettent fictivement sur elle. Écarte donc toute espèce de représentation synthétique et considère ce qui subsiste, à savoir la pure essence de la conscience, comme ton propre Soi. Ce dernier une fois repéré, il suffit de ne plus prêter attention au reste (le corps, etc.) pour que se dissolve l'inconnaissance, source de la transmigration universelle. La délivrance ne se trouve pas quelque part sur la terre, ni au fond du ciel ni dans les régions infernales. Elle est, pour chacun, le simple déploiement de sa forme propre, une fois suspendue l'activité mentale.
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La beauté féminine est certes la principale des sources de plaisir. Tous sont attirés et aveuglés par elle, même les savants. Mais considère attentivement, prince, ce qu'est en réalité le corps masculin aussi bien que le corps féminin, si attirant. C'est une cage faite d'os enduits de viande trempée de sang et tenus ensemble par des tendons. Une peau couverte de poils est tendue tout autour. A l'intérieur, on ne trouve que bile, phlegme et souillure d'excrément. Fabriquée à partir du sperme et du sang, elle est amenée au jour par le même passage que l'urine. Et c'est cela que l'on chérit ! C'est dans cet objet de dégoût que les hommes trouvent leur plaisir ! Quelle différence y a-t-il à cet égard entre un libertin et un ver ? Ô prince, ce corps qui t'est si cher, efforce-toi de l'analyser par la pensée, d'en considérer un à un les constituants essentiels. Ensuite, fais de même pour les aliments et leurs six saveurs, sucrée, acide, etc. Examine comment tout ce qui est ingéré se transforme en excrément. Ici le doute n'est pas de mise car c'est une vérité reconnue par tous. Dans ces conditions, dis-moi, comment peut-on en ce monde décider que ceci est agréable et cela désagréable ? »

En entendant ce discours, Hemacūda fut stupéfait, car tout cela était nouveau pour lui, en même temps qu'il se sentit gagné par un certain sentiment de désenchantement à l'égard des objets extérieurs. Il médita longtemps les paroles d'Hemalekhā et finalement, dégoûté des plaisirs, accéda à un complet détachement. Plus tard, il l'interrogea à maintes reprises et reçut d'elle la connaissance. Il réalisa la présence en lui-même de la pure conscience (citi) sous la forme de la Déesse Tripurā. Il comprit qu'elle constituait l'essence même de son être. Il devint alors un délivré-vivant qui considérait toute chose comme son propre Soi. Il communiqua la connaissance à son frère cadet Manicūda qui, à son tour, la communiqua à son père, (le roi) Muktācūda. Quant à la reine, elle l'obtint de sa belle-fille (Hemalekha). La connaissance se répandit ensuite chez les ministres et chez les citadins. Il n'y eut bientôt plus personne dans la cité qui en fût privé. La grande ville devint une véritable cité de Brahma. Toute trace de préoccupation mondaine y avait disparu et elle brillait d'un grand éclat dans l'univers. Même les perroquets et les perruches dans leurs cages ne cessaient de proclamer : « Adorez la conscience absolue qui est votre propre essence ! De même qu'il n'y a pas de reflet en dehors d'un miroir, et il n'y a pas d'objet de pensée (cetya) en dehors de la conscience. Elle est ce qui peut être pensé ; elle est chacun de nous ; elle est toute chose, mobile ou immobile. Alors que tout le reste est manifesté en dépendance de la conscience, elle-même se manifeste par sa propre liberté (svatantratah). Adorez donc la conscience qui brille en toute chose et soutient toute chose (dans l'être) ! Et que le regard de votre intelligence, toute illusion rejetée, se confonde avec la pure conscience ! »

Un jour, un groupe de brahmanes à la tête duquel était Vāmadeva entendit ces sublimes paroles prononcées par les perroquets. Considérant qu'une ville où les animaux eux-mêmes possédaient la connaissance méritait bien d'être appelée « cité de la connaissance » (Vidyānagara), il la rebaptisèrent ainsi. Et, aujourd'hui encore, elle est connue sous ce nom. Voilà pourquoi, ô Rama, la fréquentation des saints est à l'origine de tout progrès vers le Bien. C'est grâce à Hemalekhâ que tous, dans cette cité, purent acquérir la connaissance. Considère donc cette fréquentation comme le fondement même du salut. (chapitre IV)
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...ces mots, le fils du sage prit le prince par la main et fit avec lui le tour du rocher. Puis il dit : « Tu as vu ce rocher, prince ; il ne fait guère plus de deux krośa de tour et pourtant tu as découvert en son sein un monde immense. Ce monde était-il réel ou irréel ? Étais-tu éveillé ou plongé dans un rêve ? Dans ce monde à l'intérieur du rocher nous n'avons passé qu'une journée mais douze millions d'années se sont écoulées (à l'extérieur). Lequel des deux temps est vrai, lequel est faux ? Comment en décider ? Il y a là comme deux rêves différents.

Tu vois bien que le monde n'est que la croyance que nous projetons sur lui. A l'instant même où cette croyance disparaît il se dissout. Apprends donc, prince, que la vie n'est qu'un songe et cesse de pleurer. Comprends que dans tes rêves c'est toi-même qui te projettes sur l'écran de ta propre conscience, toi-même encore qui, dans la vie éveillée, te projettes sur l'écran de cette même conscience. Réalise que tu es pure conscience et rejoins au plus vite le plan de la suprême félicité. » (chapitre XIII)
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Vidéo de Michel Hulin
La querelle brahmanes-bouddhistes à propos du Soi Emission Sagesses Bouddhistes du Dimanche 26 juillet 2009
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