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EAN : 9782370550064
196 pages
Le Tripode (16/01/2014)
4/5   22 notes
Résumé :
" On dévore ce livre avec une hâte d'autant plus douloureuse qu'il est à la fois si mesuré et si tendu. Parfois on n'a plus l'impression de lire un roman, on jurerait que quelque chose vous arrive. Je croyais entendre la musique, sentir les odeurs, découvrir toutes ces rues et rencontrer tous ces gens et j'étais assailli sans cesse par l'étonnement même qui nous assaille si souvent dans la vie. (...) Peu importe ce que peuvent dire les sages de la Cité. Telle est Ne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Né dans le Missouri et élevé par ses grands-parents, lecteur avide dès son plus jeune âge, impatient de découvrir le monde, Charles Stevenson Wright (1932-2008) partait en stop toutes les semaines, dès quatorze ans, pour passer le week-end à Kansas City ou St-Louis. Débarqué à Manhattan à la fin des années cinquante, il travaille comme coursier au Rockefeller Center et fait des passes quand il n'a plus d'argent. «Le Messager» (1963) est le premier de trois récits autobiographiques de ses années new-yorkaises.

«Et les voilà qui passent, les voilà qui passent, ces joyeux tordus aux pas pressés, les employés de bureau. Ils ont trouvé leur niche dans ce monde et ils vont se démerder pour que vous le sachiez, que vous ne fassiez rien de stupide qui risque de détruire leur petit univers. Bourgeois jusqu'au trognon. Et voilà les miens, les gens de ma race, qui passent aussi comme autant de points noirs dans un champ blanc. Flot noir et blanc, voix perçantes et éraillées, comme celles de gosses rendus enragés par la faim. Gémissements du trafic embouteillé et hoquets de la ville nauséeuse. Non, non, je n'appartiens pas à ce qui défile là.»

Spectateur incisif de la vie, authentique et lucide, enrageant d'être seul, intégré nulle part à cause de la ségrégation et du racisme, de la pauvreté, et de son dégoût de la routine et des classes moyennes, il livre en chapitres brefs des chroniques de Manhattan, séances de tapinage ou de came auprès des gosses de riche et de la «haute» société, dans laquelle il pénètre grâce à sa belle gueule, spectacle d'une société de bourse un jour d'effondrement des cours à New-York, scènes tragi-comiques, sordides ou touchantes.

«J'ai toujours erré comme un fantôme mal assuré à travers le monde des Blancs.»

Toujours à la marge, Charles Wright dresse une galerie de portraits saisissante de cette ville où tout se côtoie dans l'indifférence ; prostituées, travestis, arnaqueurs ou gitans, ils semblent tous plus vrais que nature, de Claudia la Grande Duchesse, un noir junkie et travesti qui se transforme en «gonzesse du tonnerre», à Maxine la petite voisine, lutin effronté de sept ans qui rencontre Charlie «quelque part entre l'enfance protégée et la sauvagerie du monde adulte», et enfin celui de la grand-mère, paradis de l'enfance.

«Ma vie m'apparaissait aussi vide que celle d'un matou qui, après avoir traîné dans trop de ruelles, n'y aurait rien amassé de plus que le bagage d'une putain.»

Un bagage en forme de récit, cabossé et solitaire, désespéré et drôle, une voix unique à découvrir enfin en français en Janvier 2014 grâce aux éditions le Tripode.
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Charles Stevenson Wright (1932-2008) est l'auteur d'une trilogie dédiée à New York dont « le messager », publié en 1963, constitue le premier volume. Un recueil de textes courts, à l'évidence très autobiographiques, où l'on navigue avec le narrateur dans les rues de Big Apple. Un narrateur dont le boulot de coursier lui rapporte moins de dix dollars par jour et qui habite, seul, dans un immeuble décati du nord de Manhattan. Un narrateur vivant parmi les arnaqueurs, les prostitués, les drogués et les travelos. Un narrateur métis au corps splendide et au cul superbe qui n'hésite pas à tapiner dans les bars pour améliorer l'ordinaire, se vendant au plus offrant, homme ou femme, blanc ou noir.


Ça parait glauque dit comme ça mais ça ne l'est pas du tout. Il y a au contraire beaucoup de lumière, une analyse lucide des rapports humains et une savoureuse galerie de personnages à la marge. Attention, ce n'est pas drôle pour autant, loin de là. Mais si je devais comparer « le messager » avec d'autres romans ayant décrit l'underground New Yorkais, je dirais qu'il se dégage de celui-ci davantage de mesure que chez Selby par exemple (exemple extrême, je vous le concède, tant la vision de Selby est apocalyptique). Ce que je veux dire, c'est que l'écriture est ici plus léchée, tout en retenue. J'ai lu des dizaines de bouquins de ce genre à l'époque où je m'injectait chaque jour de la littérature américaine en intraveineuse et j'ai retrouvé chez Wright la gouaille d'un Icerberg Slim, l'argot et la vulgarité en moins. J'ai retrouvé aussi la fougue et l'insouciance du cultissime « Basket Ball Diaries » de Jim Carroll. Je pourrais aussi citer Bruce Benderson, Jerome Charyn, Chester Himes ou Richard Price. Bref, je suis en terrain connu et j'adore ça.


C'est un petit régal si on aime le genre. Des découvertes comme celle-là, je veux bien en faire tous les jours.
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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J'ai adoré ce livre.
New York en 1963 raconté par un Noir (métisse, ça a son importance), coursier de profession, prostitué à ses heures, porté sur l'alcool et la drogue. C'est toute une faune new-yorkaise qui prend vie dans ces pages : laissés pour compte (prostituées au grand coeur, travestis, noirs avant les droits civiques) mais aussi privilégiés (vieilles dames riches, traders de Wall Street)....
Le livre se lit autant comme un témoignage sur l'époque (population de New York au début des années 60, situation des Noirs en Amérique avant les Droits civiques) que comme un ouvrage d'intuition, de poésie pure, quelque chose d'à la fois métaphysique et poétique. C'est en ce sens un objet assez unique.
Les évocations d'ambiances new yorkaises sont très réussies, les pages sur la guerre sont extraordinaires, tout comme celles qui évoquent la grand-mère du narrateur. A la manière d'une chanson de Billie Holiday (à laquelle le livre est dédié), tout cela est assez noir et pourtant pas du tout déprimant, ce livre est d'une compagnie délicieuse. J'ai hâte de lire "Les Tifs" du même auteur.
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Né en 1932 dans le Missouri, Charles Stevenson Wright arrive à Manhattan à la fin des années 1950. Il travaille comme coursier au Rockefeller Center et fait des passes quand il n'a plus d'argent. le Messager (1963) est le premier roman de sa trilogie romanesque dédiée à New York et à ses marges. En grande partie autobiographique, ce récit dresse une galerie de portraits de marginaux, prostitué(e)s, gitans, travestis, drogués qu'il côtoie dans une ville gangrenée par le racisme et la pauvreté.

James Baldwin dira : "On dévore ce livre avec une hâte d'autant plus douloureuse qu'il est à la fois si mesuré et si tendu. Parfois on n'a plus l'impression de lire un roman, on jurerait que quelque chose vous arrive. Je croyais entendre la musique, sentir les odeurs, découvrir toutes ces rues et rencontrer tous ces gens et j'étais assailli sans cesse par l'étonnement même qui nous assaille si souvent dans la vie (...). Peu importe ce que peuvent dire les sages de la Cité. Telle est New York..."
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Note 4134
Habitation 4 : la débrouille, la misère, et les amours
Edification 1 : pas le sujet non plus
Emotion 3 : nos propres imperfections sont mises à jour
Style 4 : du Buchowski, en plus trash
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ma vie m’apparaissait aussi vide que celle d’un matou qui, après avoir traîné dans trop de ruelles, n’y aurait rien amassé de plus que le bagage d’une putain.
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Ce matin, je suis sorti de chez moi à onze heures et demie pour essayer de faire une passe en vitesse. Je portais un T-shirt et des blue-jeans étroits et délavés (l’uniforme des tapineurs, au même titre que le fameux complet de flanelle grise est l’uniforme des gens qui travaillent dans la publicité).
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Certains de mes amis disent que je la ramène, que je suis arrogant. Mais j’ai toujours été seul, et ce qu’ils prennent pour de l’arrogance, c’est une arme que j’ai forgée pour me protéger.
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Je commençais à prendre conscience d’un sentiment avec lequel j’étais peut-être né et qui ne me quitterait jamais. Le sentiment de ma solitude.
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La plupart des hommes et des femmes souffrent au-delà de leurs forces.
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Vidéo de Charles Stevenson Wright
Interview de Frédéric Martin, éditions Le Tripode à propos de Le Messager de Charles Stevenson Wright, édité en 1962 aux États-Unis.
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